En marge des manifestations de samedi, la presse locale et les réseaux sociaux ont fait remonter plusieurs actes discriminatoires dont un qui a fait réagir le gouvernement.

« Retourne dans ton pays », « dégage », « pouffiasse » à une femme noire, « je le reconnais, c’est un pédé », « Sur le côté, il y a une dame garée depuis une heure… Ils lui ont fait retirer son voile. » Une vidéo, une plainte et des témoignages ont fait remonter des comportements à caractère raciste, sexiste , homophobe et islamophobe auxquels se sont livrés samedi certains « gilets jaunes » lors de leur mobilisation. Des faits qui ont provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

Ain

Samedi, Raphaël Duré (conseiller municipal de Bourg-en-Bresse) et son compagnon arrivent à un barrage de « gilets jaunes ». Ils veulent passer mais les manifestants retiennent leur véhicule. « J’ai entendu certains manifestants dire, je le reconnais, c’est un pédé ». À partir de là, ils nous ont menacés », explique Raphaël Duré à l’hebdomadaire régional la Voix de l’Ain. Les manifestants s’en prennent alors à leur véhicule, une Twingo, et brisent notamment leur pare-brise arrière, avant que deux policiers présents sur place n’interviennent, rapporte le journal. « J’ai eu Raphaël Duré au téléphone ce matin qui m’a indiqué son intention de porter plainte et qui m’a dit : on a été pris à partie comme d’autres mais on a eu un peu plus à partir du moment où ils ont su qu’on était gay », explique à l’AFP le maire PS de Bourg-en-Bresse Jean-François Debat.

« Rien. Absolument rien ne saurait justifier ces actes odieux. Chaque insulte, chaque agression homophobe est une injure à notre pacte républicain. Solidarité avec les victimes. Confiance en nos enquêteurs qui feront toute la lumière sur ces faits », a réagi de son côté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner sur Twitter.
Pour le président de SOS Homophobie, Joël Deumier, il s’agit d’un « effet de meute » signe de l’« homophobie ordinaire inadmissible », écrit-il, sur Twitter également.
Depuis, les réactions indignées se multiplient. D’abord le maire de Bourg-en-Bresse qui dénonce des « bavures d’un certain nombre de gilets jaunes ». Selon lui, d’autres véhicules ont été dégradés à ce barrage et des propos racistes auraient été tenus sur un autre. Ce fut aussi le cas à Cognac comme le révèle la Charente-Libre.

Charente

Entre le rond-point de La Trache et Lidl une automobiliste noire tente de forcer le passage devant une rue barrée par des « gilets jaunes » qui ne la laissent pas passer. S’en suit une altercation au bout de laquelle la conductrice est repoussée violemment par un homme et essuie les insultes suivantes : « Retourne dans ton pays », « dégage », « pouffiasse », « salope », « les histoires de Noirs, on veut plus en entendre parler ».
Comme le mentionne la Charente-Libre, Thierry Arnaudet – co-organisateur de la manifestation cognaçaise – se désolidarise totalement des faits qui se sont déroulés au rond-point de l’hôpital, samedi après-midi. « Nous refusons d’être assimilés à ça et nous dénonçons ces propos. Nous étions au rond-point de La Trache, ceci s’est déroulé ailleurs. »

Picardie

Sur le rond-point d’Auchan-Fayet à Saint-Quentin, le Courrier Picard relate cette fois le témoignage de conducteurs sans gilets jaunes et bloqués. « Là, ça commence à dégénérer… Sur le côté, il y a une dame garée depuis une heure… Ils lui ont fait retirer son voile. », explique au quotidien une automobiliste. Là encore un des organisateurs de l’action, Jean-Baptiste Hubert, se désolidarise : « Ce n’est pas normal ». « Je suis contre ça. Nous allons arrêter tout ça », affirme-t-il.

Sur les réseaux sociaux des remarques stigmatisantes ont été signalées.

LIBERATION (avec AFP)