Consternation et dépit sont des sentiments qui ont rythmé la vie de la grande majorité des Burkinabè face à la répétition des attaques terroristes qui ont endeuillé de nombreuses familles. Aussi, c’est tout naturellement sans surprise que les vœux les plus ardemment formulés soient « la paix et la sécurité » en ce début d’année 2022. Toute la question reste de savoir comment y parvenir si nous continuons dans la désunion actuelle qui est en vérité, plus abyssale qu’elle n’y parait. En effet, ils sont innombrables ces Burkinabè qui estiment encore que le rétablissement de la paix dans le pays est du ressort exclusif du Chef de l’Etat et de son parti le MPP. Plus grave, de nombreux compatriotes s’illustrent par des comportements incapacitants à l’endroit des FDS qu’ils prétendent soutenir. En sont-ils seulement conscients ? Certains, oui ! D’autres non ! Le comble dans cette affaire est qu’on puisse observer des inconduites du genre au sein même de nos FDS.

Incontestablement, le changement de paradigme annoncé par le Président du Faso dans son message post-Inatata, vaut également pour toute la communauté nationale si l’on veut vaincre le terrorisme. Du reste, à la lumière des faits, nos vaillants combattants ont beaucoup plus besoin d’un réarmement mental et d’un véritable soutien populaire que tout autre chose. Et les récents succès engrangés sont là pour l’attester.
La révélation du drame d’Inata avait profondément ému la nation burkinabè en raison des circonstances effroyables dans lesquelles il a été perpétré. Aussi, les condamnations ont été unanimes, la justice exigée et divers gestes de compassion à la douleur des familles que l’on imagine insoutenable, enregistrés. L’immensité de la solidarité démontrée est un marqueur de l’identité burkinabè.
Malheureusement, il s’est trouvé des compatriotes peu scrupuleux qui ont vite versé dans l’hystérie, voire le delirium tremens en cherchant à exacerber la douleur et l’émoi qui en résulte à des fins d’exploitation politicienne. Sur les réseaux sociaux, ont proliféré des informations aussi mensongères que funestes. L’inhumation s’est déroulée dans une atmosphère électrique en raison des projets d’organisation d’émeutes que nourrissaient quelques acteurs dont certains ont fait fi des nombreux conseils et objurgations émanant d’éminentes personnalités religieuses et coutumières. La manifestation qu’ils ont tenu le 27 novembre 2021 a conduit au saccage des services de l’état-civil de la mairie de Ouagadougou. L’idée était d’exiger la démission du Président Roch Marc Christian KABORE comme si son éventuelle abdication pouvait stopper par miracle les attaques terroristes qui endeuillent de façon indiscriminée les familles, celle du Chef de l’Etat y compris. Le 27 novembre 2021 marquait l’illustration la plus achevée de la malveillance politique comparativement aux innombrables actes démobilisateurs distillés directement ou indirectement (souvent par personnalités au-delà de tout soupçon) à l’endroit des combattants déployés sur les différents théâtres d’opérations. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on a vaticiné à longueur de journée sur la responsabilité du gouvernement sans jamais se remettre en cause. On a cherché à entretenir la douleur et l’émotion comme si cela pouvait ramener la vie à nos vaillants combattants. La polémique et les pleurnicheries infinies ne constituent en aucun cas une bonne manière d’honorer nos martyrs. C’est la posture offrant aux barbares l’opportunité de s’organiser pour nous asséner d’autres coups plus douloureux fort de leur ascendance morale.

