Une unité d’élite de l’armée guinéenne, menée par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, a pris le pouvoir dimanche à Conakry. Ce putsch suscite l’inquiétude dans les rangs de l’industrie minière mondiale, car le pays assure 20 % de l’approvisionnement mondial en bauxite.

Au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre qui a renversé le président Alpha Condé en Guinée, le prix de la bauxite guinéenne pour livraison en Chine a grimpé de 1 % lundi pour atteindre 50,50 $ la tonne. L’aluminium, produit grâce à la transformation de la bauxite, s’est de son côté négocié à 2 776 $ la tonne sur le London Metal Exchange, soit son plus haut niveau en une décennie d’après le Financial Times.

Les marchés réagissent ainsi au risque que la situation politique du pays fait peser sur l’approvisionnement mondial en bauxite, qui dépend largement de la Guinée, deuxième producteur mondial du minerai derrière la Chine. Pourtant, les hommes au pouvoir depuis dimanche en Guinée se veulent rassurants.

« Le comité entend rassurer les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays et il est demandé aux compagnies minières de poursuivre leurs activités », a ainsi déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte militaire, dans un bref discours prononcé lundi à Conakry.

Le géant aurifère sud-africain AngloGold Ashanti, l’une des compagnies minières actives dans le pays, a effectivement confirmé le 6 septembre que sa mine d’or Siguiri « fonctionne normalement ». Le chinois Chalco et le singapourien TOP International Holding, tous deux présents dans la production de bauxite en Guinée, ont également affirmé que les opérations se poursuivent sans perturbations. Le couvre-feu instauré depuis le dimanche soir dans le pays a d’ailleurs été levé pour les zones minières.

Si le nouveau régime que les putschistes tentent de mettre en place n’a pas encore donné d’indications claires sur la durée de la potentielle transition et la tenue d’élections pour redonner le pouvoir aux civils, il faut rappeler qu’il n’a aucun intérêt à se mettre à dos les compagnies minières. Les réserves en devises étrangères proviennent en effet majoritairement du secteur minier, qui représente plus de 90 % des exportations selon les données de l’ITIE. De même, les Mines fournissent plus de 90 % des recettes budgétaires et représentent plus du cinquième du PIB guinéen.

« Il est très peu probable que le coup d’Etat ait un impact majeur à court terme sur les exportations […]. Le nouveau gouvernement voudra s’assurer qu’il ne compromet pas les revenus et les investissements futurs », explique Bob Adam, spécialiste de l’industrie de la bauxite en Guinée, dans des propos relayés par Reuters.

ECOFIN