Les sanctions prises par les chefs d’Etat des pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continuent de susciter des réactions dans les opinions africaines. Ci-contre, une déclaration de condamnation de l’Union d’action syndicale (UAS) qui "dénonce les sanctions iniques prises contre le Mali".

L’Unité d’Action Syndicale (UAS) du Burkina Faso a appris avec surprise et indignation que les sommets extraordinaires des chefs d’Etat de l’UEMOA et de la CEDEAO du 9 janvier 2022 ont adopté contre la République soeur du Mali un ensemble de sanctions à caractère économique, diplomatique et politique. Le caractère sévère et excessif de ces sanctions suscite chez des Africains de toutes conditions incompréhension, colère et rejet.

Le discours des chefs d’Etat laisse croire que leurs décisions sont guidées par le souci de défendre la démocratie et qu’ils sont hostiles aux coups d’Etat. L’histoire récente du Burkina Faso et d’autres états de la sous-région indiquent clairement que la CEDEAO n’est pas contre les coups d’Etat : en 2015, suite au coup d’Etat du Régiment de Sécurité Présidentielle le 16 septembre, l’intervention de la CEDEAO à travers les présidents Yayi BONI du Bénin et Macky SALL du Sénégal ne visait pas autre chose qu’à avaliser le coup d’Etat du général Gilbert DIENDERE. En Guinée et en Côte-d’Ivoire, les tripatouillages des constitutions par les présidents Alpha KONDE et Alassane Dramane OUATTARA ne sont rien d’autres que des coups d’Etat constitutionnels.

Il y a là deux poids deux mesures qui indiquent que les raisons de cette furie de la CEDEAO sont à rechercher ailleurs et les questions ci-après taraudent les esprits :

L’insécurité qui prévaut dans la sous-région peut-elle ne pas constituer une préoccupation pour les chefs d’Etat qui n’en font aucune mention dans le communiqué final de leur rencontre ?
Qu’est-ce qui peut expliquer le silence des chefs d’Etat, de l’UEMOA et de la CEDEAO quand la souveraineté d’un état membre, en l’occurrence le Mali a été remise en cause par la France à travers le refus de l’accès des forces armées maliennes à Kidal, localité qui a été transformée en sanctuaire des terroristes ?

A quoi sert la « force en attente » de la CEDEAO que les chefs d’Etat ont évoquée en menaçant de l’activer contre le Mali, si elle ne peut pas contribuer à sauver des Etats comme le Mali, le Niger et le Burkina, menacés d’effondrement et contenir l’expansion du terrorisme à toute la sous-région ?

En réalité, ce que ces sanctions et plus généralement la situation du Sahel révèlent, c’est que le Mali, à l’image de tout le Sahel, regorge de ressources de toutes sortes qui suscitent des convoitises de la part des différentes puissances. Toute chose qui requiert de la part du peuple malien et des autres peuples vigilance et responsabilité pour éviter que nos pays, à l’image d’un pays comme le Congo, ne soient victimes de leurs richesses. La question d’une véritable souveraineté est aujourd’hui posée et il revient aux peuples de renforcer leurs mobilisations en vue d’arracher leurs pays du joug de toute domination impérialiste.

Sans soutenir le pouvoir en place au Mali, et plus généralement les coups d’Etat, l’Unité d’Action Syndicale :
– dénonce les sanctions iniques prises contre le Mali qui, à coup sûr, vont aggraver encore les épreuves que subissent les travailleurs et le peuple malien ;

exprime son soutien et sa solidarité aux travailleurs et au peuple du Mali ;
invite les chefs d’Etat de l’UEMOA et de la CEDEAO à lever les sanctions disproportionnées prises contre le peuple frère du Mali et à engager avec les autorités maliennes une concertation en vue de convenir d’un calendrier raisonnable pour l’organisation des élections :
interpelle le président du Faso, président en exercice de l’UEMOA, à prendre en compte le fait que les mesures prises contre le Mali compromettent les intérêts et la sécurité de notre pays ;

salue la mobilisation actuelle et la détermination des masses populaires en particulier des jeunesses des pays membres de la CEDEAO traduisant ainsi leur soif de voir leurs pays accéder à une indépendance véritable ;

appelle ses militants et sympathisants à témoigner leur solidarité avec le peuple et les travailleurs du Mali dans les dures épreuves auxquelles ils seront confrontés du fait des sanctions annoncées.

Ont signé :
Pour les centrales syndicales
CGT-B
Moussa DIALLO
Secrétaire Général
FO/UNS
El Hadj Inoussa NANA
Secrétaire Général
CNTB
Marcel ZANTE
Secrétaire Général
ONSL
Paul N. KABORE
Secrétaire Général
CSB
Olivier G. OUEDRAOGO
Secrétaire Général
USTB
Abdoulaye Ernest OUEDRAOGO
Secrétaire Général
Pour les syndicats autonomes
Alain SOME
Président de mois
Secrétaire Général/ SYNTRAPOST
LES CENTRALES SYNDICALES : CGT-B-CNTB-CSB-FO/UNS-ONSL-USTB
LES SYNDICATS AUTONOMES : SAIB SAMAE-SATB-SATEB-SBM-SNEAB-SNESS-SYNAPAGER-SYNATEB-SYNATEL SYNATIC-SYNATIPB SYNATRAD-SYNTAS-SYNTRAPOST-SYSFMAB-UGMB