Nommé le 21 janvier 2019 par décret présidentiel, le premier ministre Christophe Dabiré a enfin rendu publique hier 24 janvier en milieu d’après-midi la composition de son gouvernement. Il compte 32 ministres dont 2 ministres d’Etat, 7 femmes, donc moins de 30% pour le quota genre promis par le président le 8 mars 2018. On note le départ deux poids lourds du gouvernement et du MPP, Simon Compaoré et Clément Sawadogo, respectivement ministre d’Etat auprès de la présidence et ministre de la Sécurité.
La Sécurité est désormais entre les mains de Ousséni Compaoré, un colonel de gendarmerie à la retraite.
Le ministre la Défense qui était sur la sellette depuis son arrivée à son poste, s’en va également, sans doute pour insuffisance de résultats. Il cède sa place à Chériff Sy, ancien président du parlement sous la Transition et Haut représentant du président, un poste décrié par l’opposition et l’opinion. Sa nomination met fin à cette polémique.
La ministre de l’Economie, des finances et du développement, Rosine Coulibaly, rend aussi le tablier, après avoir opéré des réformes les plus audacieuses dans le secteur financier, mais en se mettant à dos les syndicats, lesquels avaient juré d’avoir sa peau.
En plus de l’Administration territoriale et de la décentralisation Siméon Sawadogo qui est monté en grade en devenant ministre d’Etat, se voit confié une autre mission : la cohésion sociale, très malmenée depuis deux ans par des mouvements sociaux dans plusieurs secteurs ministériels.
Alpha Barry, pressenti pour être premier ministre, garde finalement les Affaires étrangères et la coopération. Sans surprise, le portefeuille des l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, occupé par Paul Robert Tiendrebéogo est maintenu tel quel et pourra se déployer bientôt dans ses nouveaux locaux.
Harouna Kaboré est maintenu au ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, signe que le président n’est pas mécontent de son action à la tête de ce département stratégique, notamment dans la régulation des prix de produits de grande consommation, à commencer par le carburant.
Le nom de Stanislas Ouaro a été également cité comme premier ministrable, mais il devra patienter, le temps d’acquérir plus d’expérience et d’avoir une étoffe politique.
En attendant, il lui faut gérer la fronde sociale dans le secteur de l’éducation et trouver des solutions urgentes aux fermetures d’écoles en raison de l’insécurité : 162 000 élèves sont privés d’écoles à la date du 21 janvier sur l’ensemble du territoire.
Parmi les partis alliés, l’Unir/Ps de Maitre Sankara sort gagnant dans ce nouveau gouvernement. Il conserve non seulement ses deux ministères, l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, puis les Ressources animales et halieutiques, mais il n’est un secret pour personne que le nouveau ministre d’Etat, ministre de la Défense, Chériff Sy est un sankariste notoire. Son collègue de la Sécurité, Ousséni Compaoré, ne l’est pas moins, lui qui a connu l’exil à l’avènement du Front populaire. La rumeur avait donné le ministre Sango "sorti" du gouvernement. On y avait prêté attention d’autant que son maintien ou pas dans l’équipe gouvernementale dépend en grande partie des humeurs du vrai patron du PAREN, Laurent Bado. A quelques semaines de l’ouverture de la 26ème édition du Fespaco, ça aurait fait désordre.
"Rétrogradé" au ministère de la jeunesse dans le gouvernement Kaba2, après avoir occupé celui de la Santé, Smaila Ouédraogo quitte finalement le gouvernement. Il paie sans doute ses rapports pour le moins difficiles avec ses collaborateurs et les remous que connait le MPP à Ouahigouya dont il n’est pas étranger. Il est remplacé par Salif Tiemtoré, député et 4è vice-président de l’Assemblée nationale, un proche du président Kaboré.
Le titulaire du portefeuille de la Santé, Nicolas Meda quitte également le navire avec à peine deux ans. Un départ qui s’est décidé dans les derniers arbitrages, au profit de Léonie Claudine Lougué née Sorgho, l’épouse du Général Lougué.
Pour l’essentiel, l’ossature de l’ancienne équipe n’a pas été touchée et garde une certaine cohérence dans la recherche de résultats à court terme. C’est le pari qu’a fait le président Kaboré qui a pris le risque de mécontenter de nombreux cadres du MPP qui espéraient enfin que le moment de leur récompense était arrivé.
Voici donc la composition du gouvernement Dabiré et avec tous nos souhaits de réussite.

1. Ministre d’État, Ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants : Monsieur Moumina Chériff SY
2. Ministre d’État, Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale : Monsieur Siméon SAWADOGO
3. Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération : Monsieur Alpha BARRY
4. Ministre de la Sécurité : Monsieur Ousséni COMPAORÉ
5. Ministre de la Justice, Garde des Sceaux : Monsieur Bessolé René BAGORO
6. Ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur : Monsieur Paul Robert TIENDREBÉOGO
7. Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales : Monsieur Stanislas OUARO
8. Ministre de la Santé : Madame Léonie Claudine LOUGUE née SORGHO
9. Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement : Monsieur Lassané KABORÉ
10. Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation :Monsieur Alkassoum MAÏGA
11. Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale : Monsieur Séni Mahamadou OUÉDRAOGO
12. Ministre du Développement de l’Économie numérique et des postes : Madame Hadja Fatimata OUATTARA née SANON
13. Ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement : Monsieur Remis Fulgance DANDJINOU
14. Ministre de l’Agriculture et des Aménagements
Hydro-agricoles : Monsieur Salif OUEDRAOGO
15. Ministre de l’Eau et de l’Assainissement : Monsieur Niouga Ambroise OUÉDRAOGO
16. Ministre des Infrastructures : Monsieur Éric Wendenmanegha BOUGOUMA
17. Ministre de l’Énergie : Monsieur Bachir Ismaël OUÉDRAOGO
18. Ministre des Mines et des Carrières : Monsieur Oumarou IDANI
19. Ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière : Monsieur Vincent Timbindi DABILGOU
20. Ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire : Madame Hélène Marie Laurence ILBOUDO née MARCHAL
21. Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat : Monsieur Harouna KABORÉ
22. Ministre des Ressources animales et halieutiques :
Monsieur Sommanogo KOUTOU
23. Ministre de la Jeunesse et de la Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes : Salifo TIEMTORÉ
24. Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat : Monsieur Maurice Dieudonné BONANET
25. Ministre des Droits humains et de la Promotion civique : Madame Maminata OUATTARA née OUATTARA
26. Ministre de l’Environnement, de l’Economie verte
et du Changement climatique : Monsieur Batio BASSIÈRE
27. Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme : Monsieur Abdoul Karim SANGO
28. Ministre des Sports et des Loisirs : Monsieur Daouda AZOUPIOU
29. Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement, chargé du Budget :
Madame Édith Clémence YAKA
30. Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement, chargé de l’aménagement du territoire : Madame Pauline ZOURÉ
31. Ministre délégué auprès du Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, chargé de la Décentralisation et de la Cohésion sociale : Madame Madiara SAGNON née TOU
32. Ministre délégué auprès du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, chargé de la Recherche Scientifique et de l’Innovation : Monsieur Urbain Ibrahim COULIDIATI

Article 2 : Le présent décret sera publié au Journal Officiel du Faso.

Ouagadougou, le 24 janvier 2019

Le président du Faso Roch Marc Christian KABORE
Le Premier Ministre Christophe Joseph Marie DABIRE

Kaceto.net