Le général de Brigade Gilbert Diendéré était à la barre hier au procès des présumés assassins du défunt président du Conseil national de la révolution, assassiné le 15 octobre 1987. Déjà très proche de Blaise Compaoré au moment des faits, il a plaidé "non coupable".

Le Général de Brigade Gilbert Diendiéré était à la barre ce mardi 9 novembre 2021 dans le cadre du jugement des crimes du 15 octobre 1987 qui ont consacré l’avènement du Front populaire avec à sa tête le Capitaine Blaise Compaoré. Gilbert Diendiéré, Lieutenant et responsable de la sécurité du quartier général du Comité national de la révolution (CNR), au moment des fait ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés. Il a indiqué que dans le contexte de vive tension de l’époque, il était pris entre le marteau et l’enclume. Et lorsqu’il a constaté l’assassinat du président Thomas Sankara, il ne lui restait plus qu’en prendre acte au risque d’être victime de la furie du commando auteur du drame. Son audition devant les juges du Tribunal militaire était l’un des plus attendus au regard de sa position stratégique dans l’appareil sécuritaire du pouvoir révolutionnaire d’août 1983 et surtout du rôle beaucoup plus important qu’il a joué depuis le lendemain du 15 octobre 1987 jusqu’à la chute du Président Blaise Compaoré en octobre 2014.
Lieutenant à l’époque de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, Gilbert Diendiéré est poursuivi pour quatre (4) chefs d’accusation. Il s’agit de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat, recel de cadavre et subornation de témoin. Face au tribunal, le Général Gilbert Diendéré a rejeté toutes ces accusations et a plaidé non coupable.
Dans son déballage, le numéro 2 de Blaise Compaoré au Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô, explique que la tension était vive entre les différents leaders de Révolution d’août 1987. Deux camps en particuliers se regardaient en chien de faïence : celui de Thomas Sankara, chef de la Révolution, et Blaise Compaoré le numéro 2. Les responsables militaires et leurs hommes avaient quasiment tous pris position pour l’un des deux leaders de la Révolution. Le camp de Blaise Compaoré accusait Thomas Sankara de vouloir mettre aux arrêts leur champion, tandis que celui de Thomas Sankara disait être convaincu que Blaise Compaoré orchestrait un assassinat de leur leader. Dans ce contexte de suspicion, le Général Gilbert Diendéré dit être pris entre le marteau et l’enclume. Il était taxé de jouer un jeu double. Il explique cela par le fait que Blaise Compaoré était son supérieur hiérarchique avec toute la complicité qui va avec et qu’il avait aussi des liens de parenté avec Thomas Sankara.
Pour désamorcer la crise au niveau sécuritaire et interpeller les chefs militaires à se tenir en dehors de cette guéguerre, Gilbert Diendiéré indique avoir ténu une rencontre avec ces chefs militaires dans la matinée du 15 octobre 1987. Cette rencontre a bien pu se tenir avec des chefs militaires, mais une absence avait été particulièrement remarquée : celle de Hyacinthe Kafando, responsable de la sécurité rapprochée du Capitaine Blaise Compaoré. A l’issue de cette rencontre, Gilbert Diendéré dit être revenu à l’Enam pour faire du sport dans l’après-midi du 15 octobre 1987 et c’est de là-bas qu’il a entendu des tirs en provenant du bâtiment où le président Thomas Sankara tenait sa rencontre. C’est en venant aux nouvelles qu’il a constaté que le leader de la Révolution d’août 1983 et 12 autres personnes avaient été tués. Il indique qu’il ne pouvait rien faire car esseulé, sans arme dans un environnement où toute tentative de riposte de sa part aurait été mortelle pour lui, a-t-il indiqué. Il rendra compte au Comandant Boukary Lengani qui, lui à son
tour décidera de l’enterrement en catimini de Thomas Sankar et de ses compagnons.
A l’issue de sa déclaration, Gilbert Diendiéré a répondu aux nombreuses du parquet. L’audition à la barre se poursuit ce mercredi 10 novembre 2021.

Cheick Traoré
Kaceto.net