Ceci est un message d’un fils de la région du Centre-nord à l’endroit du chef de l’Etat sur la détérioration de la situation sécuritaire dans cette partie du pays.
Nous vous proposons son message emprunt de désespoir et d’amertume.

Excellence Monsieur le Président du Faso, paix sur vous

Je m’adresse à vous par cette présente lettre au regard de la situation sécuritaire qui se dégrade considérablement. Monsieur le président, je vais vous faire un aveu :
 je fais partie de ceux qui ont commis la grave erreur d’avoir attendu impatiemment que l’armée prenne ses responsabilités face au Capharnaüm que le régime MPP était entrain de nous servir ;
 je fais également partie de ceux qui ont commis la grave erreur d’avoir applaudi votre coup d’état du 24 janvier dernier.
Oui, c’est une grave erreur parce que j’ai eu tort de vous avoir fait confiance au regard du bilan mitigé depuis que vous vous êtes emparé du trône. Sans regretter la chute du régime MPP, en qui je n’avais plus confiance, je suis profondément déçu par votre gestion de la situation de note chère patrie.
Ceux qui me connaissent ou me suivent sur les réseaux sociaux savent comment je me suis évertué à vous défendre suite aux propos sceptiques quant à votre volonté et capacité de travailler pour la restauration de la paix dans notre patrie commune, mais trois mois après j’ai moi-même fini par tomber dans la désolation et la consternation.

Monsieur le Président du Faso,

Je tiens à vous rassurer que mon propos n’est pas celui d’un citadin qui vit les évènements de notre pays à travers Facebook ou WhatsApp.
 Je suis originaire d’une zone presque coupée du reste du Burkina Faso ;
 une zone dont la principale route est devenue « un sentier de la mort et de la terreur » ;
 une zone où il n’y a plus de réseau téléphonique depuis février ;
 une zone où il faut se percher dans un arbre pour pouvoir communiquer, et ce avec tous les risques de chutes, de maux de dos et de torticolis à force de se tordre dans tous les sens, à la recherche d’un précieux sésame appelé ‘’réseau’’ ;
 une zone où l’unique ambulance a été retirée par des terroristes ;
 une zone privée d’électricité ;
 une zone où les femmes enceintes ne peuvent plus accoucher à la maternité la nuit, et la liste est encore longue.

Monsieur le Président,

Je ne suis pas de ceux qui condamnent les attaques terroristes sous l’effet d’une émotion éphémère provoquée par une bière glacée dans un coin chic de la capitale.
 Je suis un citoyen qui a déjà eu le malheur de voir des terroristes en face ;
 un jeune homme qui a passé une nuit perché dans un arbre avec sa famille éparpillée dans la brousse sous l’effet d’une menace des terroristes ;
 je suis un jeune papa qui n’a pas encore eu cet immense bonheur de voir son nouveau-né à cause la situation périlleuse de la route qui me mènera jusqu’à ce petit prince ;
 je suis un citoyen qui vit avec l’angoisse au quotidien, un citoyen qui a assisté aux obsèques de soldats tombés sur le champ de bataille, qui a vu des veuves rouler par terre sous la grande douleur de la perte de leurs charmants époux ;
 j’ai eu le malheur d’avoir vu un grand-père contraint de prendre la parole pour remercier la foule sortie pour accompagner son petit-fils à sa dernière demeure parce que personne dans la famille n’était en état de pouvoir le faire à sa place.
Je suis un citoyen en perpétuel questionnement sur ce qui pourrait nous arriver demain si vous échouez.

Monsieur le Président,

Le bilan humain est très lourd, je n’ai plus de force pour chanter un dernier requiem aux soldats et civils qui tombent sous les balles assassines des forces du mal.

Monsieur le Président,

Pensez à tous ceux qui sont déjà tombés sous les balles de l’adversaire, pensez à ceux qui vont mourir bientôt de la même manière, pensez à tous ceux qui ne savent plus où reposer la tête une fois la nuit tombée, pensez à ces gens qui ont tout perdu dans cette tragédie, pensez à ces mères et jeunes filles qui sont contraintes à livrer leurs corps à des burkinabè insensés contre une poignée de produits alimentaires ; pensez à eux, pensez à nous, pensez à vous-même.
Il m’est parvenu que vous organisez des séances et journées de salubrités dans vos villes ; c’est génial et très bien mais si vous ne prenez garde, vous rendrez vos villes propres mais ce sont les terroristes qui viendront les occuper.
Quand ils finiront avec nous, ils viendront chez vous ! Que le Dieu de nos pères nous éloigne de cela !

Excellence Monsieur le Président,

Soyez un serviteur pour votre peuple et non un maître sinon, vos ancêtres vous en voudront un jour. Soyez un messie pour les Burkinabè et non un traitre, de toute façon les traitres finissent toujours par périr de la manière la plus atroce.
Monsieur le Président,
Quand une amitié est improductive il faut l’arrêtée et aller vers une amitié plus saine et productive.
Vous avez encore l’occasion de rentrer positivement dans l’histoire et de faire marcher les burkinabè sur les sentiers de la paix et de la fraternité.
 Que le Dieu de nos pères vous guide afin que vous puissiez rectifier votre tir !
 Que l’intercession de nos ancêtres vous inspirent les bonnes actions et les bonnes décisions pour un dénouement sans délai de notre situation sécuritaire !
 Force et courage aux soldats qui se battent jours et nuits pour un retour à la paix !
Honneur aux VDP qui se battent inlassablement pour nous libérer du joug des forces du mal !
Paix aux âmes de nos illustres disparus ! Courage à nous qui sommes encore en vie en attendant chacun à son tour le jour du dernier voyage !
Que la paix règne dans nos cœurs et dans nos murs !
« Si vis pacem para bellum !! »

Tribune publiée dans Lobservateur Paalga