La cartographie sémantique générée à partir de l’analyse des titres d’un corpus significatif de publications francophones (2007-2021) centrés sur la thématique de l’or au Burkina permet de visualiser quelques enjeux structurants. Ci-après des indications de décryptage rapide.

 L’or ce sont d’abord des projets à gérer dans un cadre normatif national et international (code minier, attribution des permis miniers, exigences des rapports ITIE (Initiative pour la Transparence des Industries Extractives), lutte contre les délits (corruption, fraudes, trafics)) : on distingue des projets miniers en développement, des projets miniers en construction et des projets miniers en arrêt.
 L’or c’est nécessairement un enjeu industriel en termes d’exploration, d’exploitation et de production. Cet enjeu justifie la présence de compagnies minières qui investissent en argent, en matériel et en compétences humaines (avec de juteux retours sur investissement (ROI) j’imagine, puisque ces compagnies sont propriétaires à 90% des exploitations, laissant seulement 10% à l’Etat burkinabè !). Ces compagnies sont pour l’essentiel canadiennes. Citons : IAMGOLD ESSAKANE SA, une société canadienne qui a acquis le projet aurifère Orezone Ressources en 2009 ; ENDEAVOUR MINING, une autre société canadienne, le 1er groupe aurifère en Afrique de l’Ouest. Présente sur les sites de Houndé, Mana, Karma et Boungou, ENDEAVOUR a absorbé les canadiennes SEMAFO et TERENGA GOLD en 2020 ; il y a aussi la société ROXGOLD, encore une société canadienne présente sur la mine d’or de Yaramoko. Notons que la compagnie FORTUNA SILVER MINES (une canadienne) a conclu une fusion-acquisition sur les actifs de ROXGOLD dans le gisement minier de Yaramoko au Burkina et de Séguéla en Côte d’Ivoire. Citons enfin BISSA GOLD, une filiale de la compagnie russe NORDGOLD.
 L’or c’est surtout un enjeu commercial (achat, vente, prix, cours, exportation, contrats commerciaux, etc.) et de croissance économique. L’or est le premier produit d’exportation du Burkina Faso. Il représente 11% du PIB. Avec le coton, ils génèrent près de 95% des recettes d’exportations du pays - indicateurs de janvier 2021. Imaginez un instant si nous avions les moyens financiers, matériels et humains d’explorer / extraire / produire / commercialiser par NOUS-MÊMES NOTRE OR !
- L’or c’est aussi un enjeu de contrôle de l’exploitation artisanale (mines artisanales, orpaillage de façon générale) : comment lutter efficacement contre l’orpaillage informel, clandestin, illégal ? Quelles initiatives durables pour encadrer cette activité artisanale qui a pris de l’ampleur ces dernières années et qui modifie durablement nos paysages socio-économiques et environnementaux ?
 Pointons-donc les enjeux sociaux et environnementaux liés à l’exploitation de l’or. Ils sont perceptibles sur la cartographie : même si, côté pile, les mines d’or sont pourvoyeuses d’emplois et de revenus non négligeables aux populations environnantes et d’autres venues d’ailleurs, côté face des villages en sont affectés et de fois mis sous tension conflictuelle liée au foncier, des enfants orpailleurs sont déscolarisés, la condition des femmes sur les sites interpelle, des éboulements font des morts, l’environnement est détruit, pollué durablement par l’usage du mercure et du cyanure par exemple.
 Enfin, il y a l’incontournable et redoutable enjeu sécuritaire qui s’est installé ces dernières années notamment en zones aurifères : il s’agit de faire face aux risques d’attaques terroristes qui se font de plus en plus pressants et qui conduisent souvent le gouvernement burkinabè à fermer les sites aurifères artisanaux notamment dans la région du Sahel. Il faut dire que ce métal précieux qu’est l’or constitue aussi malheureusement une manne pour la survie de groupes armés sans foi ni loi qui nous impose une guerre sans merci depuis 2015.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics & Analyse sémantique
Kaceto.net