Attendue depuis une semaine après la reconduction du premier ministre Christophe Dabiré, la composition du premier gouvernement du second mandat du président Roch Kaboré a été rendue publique ce soir 10 janvier au cours du JT de la RTB par le secrétaire général du gouvernement, Stéphane Sanou.
En attendant d’y revenir en détail, quels enseignements tirer de cette nouvelle équipe chargée de "mettre les Burkinabè au Travail" comme l’a annoncé le président Kaboré dans son discours d’investiture le 28 décembre 2020 ?

Premier enseignement : le chat noir du Nayala, Emile Paré doit être un homme heureux, lui qui n’a eu de cesse de critiquer la présence de certains ministres non encartés et de réclamer un gouvernement politique avec la présence de militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui ont mouillé le maillot dans la conquête du pouvoir d’Etat. Sur les 33 membres du gouvernement Dabiré II, 25 viennent du MPP, dont onze (11) siègent au Bureau exécutif national (BEN) l’instance suprême du parti. Ainsi, Clément P. Sawadogo, premier vice-président du parti signe son grand retour au gouvernement en tant que ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation. A ses côtés siègent également entre autres, Eric Bougouma, ministre des Infrastructures, Bachir Ismaël Ouédraogo, désormais à la tête du ministère de l’Energie, des mines et des carrières, Ousséni Tamboura en remplacement de Remis Dandjinou en tant que ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Stanislas Ouaro, qui conserve l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues.
Autres cadres du BEN membres du gouvernement, Siméon Sawadogo, l’ancien ministre d’Etat, ministre de l’Administration, de la décentralisation et de la cohésion sociale, "dégradé" ministre de l’Environnement, de l’économie verte et du changement climatique, Salifo Tiemtoré qui conserve le portefeuille de la Jeunesse, de la promotion de l’entreprenariat et des jeunes, Alkassoum Maïga au ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation et l’historienne Foniyama Elise Ilboudo au poste du ministre de la Culture, des arts et du tourisme.

Deuxièmement, avec 13 députés contre 3 durant la précédente législature, le Nouveau temps pour la démocratie (NTD) de Vincent Dabilgou peut se sentir frustré. Il ne conserve que le seul portefeuille des Transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière.
Troisièmement, Maître Sankara de l’UNIR/PS entre enfin dans le gouvernement au poste pour le moins sensible, celui de d’Urbanisme, de l’habitat et de la ville. C’est donc à celui qui revendique l’héritage politique de Thomas Sankara de piloter la réforme agraire et foncière et de satisfaire les attentes de milliers, voire de millions de Burkinabè qui rêvent d’avoir un terrain et qui assistent impuissants à l’accaparement des terres par les sociétés immobilières.

Troisièmement, avec 9 femmes sur 33, le gouvernement Dabiré II contient 27% de femmes, en dessous des 30% prévu par la loi sur le quota Genre. Les associations féministes apprécieront.

