L’homme politique Herman Yaméogo a déclaré vendredi devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, qu’il est « un cas typique d’erreur sur la personne » concernant le putsch manqué de septembre 2015.

Herman Yaméogo ne reconnait pas les deux faits pour lesquels il est poursuivi dans le cadre du putsch manqué de septembre 2015. A savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et coup et blessures volontaires sur 42 personnes.

« Il n’y a rien dans les faits contre moi. Si on doit me condamner pour mes opinions, je suis prêt à cela », a déclaré le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD).

L’accusé a expliqué qu’après la mise en place de la Transition, son parti s’est engagé dans une négociation avec d’autres partis politiques de l’opposition notamment l’ex majorité présidentielle, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) pour former une coalition en vue des élections de 2015 qu’ils voulaient inclusives.

Selon Herman Yaméogo, à l’approche des élections, le président du CDP Eddie Komboigo est venu le voir pour solliciter de leur part, lui et d’autres responsables de l’opposition, une collecte de fonds auprès de leurs connaissances à l’extérieur du Burkina Faso pour préparer les campagnes électorales qui devaient démarrer bientôt.

Herman dit avoir avisé donc Léonce Koné et Emile Kaboré qui ont des contacts en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays pour qu’ils réunissent quelque chose d’autant plus qu’ils prévoient de faire des listes communes avec le CDP lors des élections de 2015.

C’est pendant cette collecte de fonds auxquelles, ils s’attelaient que les événements du 16 septembre 2015 et jours suivants sont intervenus, a-t-il expliqué.

Aussi, selon ses dires, il a appris les rumeurs de l’arrestation des autorités de la Transition et du déroulement d’un coup d’Etat dans l’après-midi du 16 septembre 2015. Il a appelé Léonce Koné et Emile Kaboré qui se sont retrouvés chez lui avec d’autres personnes.

Sur place, chacun a passé des coups de fils mais ils n’ont obtenu aucune information, a-t-il affirmé.

C’est dans la matinée du 17 septembre 2015 que Herman Yaméogo dit avoir appelé le colonel-major Boureima Kéré qui lui a confirmé qu’il s’agit bien d’un coup d’Etat. Les propos de ce dernier seront confirmés par la suite par la proclamation du médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba.

Immédiatement, Herman Yaméogo dit que lui et ses collègues politiciens se sont concertés sur l’attitude à adopter. Lui a suggéré aux autres d’attendre parce qu’en pareille situation ce sont les auteurs du putsch qui viennent vers les partis politiques et non le contraire.

Malgré cette recommandation, quelqu’un parmi eux, dont il dit ignorer, s’est empressé d’appeler le général Gilbert Diendéré pour comprendre. Et ce dernier leur a donné rendez-vous à 17 heures à Kosyam.

Mis devant le fait, ils s’y sont rendus et le général Diendéré leur a expliqué les raisons du putsch.

Selon ses dires, ils étaient favorables au nouveau régime parce que ce dernier prenait en compte leurs revendications à savoir l’organisation d’élections inclusives auxquelles leurs partis politiques allaient participer.

Le général Diendéré leur a affirmé qu’il n’a pas l’intention de garder le pouvoir et qu’il va prendre contact avec toute la classe politique, a-t-il affirmé.

A l’arrivée des chefs d’Etats de la CEDEAO pour la médiation, et au cours de la rencontre avec ces derniers, Herman Yaméogo dit qu’ils ont égrené les difficultés qu’ils ont rencontrées depuis l’insurrection et la mise en place de la Transition.

Herman Yaméogo dit qu’il n’a plus pris part aux autres rencontres tenues car il est tombé malade le 19 septembre 2015.

Il a déclaré que c’est au cours de cette nuit, qu’Emile Kaboré l’a appelé pour lui dire que la collecte réalisée en Côte d’ Ivoire et dans la sous-région est arrivée.

« Que savez-vous de la déclaration de soutien au Conseil national de la démocratie (CND) ? », a demandé le parquet militaire.

« La déclaration correspond point pour point à l’analyse que nous faisions de la situation », a répondu l’accusé.

« Etiez-vous favorable au putsch ? », demande de nouveau le parquet militaire.

« De toute ma vie de politicien, j’ai toujours applaudi les coups d’Etats qui venaient mettre fin à l’injustice », a affirmé Herman Yaméogo.

Cependant, l’accusé précise qu’il est un démocrate et non un putschiste affirmant que « nulle part dans la procédure, on ne verra que j’ai fait un coup d’Etat ».

« Je ne tolèrera pas un pouvoir qui bafoue les droits de l’homme », affirme l’accusé.

Herman Yaméogo a refusé de répondre aux questions portant sur les messages de téléphones portables.

Selon lui, ses téléphones n’ont pas été saisis ni expertisés au moment de son arrestation. De même qu’il ne lui a pas été signifié l’organisation de l’expertise.

Son interrogatoire se poursuit le lundi 22 octobre prochain.

AIB