La corruption a la peau très dure au Burkina Faso et contribue à mettre en pointillé le développement socio-économique du pays. C’est ce qui ressort d’une communication faite Luc Marius Ibriga, ancien Contrôleur général d’Etat. C’était au cours d’un Club de la presse organisé par le Centre national de presse Norbert Zongo ce vendredi 25 février 2022 à Ouagadougou.

« Etat de la corruption, situation nationale et le débat sur la constitutionnalité du nouveau pouvoir ». C’est sous ce thème que s’est tenu le premier Club de presse de l’année 2022 du Centre national de presse Norbert Zongo. Pour discuter ce thème, c’est le Professeur de Droit Luc Marius Ibriga, ancien patron de la lutte contre la corruption au Burkina Faso qui a été invité.
Dans sa communication, Luc Marius Ibriga a indiqué que la corruption est un phénomène généralisé et qui tend même à s’institutionnaliser au Burkina Faso. Une tendance à la baisse du phénomène a été enregistrée au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Ainsi, de 2014 à 2016 le Pays des Hommes intègres a séquestré le phénomène de la corruption avant qu’il ne reparte de plus belle à partir de 2017. Depuis cette date, la corruption vit ses moments de gloire au Burkina Faso. La politique de l’impunité garantie par les autorités politiques a contribué à soutenir cette montée en puissance de la corruption. Luc Marius Ibriga cite les cas de l’ex Directeur général adjoint des Douanes, William Kaboré et le directeur de cabinet du Président Roch Kaboré, Seydou Zagré qui, malgré que des faits de corruption leur étaient reprochés, ne se sont pas senti inquiétés d’une manière ou d’une autre. Luc Marius Ibriga estime que la lutte contre la corruption n’a pas été une priorité pour le pouvoir politique. C’est pourquoi le pouvoir politique n’a pas voulu mettre les moyens nécessaires aux structures de lutte contre la corruption. Il note en outre que le manque d’un pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ne facilite pas le traitement des dossiers de corruption par l’appareil judiciaire.

Pour venir à bout du phénomène, l’ex Contrôleur général d’État invite les populations à se dresser contre la corruption à tous les niveaux. Les autorités politiques ont également été appelées à ne pas encourager le rangement les dossiers de corruption dans les tiroirs.
Pour ce qui est de l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), Luc Marius Ibriga estime que toute rupture de l’ordre constitutionnel est condamnable. Il indique que le rôle de l’armée n’est pas de s’emparer du pouvoir par les armes que le peuple leur confie pour qu’elle assure sa sécurité et l’intégrité du territoire national. Les responsables du MPSR ont avancé la dégradation de la situation sécuritaire nationale pour perpétrer le putsch du 24 janvier 2022. L’ancien Contrôleur général d’Etat ne croit pas à cette thèse car les images de la prestation de serment du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba laissent plutôt croire que le putsch est l’aboutissement d’un complot. En tout état de cause, Luc Marius Ibriga fait observer que le peuple appréciera et sanctionnera le MPSR sur la base de ses résultats engrangés sur le double plan de la gouvernance vertueuse et surtout de la lutte contre l’insécurité.

Cheick Traoré
Kaceto.net