Au cours d’une rencontre avec la presse tenue le 8 novembre à Ouagadougou, l’ONG Afrique Contre le Tabac (ACONTA) appelle à la vigilance contre les industries du tabac. L’ONG s’est attardée sur la mise en œuvre des messages graphiques par le ministère du Commerce de l’industrie et de l’artisanat, puis sa contribution au respect de l’interdiction de fumer dans les lieux public au Burkina et enfin la situation sur la violation du protocole visant à éliminer le commerce illicite des produits du tabac par le Burkina.

Dans le monde entier, seul le Burkina et le Cambodge défient toujours la loi antitabac adoptée en 2010 dans le but de protéger la santé les populations contre les dangers liés à la consommation du tabac. Ors, rappelle M. Salif Nikièma coordonnateur de l’ONG ACONTA, le Burkina Faso à l’instar de nombreux autres pays, a adopté des textes juridiques dont un arrêté conjoint pour faire apposer des images rappelant les conséquences sanitaires du tabagisme sur les paquets et autres emballages des produits du tabac. Mais contre toute attente, « l’industrie du tabac au Burkina s’est opposée à cette mesure faisant de notre pays la risée du monde » s’indigne-t-il.
Fort heureusement à-t-il ajouté, grâce au plaidoyer et à l’implication de certains champion de lutte contre le cancer, des leaders religieux et coutumiers, des personnes ressources et du ministre du Commerce Harouna Kaboré. Grand défenseur de la lutte antitabac, il a fixé le 1er Janvier 2019 comme un nouveau délai de rigueur aux compagnies et importateurs de tabac présents au Burkina Faso pour se conformer à l’arrêté relatif à l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes.

Au cours de la conférence de presse, il a été aussi question du décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics. Où en est-ont exactement ? M. Nikièma rassure et affirme que la société civile est engagée dans cette lutte et salue au passage la détermination du ministère de la Santé, du Tribunal de grande instance de Ouagadougou et de la police nationale, notamment le commissariat central de Ouagadougou. Tous se sont engagés fermement à faire respecter l’interdiction de fumer dans les lieux publics comme les maquis, les bars et boites de nuits et cela est visible sur le terrain. A titre d’exemple, au cours du dernier SIAO qui a fermé ses portes le 3 novembre dernier, des contrevenants ont été sanctionnés et ACONTA sillonne les maquis et les autres lieux publics pour interpeller et sensibiliser sur le respect de la législation.
La traçabilité des produits du tabac n’a pas été occultée par les conférenciers. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux Etats d’avoir un système de contrôle et de traçabilité des industries du tabac contrôlé par l’Etat. Mais il se trouve qu’au Burkina, le système existe mais il est contrôlé par l’industrie du tabac et non par l’Etat, ce que regrette l’ONG. "Dans ce cas, même par rapport aux taxes sur les produits du tabac, l’Etat va taxer seulement les produits déclarés par ces industries puisque ce sont eux qui contrôlent le systèmes et les différents codes. Cela pourrait entraîner une évasion fiscale et en même temps constituer un commerce illicite » explique M. Nikièma.
Et c’est avec fermeté que ACONTA dénonce cet Etat de fait au Burkina.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net