Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a animé une conférence de presse ce matin 9 novembre à son siège au cours de laquelle, il a dépeint une situation sécuritaire très préoccupante et menacé d’appeler à la rue pour obtenir la démission du président Roch Kaboré
C’est une sortie du chef de file de l’opposition politique (CFOP) qui fera date dans les relations que les partis qui le composent entretiennent avec le régime du président Roch Kaboré dans le fonctionnement des institutions républicaines. Ce matin, lors d’une conférence de presse qu’il a animé à son siège, le CFOP, qui avait annoncé "une déclaration importante" s’est d’abord exprimé sur la situation sécuritaire de plus en plus préoccupante que connait notre pays, et ensuite, a lancé un sévère avertissement à l’exécutif. " Le Burkina Faso n’a jamais été aussi malade que sous le régime du président Roch Marc Christian KABORE" a lancé d’entrée le président du CFOP et président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo. "Aujourd’hui après sept années d’une gouvernance scabreuse et sans vision" poursuit-il, même l’espoir suscité par les mouvements insurrectionnels des 30 et 31 octobre 2014 s’est profondément évanoui, laissant tous les acteurs de cette lutte dans une amère désillusion, le regret et le désespoir". Puis, il a énuméré les éléments de la crise contre lesquels, le gouvernement se montre impuissant à juguler : "aggravation de la misère des populations, pillage et mauvaise gestion des maigres ressources, brigandage de nos terres urbaines et rurales, insécurité alimentaire, avec à l’horizon, le spectre de la famine consécutive aux déficits céréaliers et à la mauvaise gestion des intrants agricoles, puis aux obstacles dressés par les terroristes".
Ce n’est pas tout. Dans ce qui ressemble bien à un réquisitoire contre le pouvoir en place, le CFOP, a dénoncé "la vie chère, la liquidation du système éducatif avec des réformes sous le manteau et de manière unilatérale, le cas le plus emblématique étant la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré pour la rentrée 2021-2022, le pillage de nos ressources minières et naturelles, la recrudescence des crimes économiques, une fraude à ciel ouvert dans plusieurs secteurs d’activité et une corruption généralisée du régime".
Quant à la situation sécuritaire proprement dit, le bilan dressé par le CFOP se passe de commentaires : "plus de 2000 morts avec des familles abandonnées dans la précarité et l’indifférence totale ; près de deux millions de déplacés internes, plus de 2500 écoles fermées, mettant plus de 400 000 élèves dans la rue, des agents de l’Etat traqués, des projets fermés ou abandonnés, des marchés asphyxiés et des bétails emportés". A quoi il faut ajouter "les axes routiers sous contrôles malheureusement de groupes armés et des communes entièrement vidées de leurs populations avec des familles dispersées".
Pour le CFOP, le président Kaboré a trahi son serment prêté lors de son investiture qui est de "préserver l’intégrité territoriale du Burkina Faso", estimant que nous avons "deux tiers de la superficie de notre pays".
Pour l’opposition, en dépit des interpellations qu’il a faites au gouvernement l’invitant à prendre des mesures audacieuses pour endiguer la menace terroriste, rien à ses yeux n’a été entrepris dans ce sens. Il note avec ironie que le chef de l’Etat qui avait annoncé qu’il ne nommera jamais un militaire dans son gouvernement, s’est résolu à confier le 14 octobre 2021 la défense nationale à un militaire, en la personne du Général de brigade Aimé Barthélémy Simporé.
La situation sécuritaire, regrette le CFOP, ne cesse de se dégrader, l’obligeant à exiger "la prise de mesures urgentes, adéquates et vérifiables contre la vie chère, l’acquisition de vivres sur le marché international pour parer à la famine qui s’annonce et la réouverture immédiate des frontières terrestres pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens", une décision qui incombe aux chefs d’Etat des pays membres de l’UEMOA et de la CEDEAO.
Le CFOP exige également du président du Faso la "la mise en place dans les meilleurs délais d’une commission composée d’experts pour évaluer la qualité du matériel militaire acquis au profit de nos FDS, s’assurer de la qualité de la flotte aérienne, doter conséquemment nos FDS en moyens et matériels de combat, mieux adaptés" et demande une plus forte implication de la CEDEAO, de L’Union africaine et de l’ONU dans la recherche de solution au drame qui frappe les pays du Sahel.
Le diagnostic des causes de la dégradation de la situation socio-politique posé, puis les propositions formulées à l’endroit du gouvernement, le CFOP décide de monter d’un cran la pression qu’elle exerce sur le gouvernement dans des termes sans ambiguïté : "Si dans un délai d’un mois, rien de sérieux et de concret n’est entrepris pour maitriser la situation sécuritaire, l’opposition politique en concertation avec des organisations soucieuses de l’avenir de la nation, appellera à des manifestations fortes pour exiger purement et simplement la démission immédiate du Chef de l’Etat et de son gouvernement", avertit-il. Afin, ajoute t-il, d’éviter le naufrage de notre pays qu’il compare à un navire "sans capitaine".
Komboïgo, Noël Ouédraogo, Tahirou Barry, Alain Zoubga et qui étaient face à la presse ont lancé un appel "à tous les patriotes sincères de se tenir prêts pour les prochaines actions en vue de sauver notre navire en perdition".
Dominique Koné
Kaceto.net
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