Le demi de mêlée de Provence Rugby a écopé de 26 matches de suspension pour avoir insulté l’ailier camerounais de Nevers, Christian Ambadiang. Il ne pourra rejouer que début mai.

Une sanction record pour l’exemple. Dans l’affaire des insultes racistes envers l’ailier camerounais de Nevers Christian Ambadiang, le demi de mêlée Ludovic Radosavljevic (Provence Rugby) a été condamné ce jeudi par la commission de discipline de la Ligue nationale de rugby à une suspension record de 26 matches. Au vu du calendrier, le numéro 9 Aixois - qui avait été mis à pied par son club - sera requalifié le 25 avril 2022, il ne pourrait alors participer qu’aux deux dernières journées de Pro D2 début mai (déplacement à Oyonnax, réception de Mont-de-Marsan).
Le 3 septembre dernier, Radosavljevic avait proféré des insultes racistes à l’ailier camerounais de Nevers. Des mots violents, choquants. « Je vais te brûler, mangeur de bananes ! » Des propos inadmissibles lancés juste avant la mi-temps du match et agrémentés d’un coup de poing au joueur neversois.
À la base, la commission de discipline l’avait suspendu 52 semaines, « soit la sanction maximale encourue », indique la LNR qui ajoute : « Après prise en compte de la reconnaissance spontanée par le joueur des faits qui lui sont reprochés une fois la rencontre terminée, sur les réseaux sociaux et à l’audience, de la reconnaissance de sa culpabilité, de son casier judiciaire vierge et de l’expression de remords avant l’audience et à l’audience, la sanction a été réduite par la commission de 26 semaines. Par conséquent, Ludovic Radosavljevic est suspendu 26 semaines de matches de compétition officielle. » Soit une sanction record de 7 mois et demi.

À l’issue du match qui s’était tenu le 3 septembre, le président de l’USON Nevers Rugby, Régis Dumange, était directement allé voir Ludovic Radosavljevic pour lui demander de s’excuser. Ce que l’ancien joueur de Clermont (2008-2017) et Castres (2017-2019) avait fait, mais en expliquant « que c’était dans le feu de l’action ». Une justification qualifiée « d’inacceptable » par l’ailier de Nevers, qui avait décidé de publier un long post sur Instagram pour dénoncer les faits.

Radosavljevic s’était lui-même dénoncé

Le club de Provence Rugby avait ensuite, dans un communiqué, déploré ce débordement inacceptable. Le club aixois avait tenu « à présenter toutes ses excuses à Christian Ambadiang et, plus globalement, à toutes les personnes qui pourraient être choquées par la situation. Nous le sommes nous aussi. La direction du club va désormais rencontrer son joueur et mettre en place des sanctions à la hauteur de la gravité des faits. » Dans la foulée, Radosavljevic avait lui-même reconnu être l’auteur de ses insultes.

« Je mesure la gravité de mes actes et j’en prends l’entière responsabilité en m’excusant aussi auprès de toutes les personnes que cela a pu choquer, avait publié le demi de mêlée dans un post sur Instagram. Je prends conscience que ce qu’il s’est passé représente aujourd’hui la plus grosse erreur de ma vie et je demande pardon à Christian Ambadiang, à son club, à ma famille, à mes coéquipiers, à mon staff, mes dirigeants, aux licenciés du club, aux bénévoles, à tous nos supporters et aux partenaires du club. »

Suite à un enchaînement d’événements dans un contexte de match tendu, mes mots ont dépassé ma pensée

Et d’ajouter : « Suite à un enchaînement d’événements dans un contexte de match tendu, mes mots ont dépassé ma pensée. Je mesure la gravité de mes actes et j’en prends l’entière responsabilité en m’excusant aussi auprès de toutes les personnes que cela a pu choquer. Cela ne fait pas partie de mes valeurs, ni de celles que je transmets à mes enfants. Je reste un humain qui fait des erreurs et qui apprend de celles-ci. » Malgré ses excuses, le mal était fait. Et l’affaire a fait grand bruit, dépassant largement le cadre de la Pro D2 et du monde du rugby. La Ligue nationale de rugby (LNR), mais également la Fédération française de rugby (FFR), avaient alors décidé de saisir la commission de discipline pour statuer sur ce grave débordement.

À l’issue de son audition mercredi devant la commission de discipline, accompagné de son manager Mauricio Reggiardo et du président Denis Philipon, « Rado » s’est refusé à tout commentaire. Christian Ambadiang n’a pas souhaité non plus s’exprimer. Brièvement, son président Régis Dumange a confié « avoir été entendu », ajoutant qu’il ne pouvait pas s’exprimer sur cette « affaire très grave ». Le dirigeant nivernais a tout de même précisé que son joueur avait « parlé avec son cœur » et qu’il « ne veut pas que ça se reproduise ».

Quelle suite de carrière pour le numéro 9 originaire du Vaucluse ? En 2020, il avait quitté Castres, un an avant la fin de son contrat, pour s’engager trois saisons avec Provence Rugby, soit jusqu’en 2023. La sanction qui vient de lui être infligée est exemplaire. Dans le monde du football, aucun joueur n’a été aussi lourdement puni. En 2011, Luis Suarez, alors à Liverpool, avait été suspendu 8 matches pour des insultes supposées envers Patrice Evra (Manchester United), qu’il aurait traité de « negrito » (petit noir). Autre affaire : le défenseur du Slavia Prague, Ondrej Kudela, avait écopé de 10 matches de suspension par l’UEFA pour avoir traité Glen Kamara (Glasgow Rangers) de « singe ».

lefigaro.fr