Que nous disent les titres de publications francophones en ligne quand les catégories sémantiques « pauvres » et « pauvreté » cooccurrent avec « Burkina » ? Pour tenter d’y répondre, à l’approchant comme d’habitude, j’ai analysé un corpus significatif de titres pertinents couvrant la période 2002 à 2021, soit deux décennies successives

D’abord, regardons ce que nous dit la cartographie sémantique ci-après issue de cette analyse. Retenons quelques points qui en constituent l’ossature de sens.
✅Dans ces titres analysés, ce n’est pas un scoop, mais le Burkina Faso est, si j’ose dire, systématiquement présenté comme un « pays pauvre ».
✅D’où l’enjeu central : « Lutter contre/réduire » la « pauvreté ». Une pauvreté qui est produite et/ou aggravée par d’« autres insécurités » (terrorisme et autres conflits, chômage, insécurité alimentaire, crise sanitaire, pouvoir d’achat, etc.) auxquelles des « populations/ménages » pauvres et leurs activités agricole et pastorale sont exposées.
✅Une pauvreté qui touche en particulier le « milieu rural » et qui n’est pas sans lien avec les problèmes de production de richesses (« croissance économique ») et de leur « partage » (redistribution).

La cartographie sémantique fige et photographie. Elle permet certes de mettre en évidence des configurations structurantes de sens, mais elle a ce défaut de ne pas montrer les dynamiques dans le temps. Le graphique ci-après nous présente fort justement la dynamique dans le temps de trois indicateurs sémantiques clés : « lutte contre/réduire la pauvreté », « populations/ménages pauvres » et « autres insécurités ». Que peut-on en dire ?
✅Ce graphique montre un grand paradoxe : au moment où l’évocation des « populations pauvres » et des « autres insécurités » auxquelles ces dernières font face gagne en importance dans les titres (décennie 2012-2021), la référence à la problématique de la « lutte contre la pauvreté » marque nettement le pas. Même si on peut noter un léger rebond en 2015 et 2016. Pourquoi cela ?
✅Eh bien, la situation de guerre que nous impose l’hydre terroriste depuis 2015 n’est pas de nature à faciliter les choses qui ont commencé à s’emballer bien avant, mais il semble aujourd’hui urgent de tenir les deux bouts, de ne rien négliger ni oublier l’un ou l’autre des deux combats : la lutte contre l’hydre terroriste et en même temps la nécessaire lutte contre la pauvreté des populations/ménages.

N.B. Ce graphique montre la répartition des taux d’occurrence (en%) de chaque indicateur pris individuellement sur la période 2002-2021. Ce calcul simple a du sens parce que le volume de titres récoltés pour chaque année est sensiblement le même.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics & Analyse sémantique.
Kaceto.net