En Côte d’Ivoire, Ecobank affiche une hausse de 18% de son résultat net – et de 26% de son résultat d’exploitation –, pour le premier semestre 2021.
Directeur général de Ecobank Côte d’Ivoire et directeur exécutif de toute la région UEMOA, Paul-Harry Aithnard nous dévoile les succès de la banque panafricaine en Afrique francophone et ses perspectives sur le continent.


À quoi attribuez-vous le succès des filiales dans la région UEOMA ?

Nous avons une feuille de route claire et nous nous concentrons sur l’exécution de la stratégie du groupe dans la région. Nous continuons de faire croître le bilan, en veillant à allouer le capital de manière optimale et en veillant également à être aussi efficaces que possible.

Le succès que nous avons eu est également dû au fait que la situation macroéconomique s’améliore considérablement dans la région. Les mesures prises par la Banque centrale, la BCEAO, ont été extrêmement favorables, fournissant beaucoup de liquidités aux banques pour s’assurer que nous continuons à financer à la fois le secteur public et le secteur privé. C’était la base des bonnes performances que nous avons constatées en Côte d’Ivoire et dans la région francophone.

Je dois également souligner que nous avons la chance d’occuper une position dominante dans la région. Par conséquent, nous avons ce soft power, cette influence qui peut contribuer à augmenter de manière significative notre part de marché. Nous voulons prêter attention à l’avenir à des domaines tels que le financement du commerce, les transactions et les paiements sur les marchés.

On a beaucoup parlé du franc CFA. Est-ce qu’il est plus facile pour votre banque en Côte d’Ivoire et aussi pour les autres banques de la région UEMOA d’avoir une devise indexée sur l’euro ?

Oui, car l’une des choses importantes pour toute banque est d’avoir une visibilité en matière de politique macroéconomique, et la stabilité que nous avons dans la région aide à avoir cette visibilité. Encore une fois, il faut saluer le travail qui a été fait par les régulateurs sur ce front.

L’une des tendances structurelles que nous observons en Afrique de l’Ouest est le développement des infrastructures, tant du côté privé que du côté public. Ce développement signifie qu’il existe des opportunités tout au long de la chaîne de valeur.

Le deuxième élément également positif pour les banques est celui d’une faible inflation. La région est donc stable d’un point de vue économique et enregistre depuis plusieurs années des niveaux d’inflation très faibles, inférieurs à 2%.

On observe une activité importante dans un certain nombre de secteurs en Côte d’Ivoire. Les autres marchés de la région sont-ils aussi encourageants ?

L’un des avantages que nous avons dans cette région est cette connaissance profonde du marché local. Nous pouvons avoir accès à des opportunités que vous ne pouvez pas voir lorsque vous venez de l’extérieur de la région. L’une des tendances structurelles que nous observons en Afrique de l’Ouest est le développement des infrastructures tant du côté privé que du côté public. Ce développement des infrastructures signifie qu’il existe de nombreuses opportunités à saisir tout au long de la chaîne de valeur.

Ce que nous essayons de faire, c’est d’exploiter ces opportunités et la première sera certainement le financement du commerce, où nous pensons que la pandémie a changé le paradigme. Nous allons de plus en plus assister à une évolution vers le financement du commerce régional et du fait de notre présence dans 33 pays d’Afrique, nous sommes aujourd’hui en mesure d’être la banque de référence en matière de financement du commerce.

Nous consacrons beaucoup de temps à nous assurer que nous sommes en mesure de satisfaire pleinement les besoins de notre clientèle Entreprises, et ne ménageons aucun effort pour soutenir les entreprises du secteur privé et les aider à augmenter leur part de marché dans les pays voisins.

La deuxième tendance selon moi se situe au niveau des PME. Pendant longtemps, il y a eu beaucoup de doutes de la part des banques quant à la capacité d’investir et de financer les PME. Nous avons investi beaucoup de temps et de travail pour proposer aujourd’hui un programme efficace pour les financer.

Quels secteurs ont été intéressants en termes de croissance ?

Lorsque vous regardez ce qui stimule la croissance économique dans la région mais aussi comment la pandémie a changé le paradigme, vous voyez des secteurs tels que l’énergie, les transports et la logistique, les mines et l’immobilier deviennent des contributeurs importants à la croissance du PIB dans la région. Ce sont des secteurs clés où nous voyons beaucoup de potentiel pour l’avenir.

En plus de cela, le financement de l’agriculture est un élément crucial auquel nous devons prêter attention et nous voulons en faire davantage dans ce secteur. Nous élaborons une nouvelle proposition sur le marché qui devrait nous aider à augmenter notre part de marché dans le financement de l’agriculture. Cacao, noix de cajou, coton, café – ce sont quelques-uns des produits pour lesquels nous pensons que Ecobank peut devenir une force dominante.

Et cela signifie présenter à nos clients des solutions nouvelles et innovantes, que nous développons avec nos équipes de Financements Structurés et de Banque d’Investissement. Nous avons renforcé nos capacités pour être en mesure de fournir des financements à long terme au secteur public et au secteur privé pour des transactions concernant, par exemple, la logistique et les ports.

Êtes-vous en mesure de le faire parce que vous pouvez maintenant emprunter sur les marchés financiers internationaux ?

Comme vous le savez, Ecobank s’est adressé aux marchés internationaux ces derniers temps pour avoir accès à un financement durable. C’est aussi la traduction de l’engagement des actionnaires pour le long terme.

Êtes-vous inquiet pour l’économie compte tenu de la lenteur du taux de vaccination en Afrique ?

Nous devons faire tout notre possible pour que le continent rattrape son retard en termes de vaccination. Nous essayons par exemple d’aider des pays comme le Sénégal qui essaient de construire des installations pour produire des vaccins. Nous voulons également voir comment nous pouvons aider en finançant le déploiement de vaccins à travers le continent.

Nous sommes relativement optimistes quant à la croissance économique que nous allons voir sur le continent. Les chiffres que nous avons aujourd’hui se situent entre 3% et 5% pour le continent en 2021.


Une position continentale forte

Ecobank a bâti sa réputation de banque panafricaine en ayant la plus grande empreinte sur le continent. Présente dans de nombreux pays africains, elle est également l’une des plus grandes banques du continent en termes d’actifs (26 milliards de dollars) et de capital (2 milliards $).

De son côté, Ecobank Côte d’Ivoire est la troisième banque en termes d’actifs dans l’ensemble UEMOA. Son bénéfice net pour les six premiers mois de cette année ont augmenté de 18%, atteignant 27 millions $, à comparer aux 88 millions dégagés par le groupe panafricain sur les six premiers mois, et les 276 millions de 2020.

Dans la façon dont Ecobank répartit ses différentes unités d’affaires, sa région UEMOA est la plus importante en termes d’actifs (9 milliards $), de fonds propres et de dépôts de la clientèle (6 milliards $).

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