Début juillet, la banque mondiale a publié son classement 2019 des pays les plus riches selon l’indicateur du produit intérieur brut. Sur le continent africain, aucun pays francophone, c’est à dire ceux qui appartiennent à la zone franc ne figure parmi les dix premiers.
Le chroniqueur de KACETO.NET, Saidou Nikièma revient sur ce classement et interroge la pertinence de l’outil de calcul.

Le nouveau classement de la Banque Mondiale des pays les plus riches au monde est rendu public. Selon cette institution, les dix pays les plus riches d’Afrique en 2020 ou encore les dix puissances économiques africaines par ordre de mérite sont :

NIGERIA avec un produit intérieur brut de 448,12 milliards de dollars
AFRIQUE DU SUD avec un produit intérieur brut de 351,43 milliards de dollars
EGYPTE avec un produit intérieur brut de 303,15 milliards de dollars
ALGERIE avec un produit intérieur brut de 169,98 milliards de dollars
MAROC avec un produit intérieur brut de 118,72 milliards de dollars
ETHIOPHIE avec un produit intérieur brut de 96,11 milliards de dollars
KENYA avec un produit intérieur brut de 95,51 milliards de dollars
ANGOLA avec un produit intérieur brut de 94,63 milliards de dollars
GHANA avec un produit intérieur brut de 66,98 milliards de dollars
TANZANIE avec un produit intérieur brut de 63,18 milliards de dollars
Ce classement nous interpelle tous, surtout les pays africains francophones ou de la zone CFA.
Le premier constat qui découle de ce classement est que ce top dix des pays d’Afrique les plus riches est composé de cinq pays anglophones, trois pays arabes, un pays lusophone et un pays de langue non coloniale (Éthiopie).
Le deuxième constat est que chacun des pays de ce top dix des pays d’Afrique les plus riches détient sa propre monnaie.
Le troisième constat est qu’il n’y a aucun pays francophone dans ce top dix.
Le quatrième constat est qu’il n’y a aucun pays de la zone CFA dans le ce top dix des pays d’Afrique les plus riches.
De ces observations, est-ce une malédiction d’avoir été colonisé par la France ou d’appartenir à la zone CFA ?
D’abord, ces pays dit francophones sont d’une manière ou d’une autre indépendants du colon et peuvent mener leurs projets de développement comme ils l’entendent. Donc de ce point de vu le simple fait de parler français ne devrait en aucun cas influencer les performances économiques de ces pays.
Ensuite, l’UEMOA est la zone économique la plus performante sur le continent africain avec un taux de croissance du produit intérieur brut de plus de 6% par an depuis une dizaine d’années. De ce constat, être dans l’UEMOA et donc de la zone CFA devrait être une aubaine plutôt qu’une malédiction.
Par ailleurs cette croissance moyenne de 6% par an sur une dizaine d’années montre en quoi les pays de l’UEMOA sont capables en termes de performance économique. La capacité de ces pays dit francophone ou de la zone CFA à s’affirmer sur le plan économique ne peut être mise en doute au vu de cet état de fait.
D’ailleurs, du point de vue économique ces pays dit riches dans ce classement de la banque mondiale ne sont pas en réalité les plus riches mais les pays africains possédant le plus grand produit intérieur brut. La richesse se mesure par habitant et non par agrégation de la production intérieure. C’est tout à fait logique qu’un pays de 200 millions d’habitants ait une production intérieure plus élevée qu’un pays de 3 millions d’habitants. En utilisant comme indicateur le produit intérieur brut, c’est normal qu’un pays comme le Nigéria soit mieux classé qu’un autre comme le Botswana.
De cette analyse, il ressort clairement que les habitants les plus riches d’Afrique ne figurent pas dans ce classement. Si l’indicateur utilisé pour effectuer le classement était le produit intérieur brut par habitant, les pays les plus riches seraient des pays comme la Guinée équatoriale, le Botswana, l’ile Maurice….
L’indicateur utilisé pour le classement est donc à revoir.

Saidou Nikièma
Doctorant en Economie
Université Thomas Sankara