Quatrièmement, deux ministres gagnent du galon dans la nouvelle équipe : Alpha Barry, qui en plus des Affaires étrangères, récupère le portefeuille de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, désormais ramené au rang de ministère délégué comme dans le premier gouvernement de Paul Kaba Thiéba.
Les Pawétos paient peut-être leur faible inscription sur les listes électorales, eux qui ont pu pour la première fois de l’histoire politique de notre pays, participer aux votes du 22 novembre 2020. Egalement Bachir Ismaël Ouédraogo, désormais à la tête d’un grand ministère de l’Energie, des mines et des carrières . Exit Idani Oumarou, sans doute emporté par l’affaire dite du charbon fin, toujours pendante devant la justice.
"La Covid l’a tuée" est-on tenté de dire concernent Claudine Lougué, désormais ex ministre de la Santé, remplacé par le président de l’ordre des médecins, Charlemagne Ouédraogo.
Le président du Faso et le premier ministre font toujours confiance au ministre Harouna Kaboré en le gardant à son poste de ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, au grand désarroi des militants d’une association de commerçants qui ont récemment demandé maladroitement son départ, au prétexte qu’il ne serait pas attentif aux préoccupations des petits commerçants. Même en démocratie, ce n’est pas toujours la rue qui gouverne !
L’événement dans la formation du gouvernement Dabiré II est sans conteste l’arrivée du président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) Zéphirin Diabré au poste de ministre d’Etat auprès du président du Faso, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.
L’ancien président du chef de file de l’opposition politique rejoint donc la majorité présidentielle, clarifiant ainsi la position de son parti sorti affaibli des dernières législatives (12 députés contre 33 avant). Un rapprochement qui n’a pas surpris les lecteurs de Kaceto.net puisque dans nos éditions du 5 décembre 2020, nous rapportions les confidences d’un cadre de l’UPC selon lesquelles, " il est exclut que l’UPC soit dans le CFOP" (https://www.kaceto.net/spip.php?article9424).
Le succès du grand chantier de la réconciliation nationale, qui doit être achevé d’ici au plus tard juin 2021 repose donc sur les épaules du président de l’UPC, lequel a siégé durant plusieurs aux côtés de l’actuel chef de l’Etat, dans les gouvernements successifs de Blaise Compaoré.

Joachim Vokouma
Kaceto.net

Voici la composition du gouvernement Dabiré II

Ministre d’Etat, Ministre auprès du Président du Faso, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale
Zéphirin Diabré
Ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des anciens combattants
Moumina Chériff Sy
Ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation
Clément Sawadogo
Ministre de la sécurité
Ousséni Compaoré
Ministre des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur
Alpha Barry
Ministre de l’économie, des finances et du développement
Lassané Kaboré
Ministre de la Justice, des droits humains et de la promotion civique, Garde des sceaux
Victoria Ouédraogo Kibora
Ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales
Stanislas Ouaro
Ministre de la santé
Charlemagne Ouédraogo
Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation
Alkassoum Maïga
Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale
Séni Ouédraogo
Ministre de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire
Hélène Marie Laurence Ilboudo
Ministre de l’économie numérique, des postes et de la transformation digitale
Hadja Fatimata/Ouattara Sanon
Ministre de la communication et des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement
Ousséni Tamboura
Ministre de l’agriculture et des aménagements hydro-agricoles et de la mécanisation
Salifou Ouédraogo
Ministre de l’eau et de l’assainissement
Ousmane Naco
Ministre des infrastructures et du désenclavement
Eric Bougouma
Ministre de l’énergie, des mines et des carrières
Bachir Ismaël Ouédraogo
Ministre des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière
Vincent Dabilgou
Ministre de l’industrie, du commerce et de l’artisanat
Harouna Kaboré
Ministre des ressources animales et halieutiques
Modeste Yerbanga
Ministre de la jeunesse, de la promotion de l’entreprenariat et des jeunes
Salifo Tiemtoré
Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat et de la ville
Bénéwendé Sankara
Ministre de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique
Siméon Sawadogo
Ministre de la culture, des arts et du tourisme
Foniyama Elise Ilboudo/Thiombiano
Ministre des Sports et des Loisirs
Dominique Marie André Nana
Ministre déléguée auprès du ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation, chargée de la Décentralisation
Madiara Sagnon/Tou
Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur
Maxime Koné
Ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et du développement, chargée du Budget
Edith Clémence Yaka
Ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et du développement, chargée de l’aménagement du territoire
Pauline Zouré/kaboré
Ministre délégué du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, chargé de la recherche scientifique et de l’innovation
Maminata Traoré Coulbibaly
Ministre délégué auprès du ministre de l’énergie, des mines et des carrières, chargé des mines et des carrières
Aimé Zongo
Ministre délégué auprès du ministre du ministre de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, chargée de l’artisanat
Louise Ane Go
Secrétaire général du gouvernement
Wenceslas Sanou