En compétition dans la catégorie "Perspective" de la 27ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le film "Massoud" du Tchadien Emmanuel Rotoudam a été projeté ce dimanche 17 octobre 2021 dans la salle du Petit Méliès de l’Institut français de Ouagadougou. En présence du ministre Tchadien de la Culture.

Les États sahéliens, à l’image du Burkina Faso et du Tchad, sont confrontés à une montée de terrorisme qui tend à remettre en cause l’existence de ces pays en tant qu’Etat. Les efforts sont consentis à tous les niveaux afin de venir à bout du phénomène qui obscurcit l’avenir de cette partie du monde. Face à cette situation, les acteurs du 7è art veulent jouer pleinement le rôle qui est le leur. Emmanuel Rotoudam est l’un de ces acteurs du cinéma qui a fait le choix de porter la question de la montée du terrorisme au Sahel sur les écrans. Avec son film "Massoud", il fait de l’amour l’arme redoutable contre le terrorisme.

"Massoud" relate l’histoire de ce jeune sahélien du nom de Ahmed, surnommé Massoud en raison de son attachement aux enseignements du Commandant Massoud d’Afghanistan. Massoud qui est guide touristique a vu ses activités drastiquement diminuer en raison de la multiplication des attaques terroristes dans son pays. Il décide de rejoindre son village afin de mieux aider une amie journaliste particulièrement intéressée par les questions du terrorisme. Le village de Massoud est dans l’œil des groupes terroristes. Les attaques terroristes sont régulières et les jeunes sont de plus en plus recrutés avec aisance par les chefs terroristes qui usent de subterfuge pour pouvoir mieux commettre leur forfait. Les populations sont prises entre le marteau des attaques terroristes aveugles et l’enclume des exactions des Forces de défense et de sécurité.
Passionné par les enseignements du Commandant Massoud, Ahmed se radicalise petit à petit au contact des discours intégristes de certains leaders religieux et surtout des exactions des Forces de défense et de sécurité contre des populations civiles. Massoud finit par rejoindre le groupuscule terroriste actif dans la région afin de combattre les mécréants au nom de Allah. Il ne tolère plus qu’un individu porte une quelconque atteinte à l’intégrité d’Allah et à ses paroles. Dans sa nouvelle famille, il apprend très vite et est apprécié par le guide religieux. Après un bon temps passé au sein du groupuscule terroriste où il a appris le maniement des armes et à commettre des exactions au nom d’Allah, vint le moment de la consécration. Au nom de cette parole d’Allah qui veut qu’on se débarrasse de sa main droite si toutefois cette main droite empêche de suivre la voie tracée par lui, Massoud va devoir se "débarrasser" de son père. Le très fidèle serviteur d’Allah est prêt à tout pour "honorer" la volonté de Dieu. Mais dans son élan d’obéir à cette "volonté" de Dieu, Massoud découvrira la force de l’amour.

Dans la salle du Petit Méliès, plein comme un œuf, les applaudissements ont retenti pour saluer la qualité du traitement de la question par le réalisateur. C’est avec humilité qu’il dit recevoir les ovations. Il a tenu à remercier Semfilms de Gideons Vink pour la production et l’ensemble des acteurs qui ont travaillé sur le film. Pour Emmanuel Rotoudam, "Massoud" est une ode à l’amour. Il reste convaincu que l’amour est l’arme redoutable contre le terrorisme.

Cheick Traoré
Kaceto.net