La masse salariale du Burkina Faso est projetée à 950 milliards de fcfa dans le projet de budget 2021, soit 54.87% des recettes fiscales, contre 53.08% en 2020 et 48% en 2019. En violation flagrante du critère de convergence de l’UEMOA

Après un niveau de 36.2% en 2013, le rapport masse salariale sur recettes fiscales est sur une tendance à la hausse, s’écartant davantage du critère de convergence de l’UEMOA qui est de 35%. Cela constitue l’une des préoccupations du gouvernement. Les critères de convergences sont des règles en matière de budget pour les pays de l’UEMOA afin que la zone monétaire unique fonctionne bien. Un autre critère pas encore respecté par le Burkina Faso est le taux de pression fiscale qui est par exemple projeté à 18% en 2021 contre un taux recommandé d’au moins 20% pour les critères de convergence.
L’indicateur de convergence souffre énormément de la forte croissance de la masse salariale qui est de plus en plus non maîtrisée par le gouvernement. La masse salariale aura presque triplé en 10 ans passant en 2012 de 332.34 milliards à un niveau projeté en 2021 de 950 milliards.
A l’origine de cette progression, les revendications syndicales, les avancements, le recrutement et la loi 081 dont l’incidence avait été estimée à 20 milliards 800 millions de fcfa. Pourtant les recettes fiscales sont passées de 890.78 milliards en 2012 à un niveau projeté en 2021 de 2241.22 milliards, un accroissement moins que proportionnel par rapport à la masse salariale.

Une forte masse salariale entraîne deux effets économiques contraires.
Le premier, qui est préoccupant est que comme les ressources de l’Etat sont limitées, la hausse de la masse salariale diminue les ressources pour l’investissement afin de soutenir la croissance économique à long terme.
Le deuxième effet, qui est souhaitable, est que la hausse des salaires encourage les travailleurs à devenir plus productifs. Toutefois, en matière de politique, les gouvernants visent généralement la maîtrise de la masse salariale. Ils ont à cet effet, trois principaux moyens relatifs à la rémunération, les effectifs et la durée du travail. Les mesures sur les rémunérations visent l’équité dans le système de rémunération. Elles font généralement face à une certaine résistance. La maîtrise des effectifs constitue le puissant outil pour contenir la masse salariale : réduction des effectifs en consacrant le recrutement aux ministères prioritaires, le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux. La réduction des postes aux concours directs de la fonction publique atteste de l’usage de ce moyen par le gouvernement burkinabè. Pour la durée du travail, il s’agit par exemple de favoriser une meilleure organisation du travail afin que la durée de travail effective des agents augmente et soit le plus proche possible du temps de travail légal. Cela permet de maintenir les services ou d’éviter leur dégradation suite à la réduction des effectifs.
La maîtrise de la masse salariale semble de plus en plus échapper au gouvernement burkinabè pendant que les revendications syndicales demeurent.

Florent Maré
Doctorant en Economie
Université Thomas Sankara
Kaceto.net