L’armée de l’air burkinabè à 35 ans. Ces noces de rubis nous donnent l’opportunité de lever un coin du voile sur les missions de cette entité de l’armée et sur sa contribution à la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

1er octobre 2020. L’armée de l’air du Burkina Faso célèbre son 35e anniversaire. Quelques jours plus tôt, elle venait de perdre le premier Général de l’Armée de l’Air burkinabè ; le général de division Ali Traoré décédé le 28 septembre des « suites de maladie ». Créée le 1er octobre 1985, l ’armée de l’air est , entre autres, chargée de la défense aérienne du territoire. A ce titre, elle dispose de personnel navigants officiers (pilotes d’avions de chasse, de transport…) et non navigants officiers (mécaniciens, télémécaniciens, agents de renseignement,…). Au niveau de la défense aérienne, ces missions peuvent être scindées en 02 volets : la prévention et la protection. La prévention consiste à empêcher l’émergence de situations conflictuelles et à anticiper la réapparition de menaces majeures, grâce notamment au renseignement, au pré-positionnement de ses forces, à la coopération. La protection vise à assurer la sûreté du territoire national, de son espace aérien et de ses points sensibles contre toutes les menaces extérieures. L’armée de l’air intervient aussi dans le développement socio-économique du pays à travers la lutte antiacridienne, l’ensemencement des nuages,…Plusieurs qualités font la particularité de l’armée de l’air. Il en est ainsi de sa réactivité et de sa rapidité d’intervention, mais aussi de la puissance de ses forces et de sa capacité à déployer des unités à grande distance. Ses moyens aériens peuvent remplir de nombreuses missions différentes et s’adapter avec souplesse à n’importe quelle situation. Elle peut enfin s’appuyer sur une grande précision de tir, une technicité avancée, et, surtout, sur son réseau de bases aériennes, véritable outil de combat. L’histoire et l’actualité renforcent encore cette orientation. Le parc aérien comprend de nombreux types d’aéronefs : des avions de combat aux avions de transport, en passant par les avions de liaison et les hélicoptères. La base aérienne est par essence l’outil de combat de l’armée de l’air. Elle est en permanence opérationnelle.

En 2019, l’armée de l’air a effectué 2684 heures de vol dont 2482 heures entrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, 167 heures de vol en appui à l’administration publique et 35 heures de vol en appui au privé. Depuis le début des attaques terroristes, l’armée de l’air monte en puissance. Les frappes aériennes ont neutralisé plusieurs dizaines de terroristes, détruit des motos, des tricycles, des armes et des fûts d’essence. Grâce au ciblage et à la reconnaissance par vecteur aérien, les bases terroristes sont localisées avec exactitude permettant ainsi d’éviter les dommages collatéraux. Le Colonel-major Kounsaouma Palenfo, chef d’État Major de l’armée de l’air est formel :
« Aujourd’hui, l’armée de l’air est capable d’atteindre toutes frontières du Burkina Faso pour appuyer les unités qui sont sur le terrain »

Renforcer son efficacité face au terrorisme}

Aujourd’hui, au regard des modes opératoires des groupes terroristes (groupes réduits et agiles), le soutien aérien (surveillance et reconnaissance) se révèle essentiel pour les opérations au sol. L’armée de l’air doit donc s’adapter en permanence avec une capacité aéronautique complète, diversifiée et performante. Être à la hauteur de ces ambitions exige non seulement des moyens financiers et humains mais aussi et surtout une vision stratégique. Les efforts doivent être maintenus en matière de capacités de renseignement et de commandement, d’entrée en premier, de combat et de soutien. Analyser et comprendre sont des préalables à toute décision politique et militaire. Ils sont indispensables à la conduite de la manœuvre militaire aux niveaux stratégique, opératif et tactique. Il est d’abord nécessaire de poursuivre les investissements humains et techniques en matière de recueil de renseignement sur l’ensemble du spectre (humain, électromagnétique, radar, optique, numérique) en diversifiant les plates-formes, les capteurs et les modes de recueil (notamment aéronefs habités et drones, moyens spatiaux). La complémentarité des capteurs doit permettre l’accès à des cibles d’intérêt sur tout le spectre des menaces, quel que soit le niveau de permissivité de l’engagement. Un effort particulier pourra être porté sur l’aide augmentée à l’analyse du renseignement (big data, intelligence artificielle). Outre une capacité de surveillance en temps réel du ciel et de l’espace, une capacité d’alerte avancée permettrait de mieux caractériser la menace balistique, de déterminer l’origine d’un tir et d’évaluer la zone ciblée. Avec ses Celier Xenon, super tucano, beech 200, super king air, Mi-171Sh… l’armée de l’air burkinabè est plus que jamais déterminée, aux côtés des différentes unités, à neutraliser les terroristes. Ses résultats sont déjà fort remarquables. Le déluge de feu se poursuivra sur tous les groupes qui veulent semer la terreur au Burkina Faso.

Jérémie Yisso BATIONO

Enseignant chercheur

Ouagadougou