A l’échelle du continent, c’est incontestablement l’image du jour : hier 27 juillet, en début de soirée, l’événement politico-médiatique annoncé depuis une semaine s’est réellement produit : l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a été reçu par son successeur Alassane Ouattara à la présidence de la république de Côte d’Ivoire.
Ici, un certain 11 avril 2011, Laurent Gbagbo, qui s’était réfugié au sous-sol avec sa famille et ses proches collaborateurs, y avait été délogé après que l’armée française, appuyée par des éléments de l’ONU et des supplétifs rebelles pro-Ouattara, ait pilonné, à l’arme lourde la résidence. On connait la suite. Déporté d’abord dans le Nord du pays, Laurent Gbagbo a ensuite été transféré à la Haye où il a été jugé pour crime contre l’humanité puis acquitté. Retour donc pour la première fois sur les lieux où il avait été chassé il y a dix ans dans des conditions humiliantes.
Lorsque le bolide qui le transportait s’est garé, Laurent Gbagbo a d’abord pris son temps avant de poser son pied à terre, puis un collaborateur lui a remis son cachez-nez qu’il a porté. Ensuite, de son pas hésitant depuis sa sortie de prison, il s’est avancé vers le maître des lieux et ils se sont jetés dans les bras l’un de l’autre ! Deux types visiblement heureux de se revoir. Comme au bon vieux temps du Front républicain contre Henri Konan Bédié. Sincères ou pas, ils ont en tout cas posé tout sourire, devant les caméras avant de s’engouffrer dans le salon de la présidence pour un entretien. En l’espace de quelques minutes l’image a fait le tour du monde, inondant les médias et les réseaux sociaux. Main dans la main, deux des trois figures emblématiques de la vie politique ivoirienne depuis le début des années quatre-vingt dix, en plus de Bédié, en ressortent et s’adressent aux journalistes. C’est l’ancien pensionnaire de la Haye qui commence. Il explique qu’il est heureux d’être avec son frère et ami Alassane, qu’il est fier de cette rencontre et en souhaite d’autres. Sur le contenu de leur entretien, on apprend que le président du Front populaire ivoirien a demandé que ses partisans qui sont encore en prison soient libérés, une doléance que le président Ouattara peut satisfaire quand il le voudra. Il a été aussi question de l’avenir de la Côte d’Ivoire, de la réconciliation entre les filles et fils du pays que la guerre a divisés, provoqué des souffrances pas encore apaisées et dressé des familles, voire des communautés entières les unes contre les autres. Des querelles du passé, on en parle plus. Qui a réellement remporté le scrutin de 2010, dont les résultats ont provoqué la guerre qui a fait plus de 3000 morts ? Question désormais sans objet. Seul l’avenir du pays importe.
Comment recoller les morceaux et recréer une société ivoirienne unie, solidaire et fraternelle ? C’est tout le défi auquel particulièrement les trois leaders (Ouattara, Bédié et Gbagbo) doivent relever pour laisser en héritage aux futures générations un pays de paix et réconcilié.

Kaceto.net