Le tourisme n’est pas seulement un loisir, c’est une activité économique très rentable pour un pays qui s’en donne les moyens et en fait une priorité. C’est du moins ce que montre Sayouba Traoré avec des mots de monsieur "toutlemonde"

Quand j’ai voulu expliquer l’importance économique du tourisme à mon entourage à Ouagadougou, j’ai compris que je parlais à des sourds. Des sourds qui ne veulent rien faire pour entendre. Qui voyaient tout cela comme une perte de temps.

Je sais, dans notre vieux fond culturel, dépenser son argent juste pour se promener est un gaspillage fou. Une action d’enfants gâtés. Mais là, j’avais à faire avec des gens aux gros diplômes avec gros français de France.

Comme il semble que je suis incorrigible, irréparable même, je persiste. Utilisez votre moteur de recherche favori et regardez les recettes astronomiques que certains pays tirent du tourisme. Vous allez saliver.

Je ne suis pas économiste. Si vous me confiez la direction d’une entreprise commerciale, autant fermer la boîte tout de suite. Néanmoins, je vais tenter de décrire ce que J’ai vu, au long de mes voyages.

Ça commence dans les consulats, où des hordes de touristes paient pour un visa. Et ça rentre dans les caisses de l’Etat burkinabé. Ensuite, ces gens paient un billet d’avion. Si vous avez une compagnie nationale, c’est une clientèle captive. Et en haute saison touristique, le prix du billet d’avion peut dépasser un million de francs CFA. Si monsieur voyage avec madame et les enfants, faites la multiplication !

Une fois sur place, il faut se loger. Formidable pour les hôtels. Il faut manger. Les caissiers des restaurants ne chôment pas.

Allons plus avant ! Les sites à visiter ne sont pas tous à Ouagadougou. Les sociétés de transport et de location de véhicules se frottent les mains.

A l’arrivée, tout cela génère des emplois. Et ces travailleurs font vivre leur famille, en réinjectant leur salaire dans les circuits économiques du pays, en payant des impôts et des taxes. Si vous êtes à Ouagadougou, allez voir tous ces agents en activité à l’aéroport !

Je le dis rapidement et sans mots savants, mais chacun comprend que ce n’est pas une petite affaire. Les autres pays savent capter cette manne financière. Pourquoi nous, nous restons là avec les deux pieds dans la même chaussure ?

Eh bien, le tourisme n’est pas possible sans site à visiter, sans monuments emblématiques. Ce que la nature a créé, c’est cadeau. Mais un monument traduit en image concrète l’âme et le génie d’un peuple. C’est la création qui est sortie de nos mains qui dit à l’œil de l’étranger qui nous sommes.

De même, quand un peuple ne prend pas soin de son patrimoine touristique, quand il regarde dépérir ce patrimoine, quand les fils de ce peuple veulent manger aujourd’hui et maintenant, ce peuple a un sérieux problème.

Au Cameroun, il y a une expression en kamfranglais qui signifie "manger et casser la marmite". Au Yatenga, on est plus explicite. On dit "Béog yindga". Demain ? Son cul !

J’arrête là, car je crois que l’essentiel de mon propos est dit.

Une dernière précision : le ministère chargé du Tourisme ne m’a rien demandé. C’est mon œil qui a vu et ma bouche dit. C’est tout !

Passez un bon week-end !

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain