Elle faisait partie d’un ensemble de mesures prises par le président du Faso, dans le cadre de la lutte contre le covid-19. A savoir, une mesure d’élargissement d’une catégorie spécifique de détenus, non concernés par des crimes graves ou par des faits de terrorisme. L’objectif initial était de briser la chaîne de propagation du virus. Sauf que dès l’annonce de cette initiative, les syndicats de magistrats burkinabè avaient aussitôt crié au scandale tout en dénonçant l’attitude des autorités. Ce qui a eu pour conséquence de bloquer la mise en application effective de la décision présidentielle. Des sources bien introduites ont pu confirmer auprès de Kaceto.net, qu’un dénouement heureux a pu être enfin trouvé.

Le temps commençait à se faire long pour certains détenus qui étaient incarcérés dans les prisons du Burkina Faso, dont on connaît par ailleurs, les conditions extrêmement difficiles liées à la vétusté des locaux et à la surpopulation carcérale. Principalement concernés par le geste des autorités en faveur d’une libération, plus d’un millier de détenus, couverts par les mesures d’élargissement consécutives à des remises de peines, décidées par le Président Kaboré. A condition toutefois que ces derniers ne soient pas liés à la commission d’actes de crimes graves ou de terrorisme, selon un expert contacté par nos soins. Il y a également des critères d’âge ainsi que l’accomplissement à moitié de la peine initiale.
C’était le cas au sein de la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, la MACO. En effet, comme nous le révèle une autre source, les détenus sont certes privés de liberté, dit-il, mais en revanche, ils ont accès aux sources d’information. Ce qui leur permet assez aisément, de rester au contact d’une actualité qui, dans ce cas précis, les concernait directement.
C’est ainsi que l’impatience commençait à se faire sérieusement sentir dans leurs rangs par rapport à la non application de la mesure présidentielle. Idem pour leurs familles et pour leurs proches. Situation compliquée également pour l’ensemble du personnel de la prison elle-même, car mal à l’aise face aux blocages qui rendaient les relations avec certains des pensionnaires, de plus en plus difficiles et tendues. Avec, bien évidemment, des risques de confrontation qui auraient pu être graves à régler.

Pris entre le marteau et l’enclume

En fait de blocages, un débat technique s’est installé entre le ministère de la Justice et les syndicats de magistrats portant sur la légalité de la mesure prise par le président du Faso. Les seconds reprochaient aux premiers de les avoir ignorés, alors que du côté du gouvernement, l’on estimait que les magistrats qui étaient en mouvement d’humeur au moment des faits, se sont volontairement mis en retrait, pour tenter ensuite de reprendre la main.
Autre grief noté, selon un magistrat que nous avons contacté, il y avait, dit-il, un problème concernant la qualité des détenus concernés par le dossier. Autrement dit, certains parmi ceux-ci étaient exclus du bénéfice de la mesure. Par conséquent leur nom ne devait pas figurer sur la liste publiée, au regard de leur situation devant la loi et conformément aux textes en vigueur.
Cette situation, comme on le devine aisément, a suscité beaucoup de mécontentement et surtout de l’incompréhension au sein de la population. In fine, tout indique que la sagesse a prévalu et que les deux parties, selon nos informations, ont pu revenir à de meilleurs sentiments. Evitant ainsi de pénaliser davantage de monde.
En rappel, ce sont 1207 détenus, sur un total de 7661 prisonniers que comptent actuellement l’ensemble des prisons burkinabè, qui ont vu leur situation individuelle gouvernée par le décret portant remise totale de peine à titre exceptionnel au regard du Covid-19.

Juvénal Somé
Kaceto.net