Une coalition d’organisations de la société civile et des structures syndicales ont animé un point de presse le 31 mai pour rappeler dénoncer l’impunité dont bénéficient les auteurs du crime sur les personnes de deux militants de l’Organisation démocratique de la Jeunesse (ODJ), à savoir Fahadou Cissé et Hama Balima dans le Yagha.
La coalition s’est également exprimé sur la gouvernance générale et la reprise des cours aujourd’hui 1er juin dans les classes d’examen et les modalités de validation de l’année scolaire 2019-2020.

Fahadou CISSE, membre du bureau national de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), et Hama BALIMA, trésorier de la section ODJ du YAGHA ont été assassinés à quelques encablures de la ville de Sebba le 31 mai 2019. Un an après, la lumière est loin d’être faite sur cette affaire. Selon Gabin Korbéogo, président de l’ODJ, les corps de leurs camarades sont toujours à la morgue du CHU de Bogodogo et toutes les démarches entamées pour le traitement judiciaire de ce dossier ont été vaines. « Après le scanner des corps, le médecin légiste s’est déclaré incompétent à faire l’autopsie », a révélé Korbéogo. Un crime perpétré dans un contexte de lutte contre le terrorisme et où, contrairement à l’optimisme affiché par le premier ministre lors de son discours sur l’état de la nation le 19 mai dernier, cela "cache mal une situation sécuritaire très précaire avec des portions de notre territoire où l’État ne peut plus exercer son autorité.
Pour Korbéogo, au nom de la lutte contre le terrorisme, des assassinats ciblés ou de masses, des arrestations arbitraires se multiplient sous le pouvoir Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et alliés. Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) et le MBDHP dénoncent le fait qu’à Tanwalbougou, dans l’Est du Burkina, des Burkinabè soient "chassés dans leur propre pays comme du gibier par des gendarmes en plein marché, attrapés, enlevés et assassinés sans qu’aucun tribunal n’ait eu le temps d’établir leur culpabilité". Après cet événement d’une extrême gravité, le président du Faso avait, on s’en souvient, jugé que cela était "inacceptable" et posait avec un peu plus d’acuité le défi de la "construction d’une nation unie, fondée sur la primauté du droit, dans l’édification d’un vivre ensemble qui garantisse l’égalité, la paix et la sécurité pour tous les citoyens".
Les organisations de défense des droits de l’homme attendent de voir si le président du Faso va prendre, sans état d’âme, les décisions qui s’imposent après les propos du procureur de Fada tenus lors de la conférence de presse qu’il a animé le 27 mai 2020 et au cours de laquelle, il a déclaré que les 12 personnes morts n’avaient pas été tuées par balles.
Pour le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, il est temps de tirer la sonnette d’alarme, car dit-il, « nous avons dépassé le cap de la stigmatisation ». Le président de l’ODJ dit constater avec indignation, que la conférence de presse organisée par le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, Bokuy Judicaël Kadéba suscite plus de questions qu’elle n’apporte des réponses aux interrogations relatives à la mort des 12 présumés terroristes.
Sur le plan de la gouvernance vertueuse, la situation est peu reluisante, d’après la coalition qui rappelle que la mission d’enquête parlementaire sur les mines et la dernière mission d’information de l’assemblée nationale sur le même sujet ont toutes révélé des délits graves en termes de fraude et de spéculation qui font perdre à l’Etat burkinabè et aux collectivités des centaines de milliards de francs CFA. "Par exemple, la commission d’enquête parlementaire de 2016 estime à plus de 551 milliards de francs les pertes subies entre 2005 et 2015 ! Quant à la mission d’information de l’assemblée, elle a révélé qu’au titre de la taxe due par les sociétés minières, celles-ci n’ont payé qu’un milliard sur quatorze", a rappelé le président du MBDHP. Il n’a pas manqué de dénoncer la complicité que l’Etat entretient avec certaines sociétés minières qui fait perdre d’énormes ressources à la puissance publique alors que dans le même temps, on se rabat sur les salaires déjà maigres des travailleurs.
Selon Chrysogone Zougmoré, l’l’état avait pris l’engagement avec les syndicats de supprimer l’IUTS sur les primes et indemnités au niveau du privé, mais reniant sa parole, on assiste plutôt à la volonté du gouvernement d’étendre l’IUTS sur les travailleurs du public.
Conséquence, le cilmat social s’est dégradé et comme réponse, "le gouvernement a procédé à des suspensions et des coupures de salaires de plus de 730 fonctionnaires".
Sur la reprise des activités pédagogiques le 1er juin 2020 pour les classes d’examen et les modalités de validation de l’année scolaire, la coalition qui a animé la conférence de presse regrette que ces mesures aient été prises sans aucune concertation avec les partenaires sociaux, notamment les syndicats et les associations de parents d’élèves. Pour les conférenciers, les mesures décidées par le gouvernement sont "un sabotage de la formation de l’élite de demain et réduisent à néant les efforts des différents acteurs de l’Education".
A commencer par les parents d’élèves qui, pour la plupart, ont payé la totalité des frais de scolarité de leurs enfants ; les élèves qui sont en droit d’attendre la formation prévue par les textes et qui doit leur permettre de poursuivre efficacement leurs études ; les enseignants et de l’ensemble du personnel éducatif dont les compétences sur ces questions ont été royalement ignorées et qui restent convaincus qu’en dehors des calculs politiciens et revanchards, rien n’empêche que le travail qu’ils ont entamé soit correctement mené à son terme.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net