L’union d’action syndicale s’exprime sur le sujet qui alimente le débat public depuis plusieurs mois : la réconciliation nationale, érigée priorité numéro 1 par le chef de l’Etat Roch Kaboré. La position de l’UAS

La contribution de l’UAS se décline en deux volets : d’abord des observations et, ensuite nos attentes et suggestions.

I-Observations

Telle qu’elle nous a été présentée, la réconciliation nationale prend les allures d’un vaste programme de société qui est du ressort des partis politiques et dont la réalisation requiert de nombreuses années avec tous les risques d’échec à long terme alors que certains dossiers datent déjà.

Dans la typologie des réconciliations nationales que vous nous avez présentées, il apparaît des types de réconciliation dont le traitement est en rapport direct avec la gouvernance. Ainsi, les questions de réconciliations sécuritaire, économique et financière commandent, pour un traitement durable, que la gouvernance soit revue et améliorée.

A écouter certains acteurs sur la question de la réconciliation nationale, celle-ci est perçue comme une opportunité pour des bourreaux de se mettre dans la peau de victimes pour exiger de l’Etat d’être dédommagés. Dans le même sens, nous observons des discours qui tendent à criminaliser les insurgés allant jusqu’à exiger qu’ils s’amendent devant leurs victimes.

Pendant qu’il est question de réparer les abus commis par l’Etat dans le cadre de la réconciliation, nous observons que ces pratiques ont toujours cours dans l’administration. Dans ces conditions, de nombreux Burkinabè sont fondés à douter de la bonne foi des dirigeants sur le discours relatif à la réconciliation nationale. En effet, on ne peut pas inviter les Burkinabè à œuvrer pour la réconciliation et dans le même temps, s’illustrer dans la violation des principes de l’Etat de droit, par exemple en refusant d’exécuter des décisions de justice.

II-Suggestions/Attentes

Sérier les cas à traiter dans le cadre de votre mission ;
prendre des mesures exceptionnelles pour permettre à la justice de décongestionner ses tiroirs pleins de dossiers non examinés ;
dans les cas de crimes de sang, œuvrer à ce que la vérité et la justice soient établies, ce qui suppose que les exécutants et les commanditaires soient identifiés et qu’ils soient prioritairement mis à contribution pour dédommager les victimes de leurs actes. Pour nous, il est important que la vérité se fasse et que la justice soit rendue aux victimes. C’est la meilleure façon de jeter les bases pour le renforcement du vivre-ensemble. Sans cela, les cœurs meurtris risquent de ne pas s’apaiser ;
juger les crimes économiques (détournements, fraudes, corruption, …)
assurer la prise en charge par l’Etat des victimes et ayant-droits des victimes de l’insurrection populaire ainsi que de la résistance au coup d’Etat.
engager l’Etat à s’assumer dans la gestion du foncier : reconsidérer sa politique, gérer les contentieux et donner une suite aux enquêtes ;
faire de l’administration publique une administration républicaine ;
veiller à ce que la réconciliation nationale ne soit pas une occasion pour que des bourreaux ne se présentent comme des victimes pour exiger un dédommagement par l’Etat ;
trouver les voies et moyens pour un traitement diligent des dossiers entre les mains du HCRUN dont les dossiers (individuels et collectifs) de travailleurs victimes de licenciements abusifs et autres mesures arbitraires. Parmi eux, certains sont détenteurs de décisions de justice en leur faveur ;
instaurer un dialogue sincère avec les organisations syndicales et mettre en œuvre les engagements pris avec elles ;
avant la tenue du forum, il est capital de donner des gages de bonne foi en mettant un terme aux atteintes aux droits et libertés des citoyens, en exécutant les décisions de justice.
L’UAS prend note des assurances données en affirmant que la réconciliation nationale ne va pas donner une prime à l’impunité et que la démarche est guidée par le principe du triptyque Vérité – Justice – Réconciliation. Elle tient à affirmer son attachement à ce principe et encourage le ministre d’Etat à se laisser guider par celui-ci tout au long du déroulement du processus.

Pour les secrétaires généraux

Le Président du mois des centrales syndicales
Paul N. KABORE , Secrétaire Général / ONSL

Le président du mois des syndicats autonomes
R. Blaise NEBIE
Secrétaire Général / SYNATRAD