Vingt après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, les Burkinabè restent mobilisés pour réclamer que justice leur soit rendue. Hier, ils se sont recuillis sur les tombes des victimes avant d’animer un meeting à la Place de la nation

Ce n’est plus les grands rassemblements des premières années qui ont succédé l’assassinat du journaliste et qui avaient fait vaciller le pouvoir en place de l’époque. Mais 20 ans après, la détermination de ceux qui exigent la vérité sur l’assassinat de Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune, Ernest Yembi Zongo, Blaise Ilboudo et Abdoulaye Nikièma le 13 décembre 1998 reste intacte. Hier, le Collectif des organisations de masses et de partis politiques (CODMPP), la Coalition de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et le pour les libertés (CCVC) et l’Association des journalistes du Burkina (AJB) ont battu le pavé pour exiger que la lumière soit faite sur ce crime crapuleux. Après un recueil sur les tombes des suppliciés au cimetière de Gounghin, les marcheurs ont rallié la Place de la nation sous un soleil ardent où ils ont animé un meeting.
Dans son discours, "le président du pays réel", Chrysogone Zougmoré a rappelé que le 20è anniversaire du crime de Sapouy intervient dans un contexte marqué l’insécurité et le renforcement de la présence de bases militaires étrangères sur notre sol et des ingérences de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international sur les choix économiques de notre pays. Le successeur de Halidou Ouédraogo aussi insisté sur la détermination des Burkinabè à voir traduits en justice, "jugés et jetés en prison" les coupables du crime. "Depuis le quadruple assassinat de Sapouy, les démocrates, patriotes et révolutionnaires burkinabè, mobilisés au sein du Collectif, puis de la CCVC ont su maintenir allumée la flamme de la mobilisation populaire contre l’impunité des crimes", a t-il déclaré. Il a salué la solidarité dont bénéficient les Burkinabè de la part des démocrates d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Il a rendu hommage au professeur Joseph Ki Zerbo, auteur du slogan "nan laara, an saara" qui, à 80 ans battait aussi le pavé et galvanisait les jeunes.

En maintenant haut le flambeau de la lutte, la CODMPP et la CCVC restent fidèles à l’engagement pris le 16 décembre, jour de l’inhumation de Norbert Zongo : toujours se battre, sans répit pour que justice soit rendu à Norbert Zongo et ses compagnons.
Pour Chrysogone Zougmoré, le combat mené depuis 20 ans a enregistré des résultats : le soldat Christophe Kombacéré, le caporal Wampasba Nacoulma et le sergent Banagoulo Yaroont été arrêtés et détenus depuis décembre 2015. François Compaoré n’a plus le sommeil tranquille depuis que le mandat d’arrêt international a été lancé contre lui par la justice burkinabè. Arrêté en novembre à l’aéroport de Roissy Charle de Gaulle, la justice française a autorisé son extradition vers le Burkina. Des résultats optimistes qui rappellent " que seule la lutte paie", a t-il conclu.

Dominique Koné
Kaceto.net