Devant la maternité, des femmes sont assises ou couchées sur des pagnes à même le sol. Il n’y a pas assez de place dans la maternité. Nous recevons une vingtaine de femmes par jour alors que nous n’avons pas de place pour les accueillir ; c’est ainsi qu’une sage-femme nous accueille d’office. Elle souligne même que lors du dernier conseil sur le taux de mortalité la question de place a été évoquée mais jusque-là sans solution.

Le calvaire des femmes et des accompagnants se lit aisément sur les visages rassemblés autour de la maternité du CMA du secteur 30. Interpellé par une femme qui faute de place à dû s’installer avec son nouveau-né dans la cours, nous nous sommes déplacés à la maternité pour constater les réalités de visu. Les sages-femmes nous demandent de voir les responsables car elles sont impuissantes face à cette situation. Mais le paradoxe est qu’il y a un bâtiment flambant neuf construit juste derrière la maternité mais qui n’est malheureusement pas utilisé.

En réalité c’est la nouvelle maternité dont la construction a été stoppé en 2014 faute de financement suite à l’insurrection. Cherchant à savoir ce qu’il en est, nous avons retrouvé Focus Sahel Développement (FSD), l’entreprise en charge du chantier. Lassina Fofana le premier responsable de la société nous explique que la construction de la maternité et du bloc opératoire est un projet du ministère de la santé, adopté en 2013 suite au constat de manque de place, fait par le ministre de la santé de l’époque lors d’une de ses visites. Il fut alors décider d’un projet de construction d’un bâtiment à deux niveaux. Le rez de chaussée a été terminé en 2014 mais après l’insurrection le ministère de la santé n’a pas financé la suite du projet. D’où un projet à moitié terminé. Selon Mariam Traoré Administratrice du FSD, le rez de chaussée a couté environ 400 millions de FCFA et il faudrait à peu près la même somme pour terminer le projet.
Selon elle le risque en laissant trainer le chantier est que l’eau s’infiltre et fasse des dégâts sur la peinture, l’installation électrique, et le plafond. Pour rendre le toit imperméable il faudrait alors environ 50 millions donc le mieux dans ce genre de situation est de terminer le projet au plus vite.
Docteur Moussa Sana, le Médecin Chef du district sanitaire couvrant le CMA du 30, estime pour sa part que la surpopulation constatée à la maternité n’est pas forcément due au manque d’infrastructure mais au non-respect par les populations de la pyramide sanitaire. Docteur Moussa Sana estime à plus de 10% les cas qui auraient pût être traités dans les petits centre de santé dans les quartiers, tels que les CSPS. Si cela était respecté nous n’aurions pas tant de monde dans la cours, sans lit pour les accueillir ; Il précise cependant avoir approché les premiers responsables du ministère de la santé pour s’enquérir de la suite du projet de construction du nouveau bâtiment.
« Le bâtiment ne saurait rester ainsi inachevé et à l’abandon », nous rassure Pousbila Zaba, le nouveau Directeur des Affaires Financières du ministère de la santé. Il dit vouloir prendre bientôt attache avec l’entreprise qui construit le bâtiment, afin de voir très vite, la suite à donner au projet. Aux dernières nouvelles, l’entreprise qui construit le bâtiment a été contactée pour évaluer la suite des travaux.

Espérons vraiment que cela soit fait avec diligence pour que nous ne voyions plus le spectacle écœurant de nouvelles mamans et de bébés sans place ou se mettre, si ce n’est la cours, à même le sol. Il est en effet difficile de croire que le Gouvernement Thieba ne puisse décaisser 400 Millions pour doter les femmes d’une maternité et d’un bloc opératoire plus grand, d’autant plus que ce qui est réalisé déjà va se dégrader si rien n’est fait.

Wendkouni