Au terme d’un procès de plusieurs mois en France, l’ancien préfet de Gikongoro (Rwanda) a été condamné à vingt ans de prison. Toutefois, il a été relaxé de plusieurs chefs d’accusation relatifs à des crimes commis en 1994 durant le génocide rwandais.

L’ancien préfet rwandais a été condamné pour sa participation au génocide des Tutsi, en 1994. Une cour d’Assises française lui a infligé vingt ans de réclusion pour complicité, mais n’a pas validé tous les chefs d’inculpation. Ainsi, il n’est pas, aux yeux de la justice française, considéré comme « auteur » de génocide, mais complice de génocide et de crimes contre l’humanité, pour quatre massacres.

La sentence ayant été assortie d’un mandat de dépôt, l’ancien haut fonctionnaire, qui comparaissait libre, a été conduit en prison. Laurent Bucyibaruta est âgé de 78 ans.

Les juges n’ont donc pas suivi complètement les réquisitions de l’accusation, qui réclamait la réclusion criminelle à perpétuité pour sa participation directe ou indirecte à cinq massacres, dans sa préfecture de Gikongoro. Ainsi, la Cour a relaxé l’ancien préfet des accusations de crimes commis à la paroisse de Kibeho, le 14 avril 1994, ainsi que celles relatives à des exécutions de prisonniers tutsi à Gikongoro.

En revanche, elle l’a déclaré complice de génocide et de crimes contre l’humanité pour les massacres de l’école de Murambi et de deux paroisses voisines, le 21 avril 1994. Il est également condamné pour complicité dans des exécutions d’élèves à Kibeho et aux alentours.

Sa défense avait pourtant demandé l’acquittement. Laurent Bucyibaruta est le plus haut responsable rwandais jugé en France pour participation au génocide. Un officier militaire a été condamné, ainsi que deux édiles et un chauffeur, ce dernier ayant fait appel.

Le procureur avait également demandé la réclusion à perpétuité, jugeant que l’accusé n’était pas le « malheureux préfet dépassé » décrit par son avocat, mais qu’il avait tout du « bon fonctionnaire zélé ». En effet, l’ancien préfet n’« a peut-être tué personne de ses mains mais il porte sur lui le sang de toutes les victimes de Gikongoro », a plaidé une des deux avocates générales.

« Peut-être ai-je manqué de courage », a lâché l’accusé, lors de sa dernière prise de parole avant l’énoncé du verdict, le 12 juillet 2022.

Laurent Bucyibaruta, ainsi que les parties civiles, ont dix jours pour faire appel de ce jugement

Le Magazine de l’Afrique