Plus de 6 millions de Burkinabè étaient appelés aux urnes hier dimanche 22 novembre 2020 pour l’élection du président du Faso et celle des 127 députés qui constitueront l’assemblée nationale. Les électeurs ont pris d’assaut les 21.000 bureaux de vote pour exercer leur droit citoyen, un exercice qui s’est plus ou moins bien déroulé. Reste que des difficultés ont été constatées dans plusieurs bureaux de vote, suscitant des suspicions de fraude.

Treize candidats ont brigué hier la magistrature suprême au, dont une femme.
Hier, après trois semaines de campagne au cours de laquelle les candidats ont parcouru les villes et les campagnes pour exposer leur programme et prendre des engagements à réaliser le peuple du peuple, le scrutin s’est ouvert sur l’ensemble du territoire. Tôt le matin, les citoyens, qui votaient pour la 6ème fois sans interruption depuis le retour du multipartisme en 1991, ont ainsi pris d’assaut les différents bureaux de vote pour exercer le droit que leur confère la loi fondamentale burkinabè.
Le candidat du MPP, Roch Marc Christian Kaboré, celui de l’UPC, Zephirin Diabré et Eddie Komboigo du CDP ont entre autres, voté dans leur bureau de vote à Ouagadougou. Après avoir déposé son bulletin dans l’urne, le président sortant Roch Kaboré a souhaité un vote massif des populations et formulé le vœu qu’il soit effectué dans la paix et la transparence.

Candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) Zéphirin Diabré a également invité les populations à sortir pour exprimer leur voix afin que le changement qu’il appelle de ses voeux depuis 2010 soit effectif. Il a interpellé les responsables de la CENI sur des suspicions de fraude signalées dans plusieurs localités du Burkina Faso notamment dans l’Oudalan où le ministre de la Défense, soutien du candidat du MPP, aurait fait fermer des bureaux de vote pour les rouvrir dans d’autres localités prétextant des questions sécuritaires. Zephirin Diabré a invité les populations à rester mobilisées et à dénoncer toute tentative de fraude aux autorités compétentes.


La réalité dans des bureaux de vote

Les premières difficultés ont commencé à apparaître quelque temps après l’ouverture des bureaux de vote à 6 heures : manque d’isoloir, absence de la liste des électeurs, des bureaux de vote introuvables, des nom s qui ne figurent pas sur la liste électorale, etc. Autant d’insuffisances relevées dans certains bureaux de vote aussi bien dans la capitale, Ouagadougou qu’en province.
Au bureau de vote numéro 5 de l’école Kaonwende-waogré de l’Arrondissement 7 de Ouagadougou, les bureaux de vote ont ouvert avec un léger retard . Selon le président du bureau, ce retard est dû à une défaillance organisationnelle. Il a ainsi reçu les listes des électeurs avec du retard, tout comme l’encre. Certains électeurs n’ont pas pu prendre leur mal en patience et ont rebroussé chemin. Et selon le président, certains devaient se rendre au culte.

L’ambiance à 12h30 au bureau de vote du lycée privé le Label de l’Arrondissement 6 de Ouagadougou était bonne. L’affluence y est et la file d’attente longue. Une électrice – qui a parlé sous anonymat – dit être dans le rang depuis près de 30 mn et croit qu’elle attendra encore 30 mn avant de pouvoir voter vu l’affluence. Certains bureaux de vote grouillent de monde, tandis que d’autres sont quasiment vides, comme les bureaux de vote 4 et 5.

Au bureau 7 du secteur 43 de l’arrondissement 10, tout se passe bien. Le scrutin a pu démarrer à 6h00 et la présidente du bureau, Yanogo Amédée confie qu’il n’y a pas de difficultés particulières à signaler. Tout le matériel de vote est là et les électeurs ne perdent pas du temps pour accomplir leur devoir. A peine 2 mn pour la présidentielle, mais un peu plus pour les législatives où il y a avait 88 logos sur le bulletin, ce qui n’est pas pour faciliter la tâche aux électeurs analphabètes.
Même constat dans le bureau voisin numéro 6 présidé par Baga Amédé où 500 électeurs y sont inscrits. En revanche, à l’école de la Tram d’accueil, toujours dans l’arrondissement 10, on enregistre quelques soucis : manque de gilet électoral, de dissolvent et des électeurs qui ne trouvent pas leur noms sur la liste.
"Dans ce cas, nous les envoyons à la Commission électorale d’arrondissement qui interroge la plateforme de la CENI pour trouver le nouveau bureau" explique le président du bureau Saré Mathieu.
Kaceto.net a accompagné un électeur qui était dans une situation pareille. Une fois à la Commission, d’arrondissement, il suffit d’une manipulation de quelques minutes pour trouver le bureau de l’électeur. "En fait, explique, Zakaria Bagné, cadre d’appui technique à la CENI pour l’arrondissement 10 et la commune de Saba, la CENI a fusionné certains bureaux où il y avait peu d’électeurs. Il suffisait aux électeurs de consulter la liste qui avait été affichée après les opérations d’enrôlement pour découvrir le numéro de son bureau de vote. Ce que beaucoup n’ont pas fait".

Au secteur 4 de la commune de Ziniaré, 4 bureaux sont installés sur la place publique. Au bureau 1, 276 électeurs sont inscrits et ici aussi, beaucoup de retrouvent pas leur nom sur la liste électorale. Le président du bureau Mathieu Saré confie que dans pareilles situations, "on envoie les gens voir la commission communale et tout se règle".
A l’inverse du bureau numéro 1, celui d’en face, le numéro 4 connait une forte affluence. Il faut patienter au moins 20 mn avant de pouvoir voter.
Dans l’ensemble, tout s’est passé selon plusieurs observateurs rencontrés parfois sur le terrain, à l’image de la CODEL, du Cen-Sad et de la CEDEAO.
La CENi qui avait promis la publication des résultats provisoires lundi a suspendu les opérations de publications après que l’opposition ait protesté contre les fraudes et le manque de transparence qui aurait entaché le scrutin.

Cheick Traoré et Joachim Vokouma
Kaceto.net