Dans mon précédent article paru sur Kaceto (https://kaceto.net/spip.php?article10169), je vous ai proposé une courte analyse sur la forme des trois discours à la Nation du premier ministre (PM) Christophe Dabiré, prononcés respectivement le 16 mai 2019, le 19 mai 2020 et le 20 mai 2021. Dans ce qui suit, je voudrais vous présenter une analyse rapide des principaux univers de sens qui structurent ces discours.

Ci-après donc la « pyramide » des principaux univers de sens structurant ces discours :

De cette pyramide des univers de sens inscrits dans les discours du PM Dabiré sur la situation de la Nation cinq enjeux structurants se détachent assez nettement :
1) L’enjeu de la « finance », à la base de la « pyramide Dabiré ». Nous le savons, la finance est un défi politique et social majeur dans un pays pauvre comme le Burkina Faso. L’argent est le nerf de la guerre dit-on. Car tout projet, plan ou programme a besoin de financement. Et ce n’est jamais chose facile ni pour l’Etat, ni pour les entreprises, ni pour les ménages.
2) La référence aux « enjeux sécuritaires » particulièrement redoutables que connaît le pays. Depuis 2015, notre pays, le Burkina Faso, fait face à des attaques terroristes meurtriers dans une bonne partie de son territoire national. Ces attaques ont conduit nombre de nos compatriotes à fuir leurs villages, leurs champs et tous leurs biens : ceux-là même qu’on appelle pudiquement des « déplacés internes ».
3) Les enjeux de « droit, loi, justice ». Enjeux centraux dans une République qui se veut sociale, démocratique et de droit. Nombreux sont les dossiers politico-financiers lourds en attente de jugement. Sans parler des problématiques de la justice au quotidien pour Monsieur et Madame Tout-le-monde.
4) Les enjeux d’« éducation et de formation ». Incontournables pour comprendre le passé, éclairer et maîtriser le présent individuel et collectif, préparer l’avenir dans tous les domaines de la vie. La crise actuelle dans le système éducatif burkinabè, suscitée par les nouvelles réformes envisagées par le gouvernement Dabiré, montre à quel point les enjeux d’éducation et de formation sont sensibles dans la vie d’une Nation.
5) Enfin, l’enjeu de la « territorialisation » (« niveau territorial ») qui semble mettre en évidence une triple volonté : a) volonté d’adapter les politiques publiques nationales à la spécificité du local (région, province, commune, département) ; b) volonté de prendre en compte les échelons politico-administratifs inférieurs (gouverneurs, hauts commissaires, préfets) ; d) volonté de promouvoir la démocratie locale (maires, Conseils municipaux, Conseils villageois de développement, responsables coutumiers et religieux, etc.). Cette triple volonté de territorialisation ne va pas sans poser de sérieuses difficultés organisationnelles et de mise en œuvre sur le terrain.
Je n’ai pointé ici que les cinq enjeux les plus saillants de prime abord. Il y en a bien d’autres tout aussi importants : « santé », « services / administrations publics », « économie de façon générale », « voies, infrastructures, équipements », « eau, énergie, électricité », « femmes, jeunes, enfants » etc.
La cartographie sémantique ci-après permet de mettre en évidence les relations entre les principaux univers de sens inscrits dans les discours du PM Dabiré sur la situation de la Nation burkinabè, y compris autour du « JE » (et équivalents) et du « NOUS » (et équivalents) dabiréens.

Cette cartographie parle d’elle-même. Je ne m’y étendrai donc pas. Je vous laisse vous en approprier. En revanche, dans mon précédent article (https://kaceto.net/spip.php?article10169) sur les discours sur la situation de la Nation du PM Dabiré, je m’interrogeais sur l’extérieur structurant du « NOUS » dabiréen. Eh bien, j’observe que ce « NOUS » massif, qui s’identifie clairement à la Nation burkinabè, est appelé à faire face aux enjeux sécuritaires (référence notamment aux terroristes et à leurs macabres actes, mais aussi aux conflits intercommunautaires) auxquels est confronté le pays depuis 2015. Enjeux sécuritaires qui ont un fort impact sur la vie des populations burkinabè (une pensée pour les personnes déplacées, vulnérables ou rendues vulnérables du fait de la situation dramatique qui prévaut dans certaines zones du pays). Cette donne met sérieusement à l’épreuve notre Etat de droit et de justice pour tous et questionne notre capacité à vivre durablement en harmonie, reconciliée, en paix, dans le respect mutuel et en toute liberté individuelle et collective.

Ousmane SAWADOGO, Expert/Consultant Text Analytics & TM
Kaceto.net