Vingt-deux jours après la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, le chef de l’Etat a décidé de nommer, lundi 16 mai, Elisabeth Borne au poste de première ministre pour commencer son second quinquennat, en remplacement de Jean Castex. Ce dernier a remis la démission du gouvernement, lundi après-midi, et doit laisser sa place, lors d’une passation des pouvoirs à Matignon, à celle qui était jusqu’ici ministre du travail.

D’abord chargée des transports, puis de la transition écologique et solidaire, elle avait pris la tête d’un grand ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion en juillet 2020. Avec cette nomination, c’est un nouveau chapitre de son parcours dans l’administration et la politique qui s’ouvre, commencé dès son entrée au cabinet de Lionel Jospin, alors ministre de l’éducation nationale, en tant que conseillère technique en 1991.

Première femme nommée à Matignon depuis Edith Cresson (mai 1991 - avril 1992), issue de la gauche – elle a été directrice du cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’écologie, durant le quinquennat de François Hollande –, Mme Borne n’a jamais occupé de mandat électif. Un point de différence important avec ses deux prédécesseurs, Edouard Philippe et Jean Castex, qui n’a pas été jugé bloquant par M. Macron, d’abord en quête d’un premier ministre « attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive ». Trois domaines couverts par Mme Borne lors de son travail au gouvernement, qui a débuté après son départ de la présidence la RATP, qu’elle dirigeait depuis 2015.

Ancienne présidente de la RATP et cadre de la SNCF
Durant la première partie du quinquennat de M. Macron, l’ingénieure du corps des ponts et chaussées, diplômée de Polytechnique, a mené la réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), objet de longues batailles avec les syndicats de cheminots. Mme Borne connaissait parfaitement le dossier en tant qu’ancienne directrice de la stratégie du groupe ferroviaire (2002-2007) et ancienne préfète de la région Poitou-Charentes et de la Vienne (2013 et 2014), où elle avait notamment dû gérer la question des petites lignes ferroviaires.

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En parallèle, Mme Borne a aussi participé à la construction de la loi d’orientation des mobilités (LOM), destinée à remplacer la loi d’orientation des transports intérieurs de 1982, et qui est votée, sous son regard, lorsqu’elle est à la tête du ministère de l’écologie. A l’hôtel de Roquelaure pendant près d’un an, Mme Borne a pu tester la marge de manœuvre politique et budgétaire limitée du ministère tout en concluant deux autres chantiers législatifs : la loi énergie-climat, adoptée en novembre 2019, et la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire de février 2020.

Nommée au ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion après le reflux de la première vague de contaminations au Covid-19, en juillet 2020, Mme Borne a notamment eu la responsabilité des négociations avec les entreprises quant à la régularisation de la mise en place du télétravail. En parallèle, elle a mené à son terme la réforme de l’assurance-chômage (qui a connue de nombreuses difficultés lors de son entrée en application), le développement de l’apprentissage, du contrat engagement jeune et du compte personnel de formation.

Au début de mai, Mme Borne avait annoncé se porter candidate aux élections législatives dans la 6e circonscription du Calvados. Elle y a depuis été investie sous la bannière d’Ensemble !, rassemblant plusieurs formations liées à la majorité présidentielle.

Le Monde (Service politique)