Démobilisation involontaire

L’unique responsable de la situation, c’est le Chef de l’Etat et son parti. Affirme-t-on de façon sentencieuse. La hausse considérable du budget de la défense, les réaménagements itératifs du commandement militaire, l’accroissement des effectifs par des recrutements intensifs, la levée des VDP, tout cela n’est que minable gesticulation aux yeux des pourfendeurs mués en experts des questions militaires sans jamais proposer de solution. En cherchant coûte que coûte à politiser la guerre imposée par les groupes terroristes, on se livre très souvent à une démobilisation volontaire ou involontaire des FDS qui ont dans leur situation, besoin de réconfort moral, d’encouragements et de bénédictions de la part de leurs parents et amis ainsi que la communauté nationale. Or, dans de nombreux contacts physiques téléphoniques ou numériques, c’est plutôt le pessimisme qui leur est servi. Combien sont les parents de militaires qui ont entrepris des démarches pour éviter le déploiement de leurs enfants dans les zones affectées par la menace terroriste ? Faute d’avoir gain de cause, combien sont-ils à conseiller la prudence lors des opérations au lieu de les galvaniser et les bénir ? D’ailleurs, a-t-on déjà vu des Burkinabè exhorter à la vengeance des victimes des différentes attaques comme on le voit ailleurs ? Oubliant que la menace ne fait que se rapprocher inexorablement, certains se sentent toujours peu concernés quand ils affirment : « Ils ont déclaré avoir des solutions, alors qu’ils les apportent ! Nous on les regardent. »
Forcément, le réveil ne peut qu’être douloureux quand de leur confort citadin, ils apprennent qu’un groupe terroriste a fait irruption dans leurs localités natales.
Il faut le dire : toutes ces personnes qui diffusent des informations erronées et alarmistes pour semer la psychose dans les rangs des FDS sont les alliés objectifs des groupes terroristes et méritent d’être combattus au même titre quand on sait qu’avec un peu de génie, l’engagement, la détermination et donc l’ascendance morale sur l’ennemi, est beaucoup plus déterminante dans la bataille que la sophistication d’une quelconque impressionnante armada. L’exemple de la rustique, voire rudimentaire armée vietnamienne face aux puissantes armées française et américaine est là pour le démontrer.
Dans l’engagement collectif indispensable, d’immenses efforts sont attendus des leaders de la communauté peule qui ont l’insigne devoir d’appeler à la raison leurs frères qui ont peuplé les groupes terroristes sans besoin d’épiloguer sur leurs motivations. Il n’y a pas d’amalgame à faire : les Peuls ne sont pas tous terroristes et parmi les combattants terroristes, on a connu un certain « Abdallah » de son vrai nom Sawadogo Abdoulaye neutralisé à Rayongo en 2019 alors que son frère aîné Sawadogo Boubacar croupit dans une prison bamakoise pour l’attaque de la gendarmerie de Samorogouan en octobre 2015. Ceci étant, l’honnêteté oblige d’admettre que les Peuls sont majoritaires dans les groupes terroristes et l’affirmer n’est pas de la stigmatisation. C’est un constat qu’il faut faire avec la lucidité requis pour y apporter la bonne réponse. Quelques soient les raisons, peut-on expier les fautes des précédentes administrations en ramenant tout le septentrion burkinabè au moyen âge comme le font les terroristes ? Et dire que c’est juste au moment où le gouvernement entamait la mise en œuvre de son programme d’urgence pour le Sahel destiné à combler le gap observé sur le plan du développement socio-économique !
Il est du devoir de ceux qui ont des frères, époux ou parents parmi les combattants terroristes, de les convaincre d’abandonner leur équipée criminelle vouée inéluctablement à l’échec pour rallier la république. La posture consistant à n’avoir d’yeux que pour les bavures présumées des FDS sans jamais condamner véritablement les actes terroristes relève d’un cynisme nauséabond qui ulcère les Burkinabè en droit de vouer leurs auteurs aux gémonies et qu’ailleurs on qualifierait « d’agents de l’étranger ». Faut-il rappeler que le premier droit de l’homme royalement méprisé par les terroristes c’est le droit à la vie ?


Mésintelligence scélérate

La situation à ce que l’on dit, n’est guère meilleure au sein des FDS où, pour des raisons peu plausibles, les uns vouent envers les autres une haine morbide. A moins d’être d’une indigence cognitive au seuil de la démence, comment peut-on envisager en ces moments périlleux une mésintelligence aussi scélérate entre policiers et gendarmes ou militaires et gendarmes lézardant le dispositif sécuritaire. Le leitmotiv actuel c’est la cohésion absolue. Malheureusement, il revient souvent et sans la moindre preuve, que le pouvoir en place a un faible pour la gendarmerie qu’il bichonne. En réaction, les hommes de la maréchaussée estiment bien au contraire, travailler pour le roi de Prusse et mettent au défi quiconque d’apporter la preuve du traitement de faveur dont ils ont été l’objet ces dernières années. L’absence de bougon, y soutient-on, n’est pas forcément synonyme d’entière satisfaction comme pourraient l’imaginer certains. Et, les pandores ne sont pas loin de penser à l’instar du SAMAB qui argumentait dans une de ses motions adoptées lors d’un congrès tenu en 1985, que « la dotation de chaque magistrat d’une arme de poing ne saurait en aucun cas constituer un danger public », le renforcement de leur institution ne devrait inquiéter personne. Hormis assurément les personnes malintentionnées. Dans tous les cas, il faut mettre rapidement un terme à ces guéguerres byzantines qui qui ne peuvent que miner la lutte contre l’hydre terroriste. Comment est-ce possible alors que dans de nombreuses familles, on retrouve un échantillon de nos FDS (militaire, gendarme, policier, douanier, etc. sans parler des couples mixtes). L’exemple de la cohésion nationale prônée par le Chef de l’Etat doit venir des FDS qui ont l’obligation d’afficher davantage d’hardiesse dans leur engagement à défendre la patrie au risque pour certains, d’êtres coupables de haute trahison.
Tout compte fait, opportunément, il importe de repasser à la loupe l’attitude des uns et des autres pour déceler et punir sans état d’âme les cas compromettant la victoire des patriotes sur les forces du mal. Pour cela, la justice militaire déjà saisie du dossier « Inata », devrait étendre le champ de ses investigations à tous les faits graves inconnus du public délibérément mis sous le boisseau. Cela contribuera à rappeler si besoin en était, aux uns et aux autres leurs obligations. En outre, le rétablissement de la rigueur réduira incontestablement les dérives décriées et rassurera par voie de conséquence les populations invitées à s’engager massivement aux côtés des FDS pour reconquérir de façon fulgurante les zones actuellement contrôlées par les groupes terroristes. La clef du succès réside dans l’engagement collectif et résolu avec naturellement la fin des bagarres picrocholines.

Vincent SAWADOGO
Pour Kaceto.net