Malgré l’interdiction de manifester sur la voie publique notifiée par la mairie de Ouagadougou aux responsables d’associations, des jeunes sont descendus dans les rues pour disent-ils, soutenir les Forces de défense et de sécurité et exprimer leur soutien au peuple malien soumis à des sanctions décidées par la CEDEAO.

Qu’allait-il se passer ce matin dans les rues de Ouagadougou ? Les responsables du Mouvement des patriotes africains Burkina Faso (CPOA-BF), du Mouvement Sauvons le Burkina Faso qui avaient fait une déclaration préalable à manifester auprès des services de la commune de Ouagadougou pour ce jour 22 janvier allaient-ils se plier à la décision de l’autorité municipale, laquelle avait interdit toute manifestation pour dit-elle, des "raisons sécuritaires", et de manque de "récépissé de reconnaissance attestant l’existence légale de votre mouvement", ou allaient-ils braver cette interdiction comme ce fut le cas le 27 novembre 2021 ? C’est la question qui brulait les lèvres à quelques heures de la manifestation.
Mettant sa décision à exécution, la mairie requis les les forces de sécurité intérieure qui ont investi les principales artères de la capitale conduisant à la Place de la nation, lieu de rassemblement des manifestants. Dès 7 heures, les usagers de la route étaient obligés de faire demi-tour à hauteur de la Place de Lyon, à quelques encablures de la mairie centrale et de la Place de la nation. La rue Mgr Thévenoud également était inaccessible à hauteur de l’hôtel Amiso, ainsi que la ruelle jouxtant la BCEAO.
Au grand Rood-woko, les boutiques sont fermées et par petits groupes, des jeunes discutent. Les responsables du Mouvement Sauvons le Faso se confient à la presse devant la Bourse du travail, les journalistes étant soumis au même traitement que les manifestants. Tout est calme, mais pas pour longtemps. Devant la Maison du Peuple, le docteur anesthésiste Arouna Louré, un des leaders de la COPA-BF parlemente avec la police qui l’empêche, lui et ses camarades d’avancer vers le lieu de rassemblement. Les discussions patinent, ou du moins, on assiste à des monologues.
Comme le 27 novembre dernier, les esprits s’échauffent, puis d’un coup, les gaz lacrymogènes sont lancés. C’est le sauve qui peut. Les jeunes manifestants qui savent désormais comment se protéger, sont équipés de serviettes mouillées qu’ils appliquent sur leur nez. Mais les larmes coulent quand-même !
Comme également le 27 novembre, un confrère de la chaine LCA a été grièvement blessé au bras et heureusement pris en charge par les secouristes de la Croix-Rouge toujours présente sur les théâtres d’affrontement.

Au bilan, une dizaine de manifestants auraient été interpellés à Ouagadougou dont des responsables du Mouvement Sauvons le Burkina Faso.
A Bobo-Dioulasso, c’est le même spectacle qui a été donné de voir avec des courses poursuites entre manifestants et forces de sécurité. Un incendie qui a consumé des boutiques aurait été provoqué par l’explosion d’un gaz lacrymogène lancé par les forces de sécurité.
A Kaya, dans le centre-nord, des jeunes sont aussi descendus dans les rues et selon nos confrères de l’Agence d’information du Burkina (AIB), le siège du Mouvement du peuple pour le progrès a été saccagé.
Contrairement à ses habitudes, la ville de Fada N’Gourma, dans l’Est du Burkina, est restée calme aujourd’hui.

Dominique Koné
Kaceto.net