Même si le risque était mince que les députés votent majoritairement contre sa déclaration de politique générale, le premier ministre peut pousser un ouf de soulagement. A l’issue des débats qui ont succédé sa déclaration de politique générale, les députés l’ont très majoritairement adoptée par 84 voix pour, 19 contre, 23 abstentions et 1 nul, sur un totale de 127 députés. Il peut à présent se mettre à la tâche de redressement du pays en s’attaquant prioritairement à la question sécuritaire qui plombe l’activité économique et la cohésion sociale.

Conformément à l’article 63 de la constitution, l’exercice auquel il vient de se livrer marque le top départ de son action en tant que premier ministre. Dans ce discours tant attendu, le premier ministre Dabiré a d’abord endossé le Plan national de développement économique et social (PNDES), rendu hommage à son prédécesseur Paul Kaba Thiéba, qui a replacé l’économie " sur un sentier de croissance soutenue durant les trois dernières années, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB réel d’environ 6%." Il a ensuite annoncé sa feuille de route articulée sur cinq (5) axes :
1.le devoir de relever les défis sécuritaires ;
2. l’exigence de pallier l’effritement de la cohésion sociale ;
3. l’obligation d’instaurer une gouvernance plus vertueuse ;
4. la nécessité de renforcer le développement du capital humain et ;
5. la volonté de dynamiser l’économie nationale.
C’est une lapalissade que de dire que "la paix et la sécurité constituent la condition indispensable à la mise en œuvre et à la consolidation des actions de développement d’un pays", déclare le premier ministre. Or, depuis janvier 2016, notre pays est attaqué en permanence par des terroristes, qui tuent aussi bien les civiles que les forces de défense et de sécurité, semant le deuil et la désolation dans les familles. "Les attentats meurtriers et la destruction des édifices publics, les enlèvements et prises d’otages, parfois suivis d’exécution sommaires, les assassinats de représentants de l’État, les
attaques contre les unités des Forces armées nationales, des forces de
sécurité intérieure et para-militaires sont autant d’actes ignobles qui
mettent en péril la paix et la sécurité des biens et des personnes dans
notre pays" note le premier ministre Dabiré.
Pour faire face à l’hydre terroriste, il appelle les Burkinabè à se mobiliser comme un seul homme contre l’ennemi, à compter sur nos propres forces au risque de " s’abandonner dans l’indolence du sommeil sur la natte d’autrui et faire lâchement l’option de périr sans gloire", et enfin inscrire le combat contre les terroristes sur le durée.

Relativement à la cohésion sociale, Christophe Dabiré rappelle que depuis 2016, les revendications sociales et les manifestations contre la cherté de la vie ont contribué à détériorer le climat social et porté un coup au vivre ensemble, surtout après les tueries de Yirgou et les violences meurtrières contre des policiers à Nafona.
Il souhaite que le dialogue entre le gouvernement et les organisations syndicales reprenne le plus vite possible afin de trouver des solutions qui satisfassent les travailleurs sans pour autant "détruire la base économique sur laquelle repose l’avenir de toute une nation".
Sur la gouvernance, le chef du gouvernement salue le travail abattu par l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption "afin de déceler les
dysfonctionnements de notre administration en matière de gestion des
deniers publics et qui contribue à combattre la corruption, la fraude et
les crimes économiques divers".
Quant au renforcement du capital humain et la dynamisation de l’économie nationale, le successeur de Paul Kaba Thiéba a annoncé que son gouvernement renforcera l’offre en infrastructures éducatives et de santé et donnera plus de moyens à l’enseignement supérieur et la recherche. La dynamisation de l’économie passe par la création d’un environnement propice aux affaires, une justice indépendante, des infrastructures de qualité et une lutte farouche contre la corruption.
Après l’adoption de sa déclaration de politique générale par les députés, le premier ministre sait que les besoins sont pressants et qu’il n’aura pas une période de grâce. Les résultats doivent tomber rapidement, à commencer par le retour à la sécurité. Pour cela, hors mis les compromissions, tous les moyens sont bons pour y parvenir.

Joachim Vokouma
Kaceto.net