A la tribune de l’Assemblée générale des Nations-Unis, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga n’est pas passé par quatre chemins pour expliquer les raisons pour lesquelles son gouvernement est entré en discussions avec d’autres partenaires extérieurs en matière de défense et sécurité, sans pour autant citer la Société russe Wagner.

Alors que la France a annoncé « unilatéralement » la fin de l’opération Barkhane, Choguel Maïga a déclaré ce samedi à la tribune de l’ONU que « la nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires ».

Si le Premier ministre malien n’a pas cité nommément la société Wagner qui a agité les médias ces dernières semaines, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a, quant à lui, confirmé que Bamako avait contacté « des sociétés privées russes » et pas le Kremlin, lors d’une conférence de presse à l’ONU.

« Les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire privée russe parce que, si je comprends bien, la France veut réduire significativement ses forces militaires qui devaient combattre les terroristes à Kidal », a déclaré le ministre russe, estimant que l’armée française présente sur le théâtre des opérations depuis 2013, n’est pas parvenue à maîtriser les terroristes.

Les Français « n’y sont pas arrivés et les terroristes continuent de régner dans cette région… Dire j’étais là en premier, dégagez ! c’est insultant, en premier lieu pour le gouvernement à Bamako qui a invité des partenaires étrangers », a lancé sans détour Sergueï Lavrov.

Engagée au Sahel depuis janvier 2013, alors que des colonnes djihadistes fonçaient sur Bamako, la France a récemment décidé de revoir son dispositif militaire, avec une réduction de moitié dans les effectifs des soldats au sol. Le nombre de soldats français déployés au Sahel devrait ainsi passer de plus de 5000 hommes actuellement à 2500 ou 3000 d’ici 2023, une situation qui fait craindre le pire du côté de Bamako, déjà confronté à une instabilité politique.

Outre la France, plusieurs pays et institutions ont porté leurs réserves sur une éventuelle arrivée du groupe Wagner, suspecté par les Occidentaux d’appartenir à Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin. L’UE qui assure la formation de soldats maliens a prévenu qu’une implication de cette société russe pourrait affecter « sérieusement » ses relations avec Bamako.

Mais Moscou préfère botter ces inquiétudes européennes en touche : « ce serait mieux de synchroniser l’action de l’Union européenne et de la Russie dans la lutte contre le terrorisme, non seulement au Mali mais aussi dans la région du Sahel et du Sahara », a fait savoir le Chef de la diplomatie russe.

Ecofin