Les autorités burkinabè ont reçu samedi 17 avril 2021, le troisième et dernier lot des archives sur Thomas Sankara, qui ont pendant longtemps été frappées par le sceau du « Secret national. » Ces archives ont été remis au Burkina Faso par l’intermédiaire de l’Ambassade de la France au Burkina Luc Hallade.

Novembre 2017. Le président français Emmanuel Macron est en visite d’Etat au Burkina Faso, une des plus importantes visites d’un Chef d’Etat dans le Burkina Faso post-insurrection. Emmanuel Macron, qui s’est montré admiratif de la jeunesse burkinabè lors des événements d’octobre 2014 et septembre 2015, veut la rencontrer et échanger avec elle. L’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou est choisie pour tenir ce tête à tête entre le président Français et cette jeunesse qui a Thomas Sankara dans les veines. L’occasion était belle, trop belle pour interroger le président français sur le rôle joué par son pays dans l’assassinat du leader de la révolution d’août 1983. La justice burkinabè est mise en branle sur le dossier, mais semble buter sur l’insuffisance d’informations et d’archives fiables pour faire avancer l’instruction. Face à cette jeunesse qui ne manque pas d’indexer à tort ou à raison la France d’avoir été de connivence avec les assassins du 15 octobre 1987, à la justice burkinabè qui veut des archives françaises pour élucider l’affaire Thomas Sankara et aux autorités politiques qui plaident pour un engagement de la France dans la manifestation de la vérité, Emmanuel Macron prend l’engagement de déclassifier des archives sur Thomas Sankara et les mettre à la disposition du Burkina Faso pour exploitation. La promesse était trop belle pour être vraie pour beaucoup de Burkinabè.

Il a fallu attendre octobre 2018 pour voir la France déclassifier ces archives et mettre un premier lot à la disposition des autorités burkinabè. En décembre de la même année, un deuxième lot des archives déclassifiés est mis à la disposition du Burkina Faso. Il restait depuis lors un dernier lot. Et depuis ce samedi 17 avril 2021, c’est effectif. Le troisième et dernier lot des archives sur Thomas Sankara a été remis aux autorités burkinabè par l’entremise de Luc Hallade, Ambassadeur de la France au Burkina Faso.
Selon le Chef de la diplomatie française au Burkina Faso, c’est en février 2021 que l’Ambassade a reçu sous plis fermé ce dernier lot des archives en provenance de la France. Et il explique que ce lot est un concentré de documents, d’archives du ministère de l’Intérieur français sur le contexte de l’assassinat de Thomas Sankara. Il devrait contribuer à éclairer davantage la justice burkinabè et l’opinion publique sur le contexte réel et l’ambiance qui a précédé le sanglant putsch militaire d’octobre 1987. Il précise néanmoins que ces archives ne viennent juste qu’en complément du travail abattu par la justice burkinabè et qui a permis de terminer l’instruction du dossier et la mise en accusation de certains acteurs dont Blaise Compaoré.
Pour Maxime Koné, Ministre délégué auprès du Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur, chargé de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur, la réception des archives sur Thomas Sankara témoigne de la vitalité de la coopération entre le Burkina Faso et la France. Outre cette bonne coopération, ces archives devront permettre d’aider l’opinion burkinabè à mieux comprendre le contexte dans lequel le leader de la révolution a été assassiné. Elles aideront sans doute à pouvoir identifier les auteurs de ces crime et à les punir conformément aux lois en vigueur. Maxime Koné a salué la disponibilité de la France à toujours collaborer avec le Burkina Faso dans le meilleur intérêt de toutes les deux parties.

Cheick Traoré
Kaceto.net