Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) s’exprime sur la crise qui frappe le secteur de l’éducation nationale depuis l’annonce des réformes entreprises par le gouvernement. Tout en condamnant la "répression" contre les manifestants, l’organisation de défense des droits de l’homme appelle au dialogue pour une sortie de crise.

Le 10 mars 2021, le gouvernement a adopté en conseil des ministres des réformes dans l’organisation des concours et examens scolaires. Certaines de ces réformes ont vite été décriées et rejetées dans beaucoup de localités par des acteurs de l’éducation nationale dont essentiellement des élèves et des personnels de l’éducation, à travers leurs organisations respectives.
A Ouagadougou en particulier, les élèves ont lancé des mots d’ordre de grève et organisé des manifestations publiques pour exprimer leur rejet de ces mesures et demander leur retrait par le gouvernement.
Face à ces revendications et à l’ampleur grandissante de ces manifestations, les voies du dialogue et de la concertation avec les élèves seront hélas compromises. Des autorités en charge de l’éducation nationale jugeront ces élèves immatures et argueront de ce fait, du défaut de qualité et de qualification de ceux-ci pour discuter de leur propre évaluation.

La répression des manifestations d’élèves fut particulièrement violente les journées des 17 et 18 mai 2021. A coups de gaz lacrymogène et n’épargnant ni élèves, ni enseignants, des éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) investirent des enceintes d’établissements scolaires, au mépris de l’obligation de respect des franchises scolaires.
Les violences et affrontements qui marquèrent particulièrement ces deux journées ont causé de nombreux blessés parmi les élèves et les éléments de la police, et occasionné d’importants dégâts matériels, dont le saccage du bureau et la destruction du véhicule du proviseur du lycée Philippe Zinda KABORE.
C’est dans ce contexte de violences et de répression tous azimuts qu’atteint au front par un projectile de police alors qu’il était dans le parking de son établissement, Mohamine SINARE, élève de la classe de 6ème décèdera le 23 mai 2021 des suites de ses blessures, alors qu’il avait été admis à l’hôpital Yalgado OUEDRAOGO.
Face à cette situation toujours marquée par une tension latente du fait notamment du décès de Mohamine SINARE et de l’interpellation et du déferrement d’élèves à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), la Section MBDHP du Kadiogo :
– présente ses condoléances les plus attristées à la famille de l’élève Mohamine SINARE ;
– invite instamment les autorités judiciaires à faire toute la lumière sur les circonstances exactes du décès de l’élève Mohamine SINARE et à lui rendre justice ;
– condamne fermement la folle répression contre les élèves et leurs enseignants ;
– appelle les différents protagonistes à privilégier la voie du dialogue et de la concertation, pour une résolution correcte de la crise actuelle ;
– appelle de ce fait, toutes autorités compétentes à œuvrer à l’instauration d’un climat apaisé, notamment par la libération des élèves arrêtés et en détention provisoire ;
– invite instamment le gouvernement au strict respect des droits fondamentaux à l’éducation, à la liberté d’expression et de manifestation ;
– interpelle les autorités en charge de l’éducation nationale sur la nécessité et l’urgence de trouver, en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, des solutions adéquates aux problèmes et défis auxquels fait face notre système éducatif actuel.
Ouagadougou, le 26 mai 2021

Le Bureau de la Section