Le jeudi 27 août 2020, le directeur de cabinet du ministère de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale a présidé la signature d’une convention révisée entre employés et employeurs du secteur des transports routiers. Cette révision introduit une augmentation du salaire brut dans ce secteur de 30%.

Selon le directeur de cabinet, cette convention a été signée en 2011 puis a fait l’objet d’une modification en certains de ses articles en 2017. En 2020, la faîtière des transporteurs routiers et les organisations syndicales des travailleurs ont adressé une correspondance conjointe au ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale lui annonçant qu’à la suite des concertations internes, les parties sont parvenues à un accord.
Cette mesure vise principalement à remédier au renchérissement du coût de la vie. Du point de vue économique, plusieurs scénarios peuvent se produire :
Pour les employés, une augmentation du salaire s’aperçoit comme une hausse du pouvoir d’achat, en terme simple, une possibilité pour ces travailleurs de pouvoir s’octroyer des produits qui leur étaient inaccessibles. Cela entraîne logiquement une hausse de la demande intérieure et deux situations peuvent être observées à court terme :
 les travailleurs s’octroient des biens locaux. Il s’ensuit une relance du niveau de l’activité économique nationale.
 les travailleurs s’octroient des biens importés. Il s’ensuit une réduction du niveau de revenu nationale et donc un ralentissement du niveau de l’activité économique nationale.
Pour les employeurs, la hausse du salaire constitue à priori une dépense supplémentaire. Ici, cinq scénarios pourraient être observés :
 le salaire antérieur des travailleurs concernés est inférieur au salaire d’efficience. Le salaire d’efficience est défini comme le salaire auquel le travailleur fournit un effort maximum dans la production du service. Ainsi, l’augmentation du salaire motive davantage le travailleur qui fournira plus d’efforts. Il s’en suit une augmentation de la productivité du travailleur et donc un gain supplémentaire pour l’employeur.
 le salaire antérieur des travailleurs concernés est supérieur au salaire d’efficience. Le travailleur étant à un effort maximum ne pourra plus augmenter sa productivité. Il n’y aura donc pas de gain supplémentaire pour l’employeur.
 la demande de service dans le secteur des transports routiers est inélastique. Autrement dit, les clients de ce secteur ne sont pas sensibles aux variations du coût de transport. Les sociétés de transports vont simplement augmenter le coût de transport pour couvrir la rémunération salariale supplémentaire.
 la demande de service dans le secteur des transports routiers est élastique. En d’autres termes, les clients de ce secteur sont très sensibles aux variations du coût de transport. Les sociétés de transports vont simplement supporter le coût de transport engendré par la rémunération salariale supplémentaire. À défaut ces sociétés perdront des clients.
 Il y a une concurrence accrue entre les sociétés de transports. Le service rendu au sein de ces sociétés est identique, la seule différence reste le prix du transport. Dans ces conditions, la société qui augmente son prix verra ses clients s’en aller puisque le service est le même partout. Les sociétés de transports n’auront d’autres choix que de supporter le coût de transport engendré par la rémunération salariale supplémentaire.
En résumé, dans tous les cas, une augmentation des salaires constitue une source supplémentaire de revenus pour les agents. Si ce supplément est consommé, cela augmente la demande et il s’en suit une relance du niveau de l’activité économique. Ceci rejoint le principe Keynésien qui stipule que le revenu courant est la principale source de consommation.

Saidou Nikièma
Doctorant en Economie
Université Thomas Sankara
Kaceto.net