Quand un farouche opposant rejoint son gouvernement, c’est de toute évidence une grosse prise effectuée par le président malien, Ibrahim Boubacar KEITA. L’un de ses plus virulents opposants, en la personne de Tiébilé DRAME, vient de rejoindre le nouveau gouvernement de Boubou CISSE en tant que ministre des Affaires étrangères

L’affaire fait des vagues des deux côtés de la rive bamakoise et même au-delà, même l’entrée au gouvernement du nouveau ministre a été actée à la suite de la signature d’un accord entre le pouvoir et l’opposition.
Tiébilé DRAME, l’ancien directeur de campagne de Soumaïla CISSE, avec lequel ils ont ensemble violemment contesté et rejeté la réélection d’Ibrahim Boubacar KEITA le 12 août 2018, a donc rejoint l’équipe gouvernementale dirigée par Boubou CISSE.
Certes, l’homme tente depuis lors de se justifier par tous les moyens. Y compris en mettant en avant l’intérêt du Mali. Mais l’exercice est plus que périlleux.
En effet, comment travailler avec un président à qui l’on ne reconnaît ni légalité ni légitimité ? A moins que cette entrée fracassante au gouvernement ne signifie de facto reconnaissance et donc revirement jurisprudentiel.

Intérêts personnels ou conviction

Une chose est sûre, si IBK avait voulu porter un coup à l’entente et à la supposée cohésion interne de l’opposition malienne, on peut dire qu’il y est parvenu. En la prenant par ses leaders, il la met face à ses propres militants pour ne pas dire face aux Maliens, dont certains restent stupéfaits devant ces arrangements politiciens.
Mais en matière de transhumance politique, le Mali ne fait pas exception. Dans de nombreux pays africains et en Occident, certains adversaires, sans doute lassés par l’amère expérience dans l’opposition ont parfois rejoint leurs pires adversaires avec doctrine, armes et bagages.
Le problème réside surtout dans les conséquences à long terme de ces calculs et de ces arrangements qui finissent par démotiver les citoyens et le corps électoral. Les citoyens, ont parfois la fâcheuse impression qu’ils n’ont été en définitive que de simples instruments d’une stratégie politique bien calculée. Et destinée à faire beurrer les épinards à certains acteurs.
PS : Dans le même ordre d’idées, relire aussi notre article sur le profil de l’Homme politique au Burkina Faso, selon des jeunes.(https://www.kaceto.net/spip.php?article6527)

Juvénal Somé
Kaceto.net