Des experts prédisaient, il y a quelques mois, la possibilité d’un renforcement dans l’application des dispositions du code minier après l’arrivée de la transition militaire. Le Colonel Mamadi Doumbouya qui dirige le gouvernement confirme ces prévisions.

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Dans une vidéo devenue virale durant le week-end, le Colonel Mamadi Doumbouya qui dirige le gouvernement de transition arrivé au pouvoir en Guinée Conakry à la suite d’un coup de force, en septembre 2021, invite les entreprises exploitant la bauxite, à respecter "sans délai" leurs engagements à transformer localement la ressource produite dans le pays.

« Vous êtes venus en Guinée pour investir, afin d’obtenir un meilleur rendement pour vos capitaux. Ces investissements devraient être faits, non pas au détriment de la Guinée, mais également à son profit. C’est cela la coopération gagnant-gagnant. Nous avons mis en place des mesures incitatives pour un climat d’affaires garantissant un retour élevé. Cependant, force est de constater que les attentes ne sont pas comblées du côté de nos populations. Cela ne peut continuer », a fait savoir le Colonel Doumbouya expliquant sa décision.

Il a aussi évoqué le contenu de conventions d’établissement des entreprises exploitant la bauxite, qui comportent des engagements, aussi bien pour l’Etat que pour les entreprises exploitantes, laissant entrevoir de possibles annulations de contrats. Cette évolution avait déjà été prédite par Hamidou Dramé, avocat au Barreau de Guinée et spécialisé en droit minier, dans une interview accordée à l’Agence Ecofin en octobre 2021

« Si aucune grande réforme du cadre juridique n’est à envisager, on peut toutefois s’attendre à ce que les nouvelles autorités renforcent l’application des règles prévues dans le code minier notamment en matière fiscale et de contenu local », avait-il prédit. Reste à savoir comment une telle instruction évoluera. Elle intervient alors que le prix de l’aluminium est à son plus haut niveau depuis les dix dernières années, selon des données de marché.

Mais la construction des usines sollicitées par le gouvernement de transition nécessitera de mobiliser des ressources financières de la part des acteurs impliqués dans la production et l’exploitation de bauxite. Pour une entreprise comme la Compagnie des Bauxites de Guinée, l’Etat qui est actionnaire à hauteur de 49%, devra aussi apporter sa quote-part des financements.

Le deuxième défi à surmonter est celui de l’énergie. La transformation de bauxite requiert d’importantes quantités en énergie et en eau. Deux ressources sur lesquelles d’autres secteurs de l’économie de la Guinée sont en concurrence. La volonté du Colonel Doumbouya a été saluée par une partie de la société civile des pays de l’Afrique de l’ouest africain, qui y voit « un acte courageux d’un digne fils de l’Afrique ».

ECOFIN