Le Burkina Faso ainsi que six autres pays de la région ouest-africaine, (Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Bénin, Mauritanie, Niger) et le Tchad ont souscrit au projet « Autonomisation des femmes et dividende démographique au sahel (SWEDD) ».
Financé par la Banque mondiale, il vise à accélérer la transition démographique afin de créer les conditions de la réalisation du dividende démographique et la réduction des inégalités entre les sexes

Ce projet comporte des sous-projets dont l’un est dénommé « Sukaabé Rewle » ou "lutte contre le mariage d’enfants" et est mis en œuvre par le ministère de la Femme, de la solidarité nationale de la famille et de l’action humanitaire. Sukaabé Rewle consiste en une vaste campagne de sensibilisation de plaidoyer à travers une caravane dans 15 communes dans trois régions que sont la Boucle du Mouhoun, les Hauts Bassin et le Centre Est. Le lancement de cette caravane a eu lieu le 03 mai 2019 à Dédougou sous la présidence de la ministre Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marchal en présence d’autorités de la localité et d’acteurs de santé.

« 53% des femmes sont mariées avant l’age de 18 ans et 10% avant 15 ans. L’âge moyen d’entrée en première union des femmes est estimé à 17,8 ans avec une minorisation plus prononcée dans la région du Sahel ou l’âge moyen est de 16,1 ans (EDS de 2010). » Voici ainsi l’état des lieux du mariage précoce dans notre pays. Selon la ministre Marchal Ilboudo, cette pratique a des conséquences graves sur les enfants et même sur la société de façon générale. « De nombreuses enfants épousées sont exposées à des risques sanitaires majeurs car elles seront contraintes de contracter des grossesses précoces et/ou non désirées, souvent multiples et à des accouchements rapprochés et répétitifs alors que leur corps n’y est physiquement pas préparé. Pour ces jeunes filles, le mariage précoce entraîne également la perte de leur droit à l’éducation, à l’émancipation ainsi qu’à mener une vie saine et équilibrée », a-t-elle déclaré.

Face à cette situation et afin de promouvoir l’abandon du mariage d’enfants, la caravane "zéro mariage d’enfants", a été initiée et se rendra dans les 15 communes des trois régions sus-citées et devrait toucher 20.000 cibles, offrir au moins 2500 prestations de services de santé de la reproduction et/ou de planification familiale et obtenir au moins 15 déclarations fortes en faveur de l’abandon du mariage d’enfants.
Selon le coordonnateur du programme d’appui au développement sanitaire, par ailleurs coordonnateur du projet SWEED au Burkina, Abdoul Karim Ouédraogo, la présente campagne s’est donnée pour objectif de promouvoir les comportements favorables à l’abandon de la pratique du mariage d’enfants dans les communes ciblées. « Il s’agira de façon spécifique de créer un environnement favorable à la lutte contre les mariages d’enfants dans les 15 communes identifiées, renforcer les connaissances et les attitudes des populations cibles pour un changement de comportement favorable à la lutte contre le mariage d’enfants, offrir des prestations gratuites de services SR/PF aux femmes et jeunes filles des communes concernées" (dépistages lésions précancéreuses du col de l’utérus et des pathologies du sein, dépistage VIH et offre de méthodes contraceptives modernes ), a-t-il indiqué.

Au lancement de la caravane, Abdoul Karim Ouédraogo s’est voulu direct et
sincère : "Le Mariage d’enfants est une violation des droits des jeunes filles, car il perturbe leur scolarisation, compromet leur santé et leur participation au développement socio-économique de leurs communautés. Il prive la victime de son enfance et accroît les risques de violences dans les familles ».

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net