Dans le cadre du projet « autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel », la cité de Sya a abrité le 17 octobre dernier la cérémonie de lancement de la compétition dénommée « Je slame pour la Planification Familiale ».
Cette compétition qui entre en droite ligne avec la lutte contre les grossesses non désirées des jeunes filles, s’est également déroulée à Ouahigouya en attendant Tenkodogo, la troisième et dernière étape.

Ils ont été nombreux à avoir assisté le 17 octobre à la soirée de compétition, "Je slame pour la planification familiale" , à commencer par les représentants du projet
« Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel » (SWEED), le Réseau africain jeunesse santé (RAJS/BF), structure collaboratrice chargée de l’opérationnalisation de l’activité, les autorités de la ville ainsi que des acteurs du monde de la musique burkinabè dont la célèbre Idak Bassavé, les Playerz et les journalistes.
C’est l’espace Wara-Wara du quartier Dioulassoba qui a servi de cadre pour la cérémonie de lancement de la compétition « Je slame pour la PF » le 17 octobre dernier. Initialement informée et invitée par des canaux de communication de la ville, la population de Dioulassoba a répondu favorablement à l’appel de SWEED.
Hommes, femmes, enfants et des curieux attirés par les décibels de la sonorisation ont accouru pour ne pas se faire compter l’événement.
Il est 18 heures à l’espace Wara-Wara. Pendant que l’équipe technique s’attelle à faire les derniers réglages, des participants anonymes, pas très bien informés sur l’objet de la manifestation viennent aux nouvelles auprès des journalistes. "Tonton, il y a un monsieur qui était passé dans le quartier pour nous parler de ce qui allait se passer ici, mais j’avoue que je n’ai pas trop bien compris. Pouvez-vous m’expliquer ? », demande un jeune homme. "Cette cérémonie vise à faire la promotion de la planification familiale auprès de la jeunesse à travers le Slam », lui répond un confrère.
Pas trop satisfait de la réponse, il revient à la charge : « Tonton, planification familiale là, c’est quoi ? J’entends parler de ça mais je ne comprends pas ».

Pédagogue, notre confrère s’y applique :"La planification familiale, c’est l’espacement volontaire des naissances. Il s’agit pour le couple qui souscrit à une méthode de planification de décider combien d’enfants il souhaite avoir et quand il le veut », poursuit-il. « D’accord Tonton ; je comprends maintenant. Je vais me laver et je reviens" lance l’interviewer d’une soirée. En attendant qu’il revienne, le DJ de la soirée teste le matériel de sonorisation en diffusant des sons burkinabè. Une partie de la foule commence à esquisser des pas de danse. Les plus âgés quant à eux préfèrent suivre le spectacle de loin en attendant le début de la compétition de Slam.
Aux environs de 20h30mn, le maître de cérémonie entretient le public à travers des jeux concours sur l’importance de la PF et les différents méthode de la PF.
A chaque bonne réponse aux questions, le DJ offre un tee-shirt, ce qui attire de plus en plus de monde.
Dans cette ambiance festive, on profite pour tester les connaissances des jeunes sur la planification familiale et leurs responsabilités quand aux grossesses non désirées. Kassoum a 18 ans et ne comprend pas le terme PF. On le lui explique en bambara, la langue la plus courante à Bobo-Dioulasso. Apparemment convaincu, il trouve que c’est une bonne chose. « Moi je pense que lorsqu’on met des enfants au monde, il faut pouvoir s’occuper d’eux, mais certaines personnes le font et n’arrivent pas en s’en occuper », opine t-il.
La vingtaine bien sonnée, Salifou Dermé pense que les naissances sont un don de Dieu et que la PF ne peut pas empêcher une grossesse. « Si Dieu dit que tu dois tomber enceinte, tu vas tomber enceinte même si tu utilises toutes les méthodes de contraception à la fois ». Il confie être venu juste pour le Slam et espère pourquoi pas, rencontrer de jolies demoiselles.
Il est à présent 21h. La compétition, "Je slame pour la PF" va bientôt commencer. On présente les membres du jury et les critères qui permettront de départager les compétiteurs : le thème doit avoir un lien avec la PF, dans le but de sensibiliser la population sur le sujet, la diction, l’expression scénique et la réception du public.
Ils sont au total 6 slameurs à s’affronter devant la foule, sachant que seuls deux seront qualifiés pour la grande finale à Ouagadougou dans les semaines à venir. Le concours est maintenant lancé et le public a les yeux rivés sur les artistes qui étalent leurs talents plus ou moins appréciés.

Au final, c’est Modibo Sangaré qui arrive en tête du classement, devant Rasmané Sawadogo.
Seconde étape de la tournée, Ouahigouya. Dans le chef-lieu de la région du Nord, c’est également une grande foule qui est sortie pour assister à l’événement à l’invitation de SWEED Burkina.
Ici aussi, la cérémonie est marquée par la compétition de Slam, des jeux concours sur la planification familiale et des prestations d’artistes dont les Playerz, Idak Bassavé et d’autres artistes de la région. L’objectif reste le même : faire la promotion de la planification familiale auprès des jeunes à travers le Slam. A la différence de Bobo, c’est seulement trois slameurs qui se sont mesurés à Ouahigouya, un concours remporté par Gaël Sawadogo Gael, suivi de Moumouni Ouéremi.
Ce sont eux qui représenteront la ville lors de la finale à Ouagadougou. Pour le public de Ouahigouya, le message semble avoir été capté. Tous ceux que nous avons interrogés sur le sujet ont fait des éloges de la planification familiale. "C’est une chose à prendre au sérieux » pour certains, et pour d’autres, « planifier c’est assurer le bien-être de la famille ».
La dernière étape de cette compétition devrait se passer dans les jours à venir à Tenkodogo pour la même cause, celui de sensibiliser la population notamment les jeunes sur la PF.
A la fin de ces deux étapes, Fatou Somé, directrice de la promotion de l’éducation pour la santé, représentante du projet SWEED s’est réjouie de l’engouement enregistré autour de l’activité qui, rapelle t-elle, vise à lutter contre les grossesses en milieu scolaire. Les villes choisies sont dans les régions ou la pratique de la PF demeure faible tandis que le nombre de grossesses non désirées en milieu scolaire reste élevé. « L’objectif que nous poursuivons c’est de renforcer les connaissances des jeunes afin qu’ils aient des comportements responsables en matière de prévention de grossesses non désirés, des IST et du VIH », a-t-elle confié
Bobo-Dioulasso, comme Ouahigouya et Tenkodogo sont des régions où le taux de naissance reste élevé. Cette activité est un moyen parmi tant d’autres de promouvoir la PF en vue d’atteindre la transition démographique.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net