Pour l’auteur de cette lettre ouverte adressée au président du Faso, si les mesures drastiques prises par les autorités pour lutter contre la propagation du CIVID-19 sont bien comprises, il est maintenant temps de prendre d’autres mesures d’accompagnement pour soulager les populations.

Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kabore, Président du Faso,

Notre village commun, le Burkina Faso, depuis plus trois semaines traverse l’une des pages les plus difficiles de son existence. Frappé en plein coeur par le covid-19, cette grave maladie qui ébranle le monde entier, notre village est au creux de la vague. De la réponse apportée par l’exécutif sous votre conduite à cette maladie devenue pandémie, le village reste angoissé, perplexe et inquiet sur son avenir. Dans l’objectif de stopper la propagation de la maladie, les villageois ont été soumis à des mesures assez contraignantes (couvre-feu, fermeture de marchés et yaars, mise en quarantaine des localités touchées, fermeture...) aux conséquences destructrices pour l’économie, le social et les fondements même du village. La conscience collective dit comprendre la nécessité de la plupart des mesures restrictives prises à l’image de la majorité des contrées touchée par ce mal. Il s’agit d’une question de santé commune et de préservation de la communauté de cette pandémie.
Mieux, beaucoup de citoyens au village soucieux de la cause commune et de l’intérêt général ont entrepris des actions multiformes dans la dynamique de lutter contre cette maladie. Nous citons entre autres : la naissance de chaînes de solidarité, la mise sur pied d’initiatives citoyennes pour sensibiliser sur les mesures d’hygiènes à adopter pour éviter la maladie, la naissance de cadres de réflexion pour proposer des pistes de solutions transversales à l’exécutif dans la lutte contre cette pandémie, des dons de structures et de particuliers à l’exécutif dans le cadre de sa réponse apportée à la lutte contre le COVID-19, etc.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Cependant, les habitants du village manifestent de plus en plus leur inquiétude sur la gestion de cette pandémie par l’exécutif. Cette inquiétude est d’autant plus justifiée que les populations n’ont eu droit qu’à trois apparitions télés du Commandant en Chef que vous êtes sur la question du covid-19, environ un mois après la survenue de la crise. Tweeter semble désormais devenu le canal de communication que vous avez choisi pour parler à votre peuple. Ce canal de communication n’tant accessible qu’à une certaine élite au village, vous comprendrez ces nombreuses suspicions et inquiétudes au sein des masses populaires à votre égard et à l’endroit du gouvernement sur la gestion de cette grave crise.

Excellence,

Les mesures barrières édictées par le gouvernement contre le covid-19 ont contribué à une dégradation rapide des conditions de vie de la majeure partie des populations du village. Situation prévisible dans un pays comme le nôtre où une bonne frange des populations du village vit au jour le jour.
Une énorme crise sociale avec son corolaire de faim et famine n’est pas pas à écarter. Il suffit de bien tendre les oreilles pour intercepter les signaux de cette catastrophe à venir portée par la clameur publique dans les quatre coins du village.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

L’angoisse du village est tout aussi perceptible. Des villageois n’arrivent pas à cerner cette guerre ouverte avec ce large regroupement de syndicats dans cette période fatidique de l’histoire où l’union sacrée des filles et des fils devait être la chose la mieux partagée. Dans cette situation de crise sociale majeure, la suspension des salaires de 675 travailleurs est un vrai acte de sabotage dans la lutte engagée contre le covid-19. Le Sénégal, pays frère, vient de nous montrer la voie à travers cet acte patriotique du président Macky Sall qui a su s’élever au dessus de la mêlée pour sonner le rassemblement contre cette pandémie en réunissant autour de lui les forces vives de son pays (farouches adversaires politiques, les leaders d’organisations de masse...).

Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kabore, Président du Faso,

L’atmosphère au village est devenu comme une cocotte minute qui boue. Attention à ne pas laisser le couvercle sauter de peur d’emporter tout sur son passage.
Il est plus que nécessaire de rendre effectif des mesures adéquates d’accompagnement réclamer afin de soulager les populations. La course contre la montre est en marche, chaque minute perdue pourrait être suicidaire contre la cohésion nationale et la stabilité du pays dans la dynamique de lutte engagée contre le covid-19 au Burkina Faso.

Excellence, voilà ainsi relatées les nouvelles du village que nous souhaitons porter à votre attention.
Tout en vous souhaitant une bonne réception, veuillez agréer l’expression de notre haute considération.

Ouagadougou, le 2 avril 2020

Ousmane So