Révélée par notre confrère Ladji Bama alors en poste au journal Le Reporter, l’affaire dite du "Charbon fin" Iamgold Gold Essakana SA, Bolloré et le ministère des des Mines et des carrières sera jugée devant le TGI de Ouagadougou dès demain !

Rebondissement dans l’affaire dite du "Charbon fin" dans laquelle la société minière Iamgold Essakane SA et Bolloré Africa Logistics, spécialisée dans le transport et la logistique sont soupçonnées d’avoir tenté de faire sortir frauduleusement vers le Canada de l’or dissimilé dans du charbon, sorte de résidu issu de traitement du minerai après l’extraction de l’or. Ce matin, le procureur général près de la Cour d’appel, Laurent Poda s’est exprimé sur le sujet lors d’un point de presse. Et son avis est sans ambiguïté : « A ce jour, deux personnes morales, à savoir la société Iamgold Essakane SA et la société Bolloré transport et logistique SA Burkina Faso sont poursuivies pour des infractions de faux en écriture privée de commerce, d’usage de faux en écriture privée de commerce, d’exportation illégale de déchets dangereux, de fraude en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, de blanchiment de capitaux », a t-il déclaré.
En clair, de l’or a bien été dissimulé dans le charbon fin transporté dans des wagons à destination du Canada via le port d’Abidjan et interceptés par la douane à Bobo-Dioulasso.
Le procureur a par ailleurs indiqué que douze (12) personnes appartenant à la société ESSAKANE SA, Bolloré, le BUMIGEB et du ministère des Mines "sont poursuivies pour usage de faux en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, d’exploitation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce".

Le procès de cette affaire débute dès demain 7 août devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou, mais sans le ministre des Mines et des carrières, Oumarou Idani. Selon le procureur, le TGI « pas compétence pour inculper le ministre des mines, cela relève de la haute cour de justice ». L’article 76 de la constitution stipule en effet que "chaque membre du gouvernement est responsable devant la haute cour de justice des crimes et délits commis par lui dans l’exercice de ses fonctions".

Le 4 juillet 2017, le parlement a adopté une loi réformant la Haute cour de justice devant laquelle 33 ministres du dernier gouvernement du président Blaise Compaoré comparaissaient depuis fin avril 2017 pour "complicité d’homicide volontaire et blessures volontaires". Le procès avait été suspendu, le temps de conformer certaines dispositions de la Haute cour avec la Constitution. Notamment "le principe du double degré de juridiction aussi bien au niveau de l’instruction que du jugement" qui n’existait pas avant et qui privait de fait, la possibilité pour les condamnés de faire appel.
La haute cour de justice est donc à présent bien outillée pour entendre le ministre impliqué dans cette affaire qui avait été révélée par notre confrère Ladji Bama fin décembre 2018.

Kaceto.net