La direction politique du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a animé une conférence de presse hier matin 12 juillet au siège du parti au cours de laquelle, elle a fait une analyse de la situation nationale, toujours marquée par les préoccupations sécuritaires. Les examens scolaires de fin d’année, la gestion des déplacés internes, le développement socio-économique des régions à forte insécurité, etc., sont autant de points qui ont été également abordés.

Un peu plus d’une semaine après le réaménagement gouvernemental opéré par le président du Faso et quelques jours après la manifestation organisée par le chef de file de l’opposition politique sur l’ensemble du pays contre l’insécurité et pour exprimer son soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS), le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir était face aux journalistes hier matin 12 juillet comme pour apporter une réplique.
Après un instant de silence en hommage aux victimes du massacre de 132 personnes de Solhan et de l’embuscade qui a coûté le vie à 11 policiers sur l’axe Barsalgho-Foubé, le président du MPP, Simon Compaoré est revenu sur les mesures prises par le chef de l’Etat et son appel à l’unité nationale pour faire face aux terroristes.
Pour le MPP, le président Kaboré a pris la mesure de la situation sécuritaire qui se dégrade et de l’urgence à agir vigoureusement pour protéger les populations civiles. Il a indiqué que le MPP apporte son soutien aux initiatives prises par le président. "Debout tel un seul homme, le parti se tient derrière Roch Marc Christian KABORE", a t-il déclaré. Il a rendu un hommage à " nos gendarmes et nos policiers, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP)" qui "abattent un travail colossal pour la défense et la sécurisation de notre territoire national, au péril quotidien de leurs vies".
Avec le réaménagement gouvernemental opéré le 1er juillet, le président Kaboré assume désormais le portefeuille de la Défense nationale, une décision appréciée par le MPP qui appelle toutefois "à une meilleure coordination, pour faire plus efficacement barrage au terrorisme".
Dans son discours du 30 juin, le chef de l’Etat, on s’en souvient, avait demandé aux partis politiques et aux organisations de la société civile de surseoir aux manifestions et à serrer les rangs pour contrer les terroristes. Un appel rejeté par l’opposition qui a maintenu son projet de manifestation, ce qui a le don d’agacer le MPP. "Malgré l’appel insistant à la sagesse et à la retenue de circonstance lancé par le Chef de l’Etat, vous avez été témoins des manifestations plus ou moins suivies çà et là à travers le pays, à l’initiative de l’opposition politique et de quelques groupes de la société civile. Manifestations pour dénoncer, selon eux, l’absence ou une insuffisance de résultats dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité.
Si la liberté de manifester est un droit chèrement acquis dans la lutte et par le sang versé du peuple burkinabè, alors il est compréhensible que des citoyens qui veulent s’en saisir comme mode d’expression le fassent en toute tranquillité. Le MPP s’indigne et dénonce les raisons malhonnêtes avancées par le chef de file de l’opposition pour diviser notre peuple au moment où il a le plus besoin de la cohésion et de l’unité autour du Président du Faso et des FDS", a déclaré Simon Compaoré. Il dénonce "une tentative d’utilisation ou de récupération des actes terroristes pour des objectifs purement politiciens". Très remonté contre le CFOP, il trouve "indécent et inconséquent d’exploiter l’émotion suscitée par les actes terroristes pour motiver des marches ou provoquer des crises politiques".

Le parti au pouvoir apprécie les décisions prises en faveur des personnes déplacées internes (PDI) et félicite le gouvernement d’avoir mis à la disposition des populations " 6000 hectares de terres cultivables, 200 T d’engrais, la reconstitution du cheptel et leur vaccination". Il soutient le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) qui couvre désormais six régions que sont (Sahel, Nord, Centre-Nord, Est, Centre-Est et Boucle du Mouhoun) et qui "prend en compte la mise en œuvre des volets socio économiques, de l’administration locale, de la défense et de la sécurité publique" pour un montant " de 455 milliards de F CFA".
Le MPP rappelle qu’au plan sécuritaire, plus de 800 milliards de F CFA ont été mobilisés dans le cadre de la loi de programmation militaire en 2018 afin d’équiper les FDS et "renforcer leurs capacités opérationnelles et morales". Une lutte contre l’insécurité se mène en même temps qu’une politique de développement des infrastructures et la mécanisation du secteur agricole. Le MPP souhaite bonne chance aux élèves qui sont en classe d’examen et salue le dévouement des acteurs du système éducatif pour la bonne gestion de l’année scolaire malgré "les soubresauts récents".
Au plan purement politique, le parti au pouvoir regrette la décision prise par le CFOP et ses alliés de "suspendre de manière unilatérale leur participation à la session de discussion en cours sur des questions politiques d’envergure, pour aller organiser des manifestations de dénonciation", et les suspecte d’avoir des "agendas plus ou moins cachés et inavouables".
Embouchant la même trompette, le secrétaire exécutif du MPP, Lassané Savadogo lance une pique à leurs adversaires : "L’opposition politique n’a pas le monopole du souci sécuritaire. Depuis longtemps, quand on écoute les responsables du CFOP (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso, CFOP-BF : ndlr), l’impression qu’ils donnent, c’est que ce sont eux qui sont soucieux des questions sécuritaires, et comme si à l’inverse, au niveau du pouvoir, ce souci n’existait pas", a t-il déclaré.

Dominique Koné
Kaceto.net