Jean-Yves Le Drian a menacé de sanctions les dirigeants actuels du Mali, en rappelant qu’ils étaient un gouvernement de coup d’Etat. Le bras de fer se poursuit avec la Russie, qui a une approche opposée à celle de la France pour ce qui est de la crise au Sahel.

Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères, a évoqué de possibles sanctions contre les dirigeants actuels du Mali. « La première question pour le Mali, et je m’adresse ici aux autorités maliennes, c’est de remplir les engagements qu’ils ont pris auprès de leurs collègues de l’Afrique de l’Ouest, comme quoi il y aurait des élections au mois de février 2022. Il faut qu’ils les respectent, sinon nous allons prendre contre eux des sanctions y compris avec les Européens et les Africains », a fait savoir le chef de la diplomatie française lors d’un entretien télévisé ce dimanche 21 novembre, rappelant que le Mali est dirigé par un « gouvernement de double coup d’Etat ».

Cette position de la France vient confirmer celle de la CEDEAO, dont les chefs d’Etat, réunis le 7 novembre 2021, ont décidé de geler les avoirs des responsables au pouvoir à Bamako. Elle venait d’annoncer que, contrairement à ce qu’ils avaient promis, les conditions d’une tenue des élections en février 2022, n’étaient plus réunies.

Cependant, toute sanction contre les dirigeants maliens est à l’opposé de la position de la Russie. « Nous avons convenu de renforcer le dialogue politique qui se déroule de façon tout à fait positive. Monsieur le ministre m’a décrit la situation interne au Mali, il m’a parlé de l’accord conclu avec les autorités algériennes, et de la situation sur le terrain telle qu’elle est, avec l’activité des groupes terroristes dans le nord du pays qui ne permet pas de mettre en place les conditions normales d’une campagne électorale. Et les dates de ces élections devraient être définies, avant la fin de cette année », avait fait savoir Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion de la visite de son homologue malien.

Jean-Yves Le Drian a aussi revendiqué la légitimité de l’intervention française dans le Sahel, en expliquant qu’elle faisait suite à la requête de 5 gouvernements africains élus, sous le mandat des Nations unies, avec la participation d’une dizaine d’autres pays européens. Une déclaration qui est mise en contexte, avec les tensions que suscite l’éventualité d’une intervention au Mali du groupe privé de sécurité russe Wagner.

Les divergences franco-russes au Mali sont d’autant plus complexes qu’elles font écho à un conflit déjà existant entre les deux puissances au sujet de l’Ukraine. Même si cela a été dit sur un ton plus mesuré, le ministre français a fait savoir que la Russie serait sanctionnée si elle violait le territoire ukrainien.

Le 12 novembre dernier, il avait déjà rencontré son homologue russe, en marge de la conférence sur la Libye. Selon un communiqué officiel de son administration, il avait, avec Florence Parly, ministre des Armées, réitéré ce message de fermeté quant aux risques de déstabilisation régionale et d’atteinte aux intérêts de la France et de ses partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Des préoccupations qui ne semblent pas faire fléchir Moscou.

Agence Ecofin