Fermé le 26 mars dernier par les autorités locales pour briser la chaîne de contamination du COVID-19, le grand marché de Ouagadougou a rouvert ses portes hier, au grand soulagement des commerçants

Effervescence hier matin devant l’entrée principale de Rood-woko, le grand marché de Ouagadougou, fermé depuis trois semaines. Représentants des commerçants, autorités nationales et locales, journalistes ou simples curieux, tous étaient là pour assister à l’événement de la journée : la réouverture du grand marché, à titre expérimental en attendant de voir plus clair pour les autres 35 marchés toujours fermés. Etant des lieux de grands rassemblements, ils avaient été fermés le 26 mars dernier dans l’objectif de briser la chaîne de contamination du COVID-19.
Seulement voilà, la mesure qui répond à un impératif sanitaire privait des milliers de Burkinabè, notamment du secteur informel, de moyens de subsistance. Les représentants des associations n’ont cessé depuis plusieurs jours de mener un lobbying auprès des autorités nationales, coutumières et locales pour obtenir la réouverture du marché. Hier matin, ils avaient le sourire, mais pas très large. Certes, les autorités coutumières, le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Roland Pierre Béouindé, le gouverneur de la région du Centre,Sibiri De Issa Ouédraogo, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, Sawadogo Mahamadi dit Kadhafi, le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Harouna Kaboré, ont tous souligné que la réouverture du marché était devenue une nécessité économique et sociale, mais ils ont aussi appelé les commerçants et les clients au strict respect des nouvelles règles éditées pour lutter contre le COVID-19.

Le maire de Ouagadougou s’est voulu on ne peut plus clair :" Rood-woko est une phase pilote en termes de respect des mesures barrières qui nous permettra d’envisager la réouverture des autres marchés toujours fermés".
Le directeur général de l’Agence de développement économique urbain (ADEU), Edouard Bouda a rappelé les travaux qui ont été effectués durant le temps de la fermeture, histoire de repartir sur de nouvelles bases. Rood woko a ainsi connu une toilette de fond en comble à travers des opérations de désinfection et de dératisation, le nettoyage, le lavage à grandes eaux, l’enlèvement des déchets et le traçage des lignes rouges délimitant ainsi les zones d’occupation autorisées du marché et le sens de circulation, la réalisation de lavabos et la disposition de lave-mains équipés de savon aux entrées du marché, etc. « Après toutes ces dispositions, nous osons espérer que l’ouverture du marché ne favorisera pas la propagation de la maladie ni parmi les commerçants ni parmi les usagers de Rood woko. Pour autant nous demandons aux commerçants de prendre les dispositions pour porter systématiquement le masque dans le marché et de ne pas excéder le nombre maximum de deux par boutique », a-t-il déclaré.

Au four et au moulin depuis la fermeture du marché, enchaînant les rencontres avec les commerçants et les responsables de la Chambre de commerce, le maire a indiqué que la réouverture du marché revêt trois dimensions : politique, économique et sociale. "C’est une décision de l’Etat burkinabè en vue de soulager les commerçants et leur permettre de reprendre leurs activités" a t-il déclaré. Au plan économique, il a rappelé que le secteur informel contribue pour environ 49% du PIB du pays et plus 90% des Burkinabè exercent dans ce secteur d’activités". Enfin, il a révélé que sur les 3 millions d’habitants que compte Ouagadougou, environ 500 milles ménages vivent de l’activité liée au marché. "Rouvrir Rood woko, c’est permettre à ces ménages de vivre dignement sans tomber dans la précarité et le dénuement », a-t-il dit.
Reste maintenant aux commerçants et au public de jouer le jeu en respectant les nouvelles mesures : port obligatoire du masque, lavage de mains et prise de la température à l’entrée, pas plus de deux personnes dans chaque boutique, mise à disposition de gel hydroalcoolique devant chaque boutique, respect de la distanciation sociale, etc. Pour faciliter le respect de ces nouvelles mesures, 500 volontaires venant du ministère de la Jeunesse sont mobilisés et déployés un peu partout dans le marché pour prodiguer des conseils et mener des campagnes de sensibilisations au respect des gestes barrières.

Le président du Conseil national de l’économie informelle du Burkina, Salifou Nikièma et ses camarades sont conscients qu’ils sont face à un défi : faire respecter les nouvelles mesures pour freiner la contamination du virus et éviter que les autorités ne soient contraintes de fermer à nouveau le marché.

Dominique Koné et Frédéric Tianhoun
Kaceto.net