La Guinée vient d’ouvrir une nouvelle page de son histoire. En effet, le document qui régit l’ensemble des règles relatives aux actes de l’état civil, à la nationalité, à la jouissance des droits civils, au mariage, à la filiation, à l’adoption, à la propriété et à ses démembrements, aux régimes matrimoniaux, aux successions, aux libéralités, aux obligations et aux principaux contrats, a été adopté ce samedi 29 décembre par la représentation nationale. A l’hémicycle, 37 députés ont accordé une voix favorable sur 37 votants, 26 autres élus du peuple se sont abstenus.

Peu avant le vote, le ministre d’État, ministre de la justice et garde des sceaux, Me Cheikh Sako, a présenté le contenu du nouveau code civil aux députés. “Il convient de souligner que le maintien, par les rédacteurs du projet de code, des dispositions relatives à l’interdiction de la polygamie, explique principalement le retard mis dans la transmission de ce projet de code à l’Assemblée nationale”, s’est justifié le garde des sceaux guinéens sur le retard dans la transmission du projet de code après sa rédaction. “Mais aujourd’hui,” poursuit-il, “cet obstacle n’existe plus en ce qui concerne le projet de texte adopté par le Gouvernement et transmis à l’Assemblée nationale prévoit bien le statuquo sur les dispositions du code en vigueur, relatives notamment à l’interdiction de la polygamie. Mais au niveau des commissions parlementaires, ainsi que l’a précisé Monsieur le Président de la Commission des lois, il est plutôt proposé la possibilité pour les époux de choisir, au moment de la célébration du mariage, entre la monogamie et la polygamie limitée à quatre femmes”, dira-t-il par la suite.

Après cette présentation, la parole était aux députés. Ce sont d’abord les femmes députés regroupées en réseau qui ont fait une déclaration. Une déclaration dans laquelle elle dénonce le maintien de la polygamie dans le texte. Elles ont préférée le statut quo à ce nouveau. Pour l’honorable Fatoumata Koundara Diallo, qui a lu la déclaration du forum des femmes parlementaires, l’adoption du code serait comme une option offerte à leurs époux.

Ensuite, un certain nombre de députés de tout bord confondu ont exprimé leur soutien à leurs collègues députées femmes, en s’opposant à l’adoption du nouveau code qui autorise les futurs mariés à choisir le régime de la monogamie ou celui de la polygamie limitée à quatre femmes.

De l’autre côté, certains représentants du peuple à l’Assemblée nationale ont soutenu l’autorisation de la polygamie dans le pays. Pour cette frange de députés, il faut adopter nos textes de loi en fonction des coutumes et moeurs de la Guinée, basées sur les religions monétéistes ; notamment l’Islam qui autorise la polygamie.

Après les débats qui ont duré environ deux heures, le ministre de la justice Cheikh Sako a repris la parole pour expliquer le bien-fondé de l’autorisation de la polygamie en Guinée. “Le motif invoqué à cet effet, ce sont les us et coutumes du pays, mais aussi les dispositions de l’article 7 de la Constitution aux termes desquelles « Chacun est libre de croire, de penser et de professer sa foi religieuse, ses opinions politiques et philosophiques »”, a-t-il argumenté avant de trancher qu’ “en tout état de cause, l’Assemblée nationale est souveraine”.

Après cette adoption par la représentation nationale, le président de la République va prendre un décret de promulgation du document et abroger celui qui est actuellement en vigueur.

Bhoye Barry pour guinee7.com