Un pistolet automatique a été dérobé dans le magasin d’arme d’une société de gardiennage privée à Ouagadougou. Face à la gravité de l’acte dans un contexte d’insécurité, trois employés ont été interpelés et l’affaire a été envoyée à la justice, puis jugée le 19 novembre dernier devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou.

N.I ; G.A et S.A. comparaissaient le vendredi 19 novembre 2021 suite à une affaire de vol d’arme dans le magasin de dépôt d’armes à Ouagadougou. Selon les faits présentés à la barre, il ressort que le prévenu N.I., employé de la société de gardiennage, était de service le jour du vol. Il était chargé en tant qu’agent, de faire la vigie sur le matériel entreposé dans le magasin et d’inscrire dans le registre les sorties d’armes. Sur les trois pistolets automatiques dont dispose l’entreprise, un sortira de façon régulière. N.I. le notera dans le registre.
Autour de 10h30, le prévenu S.A., qui devrait en principe prendre service dans la soirée à 18h, est arrivé dans la société de gardiennage. Il affirme être venu pour demander une avance sur salaire au regard des difficultés qu’il rencontre. Mais S.A. n’obtiendra pas gain de cause. Face au refus, il se met dans tous ses états, vocifère et décide de rebrousser chemin. Il s’arrête au niveau du bureau du superviseur du matériel du jour, N.I et lui demande 100 franc cfa afin de faire coller son engin.
N.I. lui remet 500 franc cfa et recevra sa monnaie quelques instants après. Sur ces entrefaites, le téléphone de N.I. sonna. Il est demandé par son chef. C’est ainsi qu’il abandonne son poste et son collègue S.A. pour répondre à l’appel du supérieur. A son retour, son collègue avait déjà quitté les lieux. A l’heure de la descente, il maintient toujours dans le registre qu’il n’y a qu’une seule arme qui est sortie sans avoir la présence d’esprit de vérifier la quantité d’armes restante. Lorsque G.A. prend la relève vers 18h30, il constate que deux armes sont absentes. Il informa immédiatement son supérieur hiérarchique de cette inconformité.

Teigneux S.A.

S.A. est employé dans la société de gardiennage depuis 5 mois. Il reconnait être passé à la société à 10 heures pour demander une avance sur salaire. Il reconnait s’être emporté avant de repartir chez lui sur la pointe des pieds au moment où N.I. qui était chargé de la garde du magasin d’arme est allé répondre à l’appel de son supérieur. Il reconnait avoir quitté les locaux de la société pendant l’absence de son collègue N.I. Et ce jour-là, alors qu’il devait prendre service à 18h, il ne s’est pas présenté au service et n’a pas daigné informer son supérieur. Lorsque ce dernier appelle S.A., après plusieurs tentatives infructueuses, il décroche pour exiger à ne pas être dérangé. Il informe qu’il ne viendra pas au service ce jour-ci. Et lorsqu’on lui demande s’il avait pris l’arme, il est catégorique : Non.
Le procureur a relevé plusieurs contradictions dans le récit de S.A. à la barre. Il estime que la présence de S.A. au service le matin, alors que ce n’était pas son heure de service, est bien curieuse. Il n’avait aussi pas de raison de s’emporter et de vociférer après le refus opposé à sa demande d’avance sur salaire.
Ensuite, il n’avait pas de raison de quitter les locaux de l’entreprise sur la pointe des pieds. S’il l’a fait, c’est parce qu’il lui était par exemple impossible de dérober l’arme et le camoufler sur lui sans que cela ne soit remarqué par la vigie. Le procureur relève rn outre que S.A. a pu avoir du carburant pour se rendre au service dans la matinée, mais prétend n’en avoir plus plus pour aller au service du soir. Et, il n’a pas daigné appeler pour informer alors qu’il possédait le numéro vert de la société.
S.A. retorque en indiquant qu’il n’avait pas ce numéro vert et ignorait qu’il était gratuit. Après avoir servi cinq (5) mois dans une entreprise, est-il possible pour un employé de ne pas avoir le numéro vert de l’entreprise et d’ignorer qu’il est gratuit, s’est interrogé le procureur. Sur la question, le supérieur de S.A. et ses collègues à la barre indiquent que non. Et au Procureur d’interpeller S.A. sur ses nombreuses contradictions. Mais S.A. reste sur sa position, il n’a pas pris l’arme.
Dans sa réquisition, le procureur a demandé que soit relaxé les prévenus G.A. et N.I. L’un n’a fait que constater l’absence de l’arme et l’a signalé automatiquement au supérieur et l’autre n’a juste pas eu le reflexe de vérifier la présence physique des armes avant de noter dans le registre. Quant à S.A., il reste aux yeux du procureur comme le coupable du vol de l’arme même s’il le nie. Les nombreuses contradictions de l’accusé, les incohérences de ses propos et son manque de sérénité ne sont pas fortuits pour le procureur. Il a alors demandé qu’il soit condamné à 36 mois de prison et une amende de 500.000 franc cfa, le tout ferme. Dans son plaidoyer, S.A. dit s’en remettre au jugement du Tribunal mais estime qu’on veut lui faire de la force, sans plus.
Le tribunal a mis le délibéré pour le 25 novembre 2021.

Cheick Traoré
Kaceto.net