D’après l’Organisation internationale du travail,près de 90% des travailleurs vivant dans l’extrême pauvreté sont dans les pays d’Afrique subsaharienne. Une situation, d’autant plus difficile que l’année dernière, la région a enregistré une récession économique historique estimée à -1,9% par le FMI.

En Afrique, neuf millions de travailleurs supplémentaires ont été plongés dans l’extrême pauvreté en 2020. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les tendances mondiales du secteur de l’emploi.

D’après l’institution, le taux de travailleurs pauvres est passé de 31,8% de la population active en 2019 à 34% en 2020. Cela signifie que neuf millions de travailleurs supplémentaires subvenaient aux besoins de leurs familles avec moins de 1,9 $ par jour.

Au sein du continent, c’est la région subsaharienne qui concentre le plus grand nombre de travailleurs vivant dans la pauvreté. D’après l’OIT, 39,1% de la population active de la région vivaient dans l’extrême pauvreté en 2020 contre seulement 2,5% pour l’Afrique du Nord. Concrètement, en Afrique subsaharienne, ce sont huit millions de travailleurs qui ont sombré dans l’extrême pauvreté l’année dernière (soit près de 90% du nombre enregistré par le continent entier) contre seulement 1 million en Afrique du Nord.

Cette situation est en grande partie due à la pandémie de covid-19 qui a détruit de nombreux emplois sur le continent, et a plongé des millions de personnes dans le chômage. La disparité observée entre l’Afrique du Nord et la région subsaharienne est liée à l’importance qu’occupent les emplois précaires et informels dans le marché de l’emploi, dans les pays au sud du Sahara. Ainsi, alors que le taux de chômage en Afrique du Nord en 2020 (12,7%) était largement supérieur à celui de l’Afrique subsaharienne (6,3%), on estime que plus de 85% des travailleurs des pays du sud du Sahara sont dans le secteur informel contre un peu plus de 70% pour l’Afrique du Nord.

« Outre l’absence de protection sanitaire et sociale, de nombreuses caractéristiques de l’économie informelle africaine ont rendu les travailleurs particulièrement vulnérables à la pandémie », indique l’OIT. D’après l’institution, rien que pendant le premier mois de la crise de covid-19 en Afrique, les travailleurs du secteur informel ont perdu 81% de leurs revenus.

Ces chiffres cadrent avec les estimations de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale, qui tablaient sur un recul important des gains enregistrés ces dernières années dans la lutte contre la pauvreté en Afrique, à cause de la covid-19. En octobre, la Banque mondiale estimait ainsi que 40 millions de personnes risquaient de basculer dans l’extrême pauvreté en Afrique en 2020. Dans ses perspectives économiques pour l’Afrique publiées en mars dernier, la BAD quant à elle estimait que 30 millions d’Africains avaient sombré dans l’extrême pauvreté, l’année dernière.

Notons également que l’OIT estime qu’en 2020, neuf millions d’autres travailleurs ont sombré dans une pauvreté « modérée » (avec des revenus entre 1,9 $ et 3,2 $ par jour), en raison de la crise du coronavirus. Celle-ci a déjà touché au total plus de 4,8 millions de personnes sur le continent, dont 131 441 décès et plus de 4,4 millions de guérisons.

Agence ECOFIN