▶️ Que faut-il entendre par « personne déplacée interne » sur le plan définitionnel ?

✅ Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR ou HCR), le terme « personne déplacée interne » (PDI) s’applique aux personnes qui ont été forcées de fuir leur foyer pour échapper à la violence et aux conflits, aux violations des droits de l’homme, aux catastrophes naturelles. A la différence des réfugiés qui traversent des frontières en quête de sécurité, les personnes déplacées internes quittent leur foyer, mais restent dans leur pays.
✅ Selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC), il y avait dans le monde, en fin 2020, environ 48 millions de personnes déplacées dans leur propre pays en raison de conflits armés, de violences généralisées ou de violations des droits de l’homme. Au Sahel en particulier, le HCR indique que la dernière décennie de conflits a été marquée par une multiplication du nombre de personnes déplacées internes par dix. Depuis 2013, ce nombre est passé de 217 000 à un niveau alarmant de 2,1 millions fin 2021. En ce qui concerne précisément la situation au Burkina Faso, au Mali et au Niger les données officielles sont les suivantes :

✅ Comme on le voit, dans ce trio, le Burkina Faso est le pays qui concentre nettement le plus de déplacés internes, puisqu’il détient à lui seul un nombre total de déplacés internes qui est passé à plus de 1,5 million à la fin 2021. Selon le HCR, six personnes déplacées sur dix au Sahel sont désormais des Burkinabè. Triste record !

▶️ Que faut-il entendre par « personne déplacée interne » sur le plan analytique ?

✅ La cartographie sémantique ci-après, générée sur la base de l’analyse sémantique d’un corpus significatif de titres de publications francophones centrés sur les « personnes déplacées internes » (PDIs) et couvrant la période 2012-2022, permet de visualiser le champ sémantique associé.

▶️ Cette cartographie du champ sémantique des « personnes déplacées internes » met en évidence quelques points qui me paraissent centraux :

✅ D’abord, notons l’enjeu « nombre ». Nous venons de le voir, au Sahel en particulier le nombre de déplacés internes a été multiplié par dix en une décennie. D’une façon générale, ce nombre de DPIs ne fait que s’aggraver dans le monde du fait de l’intensification des conflits, des violences et des catastrophes naturelles.

✅ Dans les titres centrés sur les personnes déplacées internes, il semble bien que les pays africains soient malheureusement les plus épinglés. En effet, pour l’Afrique la cartographie met en exergue une quinzaine de pays : Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun, Centrafrique, Congo (RDC), Côte-d’Ivoire, Soudan (y compris soudan du Sud), Somalie, Ethiopie, Burundi, Ouganda, Libye. Pour les autres pays, citons : Syrie, Yémen, Afghanistan, Irak, Birmanie, Colombie, Ukraine.

✅ L’insécurité liée aux conflits, guerres, violences extrêmes est le principal moteur de ces déplacements internes. Mais il convient de souligner que cette insécurité est aggravée par l’extrême pauvreté des populations (notamment dans certaines zones), les instabilités politiques, la pandémie de la Covid-19 et l’aggravation des effets de la crise climatique.

✅ La situation particulière des enfants, des jeunes et des femmes (auxquels il convient d’ajouter les personnes âgées et les handicapés) qui sont souvent les plus touchés et sont exposés à une extrême vulnérabilité et à la menace de la violence sexuelle et sexiste. En ce qui concerne spécifiquement les enfants, selon un document d’information préparé pour le Rapport mondial de suivi de l’éducation (UNESCO 2020), au moins 3 millions d’enfants déplacés internes en raison d’un conflit ou de violences risquent de ne pas être scolarisés dans 13 pays d’Afrique subsaharienne, faute de recevoir un soutien éducatif. Au Burkina Faso, au Nord et à l’Est du pays, nous en savons quelque chose de ce grave problème qui concerne l’avenir de nos enfants et donc de notre pays.

✅ Le défi de l’ « aide / soutien / assistance / Accueil / hébergement ». L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR / HCR) y joue un rôle important en coordination avec d’autres organisations (Croix-Rouge, Croissant Rouge ; l’Organisation Internationale pour les Migrations – OIM… les ONG, les associations, etc.). Les gouvernements y prennent leur part plus ou moins efficacement. Les populations d’accueil s’y mettent, quoiqu’elles-mêmes parfois vulnérables, devant partager les ressources disponibles avec les nouveaux arrivants : terres agricoles, eau et pâturages. La solidarité populaire nationale et internationale n’est pas en reste. Tout le monde devrait s’y engager, d’une manière ou d’une autre.

✅ Le défi du « retour » des personnes déplacées internes dans leurs foyers et leurs terres d’origines. Relever ce défi ne peut se faire qu’en œuvrant fortement à mettre rapidement fin aux conflits armés dans les régions touchées et à restaurer la paix, la stabilité socio-politique et l’intégrité territoriale des pays concernés. Par ailleurs, il faudra, une fois que les armes se soient tues et que la violence soit éradiquée, promouvoir les conditions nécessaires à la mise en œuvre de solutions durables pour l’ensemble des PDIs. Ce serait le moment d’impulser une action politique forte et des initiatives répondant aux besoins des personnes déplacées pour favoriser les retours tant espérés, des solutions d’intégration locale et de relocalisation, et bien sûr le démantèlement des camps de déplacés.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics & Analyse sémantique.
Kaceto.net